Plongée dans les océans - Sakina Ayata

Les éoliennes en mer - Épisode #1

@Yaopey Yong sur Unsplash Les éoliennes en mer - Épisode #1
@Yaopey Yong sur Unsplash

"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.

Sakina, aujourd’hui vous allez nous parler des éoliennes en mer, aussi appelées éoliennes « offshore », qui sont une des énergies marines renouvelables.

En effet. Les énergies marines renouvelables regroupent les éoliennes en mer, qui convertissent l’énergie du vent en électricité, mais aussi l’énergie marémotrice, qui utilise les variations du niveau de la mer à cause de la marée (comme l’usine marémotrice de la Rance près de Saint-Malo), l’énergie houlomotrice, qui converti l’énergie des vagues, et le solaire flottant, qui converti l’énergie lumineuse avec des panneaux solaires flottants.

Mais ces différentes énergies marines renouvelables ne sont pas toutes au même stade de développement ?

En effet. Les éoliennes en mer fonctionnent déjà dans différentes régions du monde. En Europe, elles avaient une capacité de 30 Gigawatts en 2022, dont 16 Gigawatts pour les 27 pays de l’Union Européenne. Au contraire, le solaire flottant, lui, n’en est qu’aux premières phrases de recherche & développement (R&D).

Et existe-il plusieurs types d’éoliennes en mer ?

Oui, on distingue couramment les éoliennes posées et les éoliennes flottantes. Les éoliennes posées sont fixées sur le fond. Elles ne peuvent donc être installées qu’à des endroits où la bathymétrie est inférieure à 50 m. On trouve des champs d’éoliennes posées au large de Saint-Nazaire par exemple, et elles sont très développées en Mer du Nord. Quant aux éoliennes flottantes, qui elles peuvent être positionnées plus loin des côtes où le vent est plus fort, elles ne sont pas encore en exploitation mais plusieurs sont en cours d’étude en Méditerranée par exemple.

Sakina, l’éolien marin représente-il une part importante de l’énergie produite en France aujourd’hui ?

Non, pas du tout. Actuellement la production d’électricité repose à presque 63% sur le nucléaire, 11% sur l’hydraulique et autant sur le thermique fossile (comme les centrales à charbon), 8% sur l’éolien terrestre, et 4% sur le solaire, 2% sur le thermique renouvelable (les bio-déchets), et seulement 0,1% sur les éoliennes en mer ; ce qui représente 0,5 GW. Or la France s’est fixé pour objectif d’atteindre 74 GW de capacité d’énergie renouvelable en 2023, dont 2,4 GW d’éolienne marine, pour atteindre en 2050 un total de 45 GW d’énergie éolienne, soit multiplier par 100 la production actuelle !

Le développement en France des éoliennes en mer est donc un sujet d’actualité.

C’est le moins que l’on puisse dire ! D’autant que depuis le 20 novembre 2023, et ce jusqu’au 26 avril 2024, la France organise un débat public national sur la planification maritime de la France pour les prochaines années et appelé la Mer en Débat (https://www.debatpublic.fr/la-mer-en-debat).

Ce débat ne concerne que le développement de l’éolien en mer ?

Non, pas uniquement puisqu’il regroupe également la protection de l’environnement marin sur la zone proche du littoral ou encore l’évolution des activités maritimes et leur cohabitation. Ce débat public s’accompagne également d’un outil numérique en ligne (https://experience-la-mer-en-debat.cndp.fr/?src=site) qui permet à la fois de tester ses connaissances sur le sujet, et de se faire son propre avis à partir de ressources en ligne et d’infographies.

Comment participer à ce débat ?

On peut participer à La Mer en Débat de deux manières. Tout d’abord, en ligne, via l’outil numérique que je viens de mentionner, ou alors à l’occasion de rencontres organisées tout le long de la façade maritime métropolitaine jusqu’en avril 2024. Tout le monde est invité à participer, pour débattre et partager son avis, sur la protection de la biodiversité, les usages de la mer, et le développement de l’éolien mer en France. Et lors d’une prochaine chronique, je vous parlerai de ce que l’on sait, ou pas, sur l’impact des éoliennes en mer sur la biodiversité marine.