Le comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 n'a cessé de souligner les héritages positifs qu’aurait ce grand événement sportif, durant la préparation et la tenue de celui-ci, en promettant des jeux « plus responsables, plus durables, plus solidaires et plus inclusifs ». L'ancienne ministre des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, Amélie Oudéa-Castera, vantait de son côté la capacité des jeux à « insuffler un élan à la pratique [sportive] ».
Ce ne sont pas les premiers à mettre en avant les effets de grands événements sportifs : en 2012 par exemple, le message envoyé par Londres pour l'organisation de ses jeux était de « garantir des Jeux accessibles et inclusifs, et de laisser un héritage durable d'opportunité ».
D'où vient ce besoin de (sur)justifier la tenue de ces grands événements sportifs ?
Pour Michaël Attali, professeur des universités à l’Université Rennes 2, historien du sport, spécialisé dans l’éducation et les événements sportifs, une partie de la réponse se trouve dans la crise que connaît le secteur, depuis une vingtaine d'années.
« Il y a de moins en moins de pays qui sont candidats à l'organisation des Jeux. Dans les années 80' il y a entre six et neuf pour une édition; dans les années 2000', c'est entre deux et trois, et pour 2024, on était tout seuls. »
Les organisateurs, essuient de nombreuses critiques concernant les dépenses « inédites » et « incomparables » des Jeux Olympiques, et doivent donc construire un « récit politique » capable de justifier l'événement sportif. Ce dernier « laisse entendre que les jeux ne vont pas se limiter à quinze jours de fête, mais vont entraîner dans leur sillage un intérêt à l'égard du sport, améliorer la santé, développer les mobilités, développer le sport santé, avoir un impact carbone positif », ce qui reste par ailleurs « extrêmement contestable et contesté » selon Michaël Attali.
Mais une fois l’événement sportif -Jeux Olympiques, ou autre- terminé, que reste-t-il véritablement sur le territoire qui l’a accueilli ?
Pas grand chose, à en croire les nombreuses études qui existent en la matière.
Par exemple concernant la pratique sportive, les études menées ces dernières années comparant les héritages des Jeux dans le monde entier « se rejoignent pour montrer que jamais un grand événement sportif de la taille des Jeux Olympiques n'a provoqué un développement de la pratique sportive à long terme », insiste Michaël Attali. Un phénomène qui s'explique par l'impossibilité de s'identifier aux sportifs de haut niveau, pour la grande majorité de la population.
Un entretien réalisé par Cassandre Thomas.