Plongée dans les océans - Sakina Ayata

La flotte océanographique française

Photo de Thach Tran - Pexels La flotte océanographique française
Photo de Thach Tran - Pexels

"Plongée dans les océans", la chronique hebdomadaire qui vous transporte dans la faune et flore marine présentée par Sakina-Dorothée Ayata, maîtresse de conférences en écologie marine à Sorbonne Université.

Sakina, cette semaine vous allez nous parler de la Flotte Océanographique Française, ou « FOF ». Quesaco ?

Avec ses 11 millions de km2 de mers et d'océans, la France dispose du deuxième plus grand espace maritime au monde après les Etats-Unis. Et pour étudier ce vaste espace, nous disposons de toute une série de navires et d’instruments de pointe, qui sont opérés par l'Ifremer et sa filiale d’armement Genavir. L’Ifremer, c’est « l’Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer ». C’est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. L’Ifremer étude donc les océans, « Des abysses à la surface, de la côte au large ». La Flotte océanographique française est la cinquième au monde et l’une des trois plus grandes flottes scientifiques en Europe. C’est une infrastructure de recherche (IR) qui a pour ambition de répondre aux grands enjeux actuels en sciences et technologies marines. Elle comprend 17 navires et 6 engins sous-marins.

Qui utilise la Flotte Océanographique Française ?

Cette flotte sert en premier lieu à la communauté scientifique française et européenne, et participe ainsi à l’excellence de la recherche fondamentale et appliquée sur les océans. Mais elle répond aussi à des missions de surveillance ou de service public pour le compte de l’État français, et peut également être sollicitée dans le cadre de partenariats avec des entreprises privées. Au total, c’est 1800 scientifiques qui embarquent chaque année à bord de ses navires à l’occasion de 100 à 120 campagnes océanographiques.

Quels sont les navires qui composent cette flotte ?

On peut déjà citer ses 4 navires hauturiers, c’est-à-dire dédiés à la haute mer : le « Pourquoi pas ? » qui est le navire amiral de la flotte, le « Thalassa » particulièrement dédié au suivi des stocks de poissons, « l’Atalante » utilisé de la Méditerranée jusqu'au Pacifique, et le « Marion Dufresne », tout particulièrement dédié à l’Océan Indien. Ce dernier sert aussi, en dehors des périodes d’affrètement par la Flotte océanographique française, au ravitaillement des îles australes françaises comme Crozet et Kerguelen. Ces navires hauturiers mesurent 75 à 120 mètres de long et peuvent accueillir une trentaine de scientifiques pour autant de personnel d’équipage. Ils sont autonomes pour 40 à 64 jours et servent donc pour des missions longues et lointaines. Ils servent principalement à faire des relevés bathymétriques des fonds marins, à effectuer des carottages sédimentaires, à déployer des systèmes sous-marins profonds pour prélever des échantillons, et à réaliser des mouillages et des prélèvements dans la colonne d'eau. Ils peuvent aussi servir à réaliser des mesures en route, par exemple pour la météorologie ou la courantométrie. Pour les missions plus proches, la Flotte océanographique française possède également 6 navires côtiers.

Et quelles sont les caractéristiques de ces navires côtiers ?

Ils mesurent de 25 à 30 mètres, sauf l’Haliotis qui, elle, est une vedette de 10 mètres de long. Parmi ces navires côtiers, on trouve également L'Europe, un catamaran océanographique surtout utilisé en Méditerranée, le Téthys II, lui aussi principalement utilisé en Méditerranée, le Côtes de la Manche, le jumeau du Théthys II, principalement utilisé en Manche et en Atlantique, le Thalia, le long des côtes hexagonales, et enfin l’Antea qui opère en Atlantique et dans l’Océan Indien. Ces différents navires sont équipés pour réaliser des missions océanographiques de physique, de chimie, d’écologie, d’halieutique, d'exploration de la colonne d'eau et de cartographie sous-marine. Enfin, la Flotte océanographique française possède également 7 navires de station, dédiées aux sorties de la journée ou jusqu’à trois jours, et qui sont répartis sur les façades maritimes métropolitaines et basés à Wimereux, Roscoff, Brest, Arcachon, Port-Vendres, Marseille, et Nice.

Sakina, vous nous avez aussi dit que la Flotte océanographique française opérait 6 engins sous-marins. Quels sont ces engins ?

Et bien il y a des engins mobiles de sismique ou de prélèvements, des équipements acoustiques, ou encore des engins sous-marins profonds, comme le sous-marin Nautile ou le robot télé-opéré Victor 6000, qui sont capables de travailler jusqu’à 6 000 mètres de profondeur… D’ailleurs, je pourrai vous parler de ces engins sous-marins profonds opérés par la Flotte océanographique française et uniques en Europe lors d’une future chronique.

Une interview réalisée par Laurence Aubron.