L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Polexit : le gouvernement polonais et les institutions européennes se font front, la population locale prend parti
- La Turquie provoque Chypre proche de ses côtes
- Taxation des multinationales : les pays membres de l'OCDE se mettent d'accord
- Programme d'aide à l'emploi pour les jeunes de l'UE
Polexit : le gouvernement polonais et les institutions européennes se font front, la population locale prend parti
Commençons ce journal en évoquant la récente décision du Tribunal constitutionnel polonais. Jeudi 7 octobre, ce dernier a rendu un arrêt contestant la primauté du droit européen sur le droit polonais. Une décision qui, selon certains observateurs, amorcerait rien de moins qu’un Polexit, soit une sortie du pays de l’Union européenne. Cette annonce tend encore un peu plus les relations entre le gouvernement ultra conservateur de Varsovie et les institutions européennes. Et ce même si les Polonais continuent de plébisciter leur adhésion à l’Union.
En effet, dimanche dernier, en réaction à l’arrêt rendu par le tribunal constitutionnel du pays, des dizaines de milliers de polonais se sont rendus dans les rues pour protester contre un potentiel “Polexit”. Des rassemblements assez bien suivis à l’appel du chef de l’opposition et ancien président du Conseil européen, Donald Tusk. Cette dégradation très nette des relations entre Varsovie et Bruxelles se déroule alors que l’appartenance à l’Union reste très populaire dans le pays. Si l’on en croit les sondages 88% des Polonais se disent ainsi opposés à une hypothétique sortie de l’UE.
La Commission européenne a-t-elle d’ores et déjà réagi à la suite de la décision du Tribunal constitutionnel polonais ?
Le commissaire européen à la justice Didier Reynders n’a pas caché une certaine nervosité et une exaspération face à cette décision. D’autres pays pourraient en effet être tentés de contester la primauté du droit européen sur le droit national. Samedi dernier déjà , le Premier ministre hongrois, le très eurosceptique Viktor Orbán a saisi l’occasion pour appeler l'UE à "respecter la souveraineté des États membres".
La question reste de savoir de quelle manière l'exécutif européen entend concrètement riposter.
Ce sujet est pris très au sérieux à Bruxelles car la primauté du droit de l’UE est à la base de la construction du projet européen. La Commission européenne pourrait par exemple conditionner le versement de fonds européens, notamment dans le cadre du plan de relance, au respect de l’Etat de droit et des institutions européennes.
La Turquie provoque Chypre proche de ses côtes
Prenons maintenant la direction de Chypre, qui, samedi, a mis en garde la Turquie qu’elle a appelé à ne pas mener d’activités d’exploration de combustible fossile au large de ses côtes. Un projet qui violerait, selon Nicosie, l’intégrité de sa zone économique exclusive (ZEE).
En effet, le gouvernement chypriote a réagi fermement à l’annonce de la Turquie, selon laquelle un de leur navire effectuerait des prospections d’hydrocarbures en Méditerranée orientale. Selon les autorités à Nicosie, cette décision affecte la zone économique exclusive de Chypre.
Une situation vécue comme une provocation pour les autorités chypriotes.
C’est vrai, car la décision turque fait suite à l’altercation qui a eu lieu entre le bateau maltais Nautical Geo et la marine turque quelques semaines plus tôt. Ce dernier effectuait des relevés dans la ZEE chypriote, dont l'Etat turc conteste la souveraineté.
Une nouvelle pierre d’achoppement dans des relations déjà très conflictuelles entre Ankara et Nicosie.
Les relations entre l’île et la Turquie demeurent en effet très conflictuelles depuis l’intervention turque au nord de Chypre en 1974 qui a abouti à la partition de l’île entre les communautés grecques et turques. Le gouvernement d’Ankara est d’ailleurs le seul Etat à reconnaître la souveraineté de l’Etat de Chypre du nord. Un état de fait qui continue encore aujourd’hui d’envenimer les relations entre les deux Etats.
Taxation des multinationales : les pays membres de l'OCDE se mettent d'accord
Continuons en abordant maintenant le récent accord mondial sur la taxation des multinationales. Les pays membres de l’OCDE se sont mis d’accord vendredi dernier pour appliquer un taux d’imposition minimum de 15% aux entreprises multinationales à partir de 2023. En quoi cet accord est-il considéré comme historique ?
L’accord annoncé vendredi à Paris s’est conclu après une décennie de tractations et au prix de nombreux compromis. Le ministre de l’Economie français, Bruno Le Maire, l’a qualifié d’”accomplissement majeur et décisif” car 136 pays se sont mis d’accord pour imposer les multinationales à un taux de 15%.
En vertu de cette nouvelle réglementation, les multinationales telles qu’Amazon ou Facebook devront réinvestir un quart de leurs profits dans les pays où ils font des bénéfices. Et ce sont ces pays qui leur imposeront la taxe.
Une décision qui ne réjouit pourtant pas tout le monde.
Effectivement, certaines ONG comme Oxfam International déplorent un taux d’imposition encore bien loin des 25 ou 30% recommandés par le panel des Nations unies sur la responsabilité financière.
Un accord qui doit de toute façon être ratifié par les pays signataires, dont l’Union européenne.
En effet, ce qui a été conclu au niveau de l’OCDE doit encore être mis en œuvre dans toute l’UE par le biais d’une directive, ce qui peut prendre de longs mois. De plus, certains craignent que la France et l'Allemagne ne soient tentés d’amender le texte. Un risque qui pourrait amener certains Etats comme l’Irlande ou encore la Hongrie et l’Estonie à retirer leur participation.
Programme d'aide à l'emploi pour les jeunes de l'UE
Terminons ce journal en nous intéressant au nouveau programme d’aide à l’emploi de l’UE destiné aux jeunes européens. La Commission européenne a annoncé il y a peu un programme de placement professionnel destiné à lutter contre le chômage des jeunes.
Tout à fait. La présidente de la Commission Ursula von der Leyen s’était pour la première fois exprimée à ce sujet le 15 septembre dernier, en annonçant le lancement du plan ALMA, destiné à combattre la crise du chômage aggravée par la pandémie. Ce nouveau programme de type Erasmus vise à offrir une expérience professionnelle de courte durée dans un Etat membre de l’UE.
La jeunesse européenne souffre en effet des retombées de la crise post-Covid.
C’est vrai. tant au niveau professionnel que psychologique, les jeunes ont été parmi les plus fragilisés par la pandémie. Un nouveau rapport de l’Unicef alarme l’Europe quant aux problèmes de santé mentale que connaissent par ailleurs les adolescents européens.
Dans ce contexte, la décision de la présidente de la Commission a été saluée par les organisations de jeunesse à travers l’UE.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis
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