L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- L'INGE revendique l'indépendance du territoire taïwanais et sa souveraineté politique vis-à-vis de Pékin
- L'initiative Open Balkan : une perspective qui ne séduit pas l'ensemble des pays Balkans
- Pologne : la législation anti-avortement relancée après la mort d'une jeune femme enceinte
- L'Espagne continue les opérations d'évacuation en Afghanistan
L'INGE revendique l'indépendance du territoire taïwanais et sa souveraineté politique vis-à-vis de Pékin
Commençons ce journal en évoquant la récente visite de parlementaires européens à Taïwan. Ce petit État insulaire situé à une centaine de km à l'est de la Chine, où s’étaient réfugiés les leaders nationalistes chinois après la victoire des communistes en 1949, est revendiqué par Pékin avec de plus en force. La Chine compte notamment y imposer sa souveraineté en isolant les responsables politiques taïwanais de la scène internationale. Dans ce contexte, les autorités chinoises voient d’un très mauvais œil la visite officielle de Parlementaires européen à Taipei.
Jeudi dernier, la commission spéciale sur l’ingérence étrangère et la désinformation (INGE) du Parlement européen a effectivement rencontré la présidente de Taïwan. Cette dernière s’oppose frontalement à la Chine depuis son accession au pouvoir en 2016. Elle revendique l’indépendance du territoire taïwanais et sa souveraineté politique vis-à-vis de Pékin. Des déclarations soutenues par les eurodéputés qui entendent défendre “la liberté [et] l’Etat de droit” au sein de l’île.
Les autorités chinoises n’avaient eu de cesse de mettre en garde Bruxelles qu’une mission européenne à Taipei “porterait atteinte aux intérêts fondamentaux de la Chine et compromettrait le développement sain des relations Chine-UE”.
Les relations entre la Chine et l’Union européenne ne sont cependant plus au beau fixe depuis quelques mois déjà.
C’est vrai ! Raphaël Glücksmann, membre de la délégation en déplacement à Taïwan avait été placé, parmi d’autres, en mars denier, sur une liste noire par Pékin à la suite de sa campagne contre le génocide des Ouighours dans la province chinoise du Xinjiang. Le Parlement avait également placé sous sanctions plusieurs officiels chinois reconnus comme coupables d’exactions à l’encontre de la minorité.
Dans ce contexte, cette première visite officielle à Taipei est un signal fort de l’UE.
En effet, alors que l’Etat insulaire se voit encore dénier par la Chine une participation de plein droit au sein de l’ONU, cette rencontre est l’occasion pour les eurodéputés de la mission de reconnaître l’indépendance taïwanaise et de mettre en avant ses accomplissements démocratiques. Une mission symbolique qui doit contribuer, dans les mois à venir, à l’élaboration d’un partenariat UE-Taïwan renouvelé, réunissant autorités politiques et organisations de la société civile.
L'initiative Open Balkan : une perspective qui ne séduit pas l'ensemble des pays Balkans
Continuons ce journal en nous dirigeant aux portes de l’Europe dans les Balkans. Jeudi dernier, les dirigeants de l’Albanie, de la Macédoine du Nord et de la Serbie se sont entretenus au sujet de l'initiative “Open Balkan”, précédemment désignée sous le nom de "mini-Schengen". Que représente ce projet qui promet la libre circulation des biens et des citoyens dans la région ?
L'initiative “Open Balkan” est l’occasion pour les pays tels que l’Albanie, la Serbie et la Macédoine du Nord de créer une intégration économique approfondie entre les pays membres, en créant un marché commun inspiré de l’espace Schengen européen. Dans une région marquée par de multiples tensions et par de lourds contentieux historiques, une coopération économique de cet ordre témoignerait de la confiance croissante des dirigeants politiques envers leurs voisins directs.
Une perspective qui ne parvient pourtant pas à séduire l’ensemble des pays de la région.
En effet, en juin dernier, le Premier ministre du Kosovo avait rejeté la possibilité d’une zone de libre-échange au sein des Balkans, appelant la région à conclure un accord commercial avec l’UE à la place. Le parti d’opposition en Macédoine du Nord redoute également qu'un projet de cette espèce fasse passer le message qu’il existe une autre alternative que la voie de l’intégration européenne pour les pays de la région. Le succès d’une telle entreprise signerait donc pour certains un échec diplomatique en vue de l’intégration des Balkans au sein de l’Union européenne.
Pour les dirigeants politiques, l’initiative “Open Balkan” servirait donc en un sens à combler le vide de l’Union européenne dans la région.
En effet, le dernier sommet UE-Balkans qui s’est tenu début octobre a laissé un goût amer dans la région, puisqu’aucune perspective concrète d'intégration n’a été annoncée du côté européen. Le projet d’une zone de libre-échange des Balkans est donc l’occasion pour la classe politique de répondre à une population lassée par des années de négociations, pour l’instant assez vaines.
Pologne : la législation anti-avortement relancée après la mort d'une jeune femme enceinte
Tournons nous maintenant vers la Pologne, alors que le débat à propos de l’interdiction de l’avortement, est relancé après la mort d’une jeune femme enceinte.
Oui, Izabela, jeune polonais de 30 ans, a succombé à une infection généralisée après que les médecins aient refusé de pratiquer une interruption médicale de grossesse, et ce malgré le risque qui pesait sur sa santé. Une fois l’affaire rendue publique, vendredi dernier, les activistes ont accusé le Tribunal constitutionnel polonais, par son arrêt d’octobre dernier, interdisant l’interruption de grossesse en cas de malformation du foetus, d’être responsable de ce drame.
Une législation anti-avortement qui pourrait encore se durcir, dans un pays qui reste à forte tradition catholique et dont la classe dirigeante revendique son conservatisme.
En effet, jeudi dernier encore un projet de loi d’intiative citoyenne, déposée par plusieurs organisations fondamentalistes a été mis à l’ordre du jour du parlement polonais. Cette dernière entend punir de cinq à vingt-cinq ans de prison les mères et les médecins responsables d’une interruption de grossesse.
L'Espagne continue les opérations d'évacuation en Afghanistan
Terminons ce journal en évoquant les opérations d’évacuation menées par l’Espagne en Afghanistan.
Oui. L’Espagne continue d’organiser des convois pour exfiltrer des dizaines d’Afghans qui ont travaillé au service du pays. “Nous ne pouvons pas abandonner des gens qui ont collaboré vingt ans avec nous” a ainsi récemment affirmé le ministre des affaires étrangères José Manuel Albares.
Et l'Espagne fait figure d’exception vis-à-vis du reste des pays européens.
En effet, après les grandes évacuations du mois d’août organisées à la hâte par de nombreux pays occidentaux, Madrid a continué à exfiltrer ses collaborateurs, en élaborant de nouvelles opérations d’évacuation. Le ministre des affaires étrangères s’est entretenu avec ses homologues pakistanais, iraniens et qataris afin de mettre en place de nouvelles voies d'exfiltration. Une initiative unique sur le continent, puisque le reste des pays européens a mis un terme aux évacuations dès la fin du mois d’août.
Juliane Barboni - Thomas Kox
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