Plongée dans les océans - Sakina Ayata

Comment font les moules pour se déplacer ? - Sakina Ayata

Comment font les moules pour se déplacer ? - Sakina Ayata

Sakina, pour cette nouvelle saison vous avez proposé à nos auditrices et auditeurs de vous envoyer leurs questions sur les océans ; et cette semaine, nous avons reçu la question d'Ana, une jeune rennaise de 7 ans, qui se demande comment font les moules pour se déplacer.

Et bien, les moules se déplacent de deux manières très différentes selon leur âge, ou plutôt leur stade de vie, car les moules se métamorphosent quand elles deviennent adultes, un peu comme les chenilles qui se métamorphosent en papillons. Les chenilles se déplacent sur la terre ferme ou sur les plantes avec leurs nombreuses pattes, et elles parcourent plutôt de courtes distances ; tandis que les papillons se déplacent en volant avec leurs ailes, et ils peuvent parcourir des distances très importantes et même migrer d'un continent à un autre.

Et bien Ana, chez les moules, c'est plutôt l'inverse ! Les bébés moules, que l'on appelle des larves, sont planctoniques, c'est à dire qu'ils flottent dans l'eau et sont transportés par les courants parfois sur de très longues distances (de plusieurs dizaines voir centaines de kilomètres), tandis que la moule adulte vit fixée aux rochers, on dit qu'elle est benthique, et elle ne se déplace que sur de très petites distances (du centimètre au mètre).

Donc les bébés moules se déplacent en se laissant porter pas les courants ?

Oui, exactement. En fait, il existe même plusieurs stades chez les larves de moule. Le premier stade est appelé "larve trochophore", ça vient du grec ancien et ça veut dire "qui porte des roues". Mais bien sûr, ce ne sont pas des roues pour rouler !

La larve trochophore ressemble un peu à une petite bille, coiffée d'une couronne de petits cils, qui rappelle la forme d'une roue. La larve trocophore peut battre très rapidement ces petits cils, ce qui lui permet, d'une part, de rapprocher la nourriture vers sa bouche, et d'autre part de bouger dans l'eau. Mais en fait, il y a beaucoup d'espères marines qui possèdent une larve trocophore. C'est par exemple le cas des bigorneaux ou des huitres.

Et ensuite, cette larve trocophore se transforme en une autre larve, c'est ça ?

Oui ! Chez la moule, la larve trocophore se transforme ensuite en larve véligère. Véligère, ça veut dire "qui est muni d'un voile". La larve véligère ressemble plus à une toute petite moule miniature à la coquille transparente et plutôt arrondie. Et, près de sa bouche, elle possède un voile couvert de cils que l'on appelle aussi le velum, un peu comme une grosse moustache qui bouge ! Ces cils lui permettent là encore de se nourrir, en rapprochant la nourriture vers sa bouche, mais aussi de se déplacer.

Mais elle est encore planctonique, ce qui veut dire qu'elle ne peut pas lutter contre les courants. En revanche, si elle se retrouve par exemple dans une cuvette d'eau au milieu des rochers à marée basse, elle va pouvoir bouger un peu dans la cuvette.

Et quand elle est prête, cette larve véligère se transforme en moule, c'est ça?

Oui, trois à quatre semaines après sa naissance, la larve va tomber au fond de l'eau et se fixer sur un support, comme des algues par exemple, et elle va se métamorphoser en moule juvénile. Elle fait alors un demi millimètre de long et va grandir jusqu'à atteindre 1 à 2 millimètres.

Elle va alors sécréter une substance molle et blanchâtre qu'elle va étirer pour fabriquer de longs filaments. Ces filaments vont former ce que l'on appelle son byssus. Elle va se laisser porter par les courants pour trouver un substrat dur, typiquement des rochers, sur lesquels la moule va se fixer solidement grâce à son byssus.

Et une fois fixée, la moule va rester au même endroit toute sa vie ?

Et bien, plus ou moins. Si besoin, par exemple si elle est détachée par une tempête particulièrement forte, ou si l'endroit ne lui convient plus, alors elle va être capable d'utiliser son pied ! Le pied de la moule, c'est un petit muscle sombre qui ressemble à une petite langue, qui va permettre à la moule de tâter son environnement, mais aussi de se déplacer en poussant sur le substrat, et c'est aussi le pied qui sécrète les filaments du byssus !

Ana, si tu es curieuse, tu pourras d'ailleurs trouver sur internet des vidéos de moules qui se déplacent sur les parois de leur aquarium. On y voit très bien comment la moule fabrique son byssus pour s'attacher au substrat, et aussi comment elle peut se déplacer de quelques centimètres.

Entretien réalisé par Laurence Aubron

Pour une prochaine chronique, vous pouvez envoyer votre question à Sakina Ayata  par mail à l'adresse antenne@euradio.fr