Politique migratoire européenne, des voix s'élèvent face aux conditions d'accueil des réfugiés sur les côtes italiennes ; climat, le One Planet Summit démarre aujourd'hui ; tandis que la Commission alerte sur la qualité de l'air en Europe.
La question migratoire fait moins la Une de l’actualité mais nombreux sont les réfugiés et migrants qui tentent de rejoindre l'Europe en traversant la mer Méditerranée. Récemment, des voix se sont élevées face à leur condition d'accueil lors de leur arrivée sur les côtes italiennes.
Rome est effectivement confronté à de nombreuses critiques concernant son système de quarantaine en mer. En réponse à la pandémie, le gouvernement italien a en effet instauré, depuis le mois de mai, un dispositif qui vise à les isoler à leur arrivée sur de gigantesques navires. Ce système de quarantaine avait fait beaucoup parler de lui en octobre quand un jeune Ivoirien de 15 ans a perdu la vie après avoir été mis en isolement sur un bateau.
Le mois dernier, 150 associations internationales de défense des droits de l’homme dont Médecins sans frontières se sont retrouvées en Sicile pour adresser une lettre appelant Rome à cesser l'isolement des migrants en mer. En 2020, plus de 30 000 personnes ont rejoint les côtes italiennes, un nombre record depuis 2017.
Pourquoi ce dispositif est-il si décrié ?
La mise en place de ces bateaux au large de la Sicile devait être temporaire quand l'Italie était le pays le plus touché au début de la crise sanitaire en Europe. Le gouvernement assure que ce n'est pas une solution idéale mais qu'elle n'a pas trouvé d'autres alternatives. Les signataires évoquent de nombreux problèmes liés à ce confinement en mer. Ils relatent des conditions de vie très précaires et la grande détresse psychologique des migrants, certains se jetant à l'eau pour rejoindre la côte.
Aussi, l’isolement ne permet pas une éventuelle prise en charge médicale à leur arrivée. Il dure théoriquement deux semaines, mais parfois davantage. Des migrants se sont ainsi fait l’écho de conditions de confinement non respectées, pouvant contribuer à la transmission du virus, et donc à un isolement plus long.
Ce dispositif est donc précaire mais il a aussi un coût?
Effectivement, ce coût est aussi un point que dénoncent les signataires. A la fin du mois de décembre, cinq navires assuraient le dispositif, pour un coût d'un million d'euros par bateau par mois, une somme bien supérieure à un accueil à terre.
Enfin, le dispositif est décrié parce qu'il participe à alimenter les préjugés sur les migrants. L'extrême droite italienne n'hésite pas à pointer du doigt ces personnes comme transmetteur du virus en Italie, alors que les chiffres sur la deuxième vague invalident cette affirmation. En novembre par exemple, sur un total de 2448 migrants mis en quarantaine, seuls 197 étaient positifs au virus Covid 19.
Le Portugal, qui vient de prendre les rênes du Conseil de l’UE a d’ailleurs annoncé vouloir prendre des initiative sur cette question de l’accueil des réfugiés et migrants.
Oui Lisbonne a annoncé vouloir tenter de s’attaquer à ce dossier sur lequel s’écharpent depuis longtemps les Etats membres. On le sait alors que depuis longtemps Italie et Grèce au premier chef demandent aux autres pays leur aide en accueillant sur leur sol des contingents de réfugiés des pays tels que la Pologne ou la Hongrie s’y refusent depuis des années.
La Présidence portugaise du Conseil de l'UE a annoncé vouloir travailler sur un concept «solidarité obligatoire flexible » suscitant des débats qui risquent d’être complexes.
Évoquons également un des premiers grands rendez-vous diplomatiques de l’année, le One planet summit qui rassemble, le 11 janvier, chefs, d’Etats, entrepreneurs et chercheurs appelés à trouver des solutions pour la protection de la nature et la lutte contre le réchauffement climatique.
Oui, le sommet qui débute aujourd’hui, le One planet summit, 4ème du genre, réunit de façon virtuelle et présentielle une trentaine d’acteurs internationaux afin je cite de «relever le niveau d’ambition de la communauté internationale sur la protection de la nature, tout en répondant aux nouvelles questions posées par la crise» sanitaire du coronavirus.
On y évoque protection des écosystèmes terrestres et marins ; promotion de l'agro-écologie ; mobilisation des financements ou encore lien entre déforestation, préservation des espèces et santé humaine. Des thématiques évidemment dans l’air du temps alors que la planète est en pleine tourmente épidémique et alors que les maladies passent de plus en plus de l’animal à l’homme du fait de la destruction de nombreux habitats sauvages.
Avec quels types de projets concrets à la clé ?
Oui, le sommet doit notamment se saisir du projet de la grande muraille verte au Sahel, une gigantesque initiative qui vise à faire face à la désertification du Sahel en créant une bande forestière dans la Sahara de 8 000 km de long sur quinze de large, de la côte Atlantique d’Afrique de l’Ouest jusqu’ à la mer Rouge.
Un projet ancien dans lequel se sont engagés plusieurs pays dont l’Irlande mais qui nécessite encore de très importants financements pour voir le jour.
Les dirigeants pourraient annoncer une enveloppe de dix milliards d’euros pour la période 2021-2025. Un mini-secrétariat, adossé à la Convention de l’Onu contre la désertification devrait également être créé pour s’assurer du suivi des engagements de chacun .
Si elle est achevée à l’horizon 2030, cette ceinture verte pourrait de surcroît aider dans la lutte contre le réchauffement climatique en piégeant des centaines de millions de tonnes de carbone.
Toujours dans le domaine de l’environnement, évoquons cette alerte de la commission européenne sur la qualité de l’air. Selon un récent rapport qu’elle vient de publier si la réglementation en vigueur était suivie l’Europe pourrait réduire le nombre de décès prématurés dus à cette cause de 55 % d’ici à 2030
La Commission européenne a effectivement publié, le 8 janvier, un rapport sur la qualité de l’air dont le message principal est clair. Avec des efforts il est possible de faire baisser significativement le nombre de décès dus à la pollution au sein de l’Union. L’Agence européenne de l'environnement estime, rappelons-le, que l’exposition aux particules fines est responsable d’environ 400 000 décès prématurés chaque année dans l’UE.
Elle se félicite d’une diminution de certains polluants atmosphériques mais rappelle que les normes de qualité de l’air dans beaucoup de villes européennes ne sont toujours pas respectées. La commission s'inquiète aussi de l’augmentation des émissions d’un autre polluant, l'ammoniac, provenant essentiellement du secteur agricole.
Un objectif qui semble clair mais un chemin qui reste encore semé d'embûches alors que des efforts dans ce domaine pourraient être économiquement payants.
Oui la Commission insiste sur les avantages économiques d’une lutte renforcée contre la pollution qui pourraient rapporter d’après ses calculs entre 7 et 21 milliards d’euros de bénéfices nets supplémentaires par an pour l’UE, à partir de 2030.
La France est appelée à baisser ses émissions d’oxydes d’azote de 30 % d’ici à 2030. Paris avait en effet été condamné par la Cour de justice de l’UE pour des dépassements répétés des valeurs limites pour le dioxyde d’azote dans une dizaine d’agglomérations. L’Allemagne, l’Italie ou la Pologne ont également été renvoyées devant la Cour de justice pour les mêmes raisons.
Image: Gerd Altmann