Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 30 mai

Aujourd'hui en Europe - Lundi 30 mai

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Un projet qui vise à réduire la dépendance de l'UE au gaz face à Moscou
  • Le possible déblocage des fonds de relance en direction de la Pologne
  • Une pétition qui a pour but d'examiner la suspension des médias d'Etat russe
  • Croatie : le droit pour les couples de même sexe d'adopter un enfant

Un projet qui vise à réduire la dépendance de l'UE au gaz face à Moscou

Commençons cette édition en faisant le point sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les Etats-membres de l’UE sont forcés de reconsidérer leur approvisionnement en gaz qui provient en grande partie de Russie. 

Oui, l’UE souhaite en effet réduire ses approvisionnements en gaz russe de deux tiers d’ici à la fin de l’année. Un projet très ambitieux et complexe qui vise à réduire la dépendance de l’UE face à Moscou. Rappelons que l’UE importe 40 % de son gaz de la Russie, et finance ainsi largement le régime russe et sa guerre en Ukraine.

Dans ce contexte, certains pays africains espèrent augmenter leurs exportations de gaz vers l'Union européenne. 

Oui, récemment c’est le groupe italien Eni et la compagnie pétrolière algérienne Sonatrach qui ont signé un accord. Jeudi 26 mai, le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le chef d’Etat italien Sergio Mattarella accompagné du premier ministre Mario Draghi, se sont réunis pour entériner ce nouvel accord gazier. Selon les dirigeants, “ce mémorandum représente une étape supplémentaire pour renforcer la coopération énergétique entre l'Italie et l'Algérie”. 

Cependant, les observateur·rices internationaux·ales doutent que les exportations en provenance du continent africain puissent compenser une si forte baisse de l’approvisionnement russe. 

Effectivement, selon Carole Nakhle, économiste spécialiste de l’énergie, les exportations combinées en provenance d’Algérie, d’Egypte et du Nigeria, représentent moins de la moitié des quantités de gaz que la Russie fournit à l’Europe. De plus, la forte demande intérieure de ces pays et le manque d’infrastructures pour le transport de ce gaz, représentent des obstacles à l’exportation. 

D’autres alternatives existent également en Europe. 

Oui, mercredi dernier, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez s’est exprimé à ce sujet, en marge du sommet de Davos. Le chef du gouvernement espagnol s’est dit convaincu de pouvoir répondre à la dépendance énergétique de l’Europe. Il a rappelé à cet effet que l’Espagne, avec le Portugal, possède environ la moitié du stockage de gaz naturel liquéfié de l’UE. Des réserves qui doivent approvisionner un “front méditerranéen” européen  composé de l’Italie, du Portugal et de la Grèce. 

Le possible déblocage des fonds de relance en direction de la Pologne

Intéressons-nous maintenant aux derniers rebondissements entre Varsovie et Bruxelles. En effet, cela fait déjà plusieurs mois que l’exécutif européen bloque les fonds de relance réservés à la Pologne. Pouvez-vous nous rappeler pourquoi ? 

Oui, l’affaire porte sur la création de la chambre disciplinaire de la Cour suprême polonaise. Varsovie refuse en effet d’appliquer certaines législations européennes, garantissant l’indépendance des juges polonais. Depuis 2020, la Cour Suprême, dont les membres sont proches du gouvernement ultra-conservateur, peut décider de lever l’immunité des juges : ceux-ci peuvent se voir privés de retraite, voire même poursuivis en justice. En juillet dernier, la Cour de justice de l’UE a jugé qu’un tel contrôle met à mal l’indépendance de la justice en Pologne et a exigé la dissolution de cette chambre disciplinaire, sous peine de devoir payer une lourde amende. 

Jeudi dernier, le Parlement polonais a finalement voté en faveur d’un projet de loi qui doit régulariser cette situation. 

Effectivement, cette nouvelle loi doit remplacer la chambre disciplinaire des juges, contestée par l’exécutif européen, par un nouvel organe en phase avec les législations européennes en matière d’indépendance de la justice. La Commission européenne pourrait ainsi débloquer les fonds de relance en direction de la Pologne, soit une enveloppe de plus de 35 milliards d’euros. 

Une pétition qui a pour but d'examiner la suspension des médias d'Etat russe

Rendons nous à présent aux Pays-Bas. Mardi dernier, une coalition néerlandaise de syndicats et journalistes a déposé une pétition demandant à la Cour de justice de l’UE d’examiner la suspension des médias d’Etat russe, comme Russia Today et Sputnik. 

Effectivement, le 1 er mars, le Conseil de l’UE a décidé de restreindre l’accès des principaux médias contrôlés par l’Etat russe, dont Russia Today et Sputnik, à l’espace médiatique européen les accusant de n’être que des agents de la propagande du Kremlin.

Une décision contestée, le 8 mars dernier, par la filiale Russia Today installée en France. 

Tout à fait, la chaîne a également introduit un recours devant la Cour de justice de l’UE. Elle demande l’examen en urgence de l’affaire et conteste la validité légale d’une telle interdiction de la part de l’UE, puisque les institutions européennes ne possèdent normalement pas la compétence requise pour influer sur le paysage audiovisuel de ses Etats membres. 

Une suspension qui inquiète les syndicats de journalistes européens. 

Oui, à ce sujet le secrétaire général du syndicat national des journalistes français, Emmanuel Vire s'interroge : “Pourquoi cela s’arrêterait à Russia Today ? […] On est dans une démocratie, on ne ferme pas une chaîne comme ça.”. De son côté, la coalition néerlandaise qui regroupe journalistes et défenseurs des droits civils, estime que la suspension des médias d’Etat russes a été faite “à la hâte” et " soulève des questions sur notre État de droit et sur ce que nous défendons en tant que société". Les membres dénoncent une “décision politique sans contrôle judiciaire” et demandent à la Cour de justice européenne de réexaminer la légalité d’une telle mesure. 

Croatie : le droit pour les couples de même sexe d'adopter un enfant

Terminons ce journal en faisant un détour par la Croatie. Après la diffusion d’un arrêt historique pour les familles homoparentales dans le pays le 5 mai dernier, La Haute Cour administrative vient d’entériner le droit pour les couples de même sexe d’adopter un enfant. 

Oui, une décision historique dans un pays où la religion joue un rôle toujours important dans la vie de ses citoyen·nes. La semaine dernière la décision de la Cour a mis fin à une bataille juridique de plus de 6 ans pour les familles homoparentales, autour de la question de l’adoption. Un arrêt rendu en accord avec la position de la Cour européenne des droits de l’Homme, qui condamne toute situation de discrimination. 

Juliane Barboni & Laura Léger

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