Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 16 mars

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 16 mars

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • Guerre en Ukraine : vers une aide militaire et économique de la Chine pour la Russie ?
  • L'Ukraine soutenue, la Russie fait face à des imprévus
  • Que dit le tout premier projet sur la régulation des crypto-monnaie dans l'UE ?

Guerre en Ukraine : vers une aide militaire et économique de la Chine pour la Russie ?

La tension monte autour de la position de la Chine par rapport à l’invasion russe en Ukraine. Des journaux américains, dont le New York Times, le Financial Times et le Washington Post, ont affirmé ce lundi que la Russie aurait demandé une aide militaire et économique à la Chine. En savons-nous plus ? 

Effectivement, ces journaux s’appuient sur des sources gouvernementales américaines pour indiquer cette information. On parle ici d’équipements militaires chinois pour soutenir l’invasion de l’Ukraine, et d’aide économique pour surmonter les sanctions occidentales. Les autorités russes et chinoises ont toutes les deux directement démenties cette information. Mais selon CNN, la Chine aurait exprimé (je cite) “une certaine ouverture” à la proposition. Il faut savoir que depuis le début du conflit, la Chine adopte une position de neutralité apparente qui n’est pas sans susciter quelques crispations au sein de la communauté internationale.

Justement, l’administration Biden a organisé lundi une réunion avec un haut responsable du régime chinois à Rome. Comment s’est-elle déroulée ?

La rencontre de 7 heures entre Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale américaine, et Yang Jiechi, plus haut responsable de la diplomatie du Parti communiste chinois, n’a en rien fait baisser la tension. Si elle a permis des discussions jugées “substantielles”, les Etats-Unis jugent toujours “profondément préoccupante” la position “d’alignement de la Chine avec la Russie”.

Sur le sujet d’une éventuelle aide économique de Pékin à la Russie, le porte-parole du département d’Etat américain Ned Price a déclaré après la réunion que si la Chine s’engageait dans cette voie, les Etats-Unis ne resteraient pas sans rien faire. Nous ne laisserons aucun pays compenser les pertes subies par la Russie” a-t-il ajouté.

Et hier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a semblé surenchérir sur ce sujet en insistant que la Chine refuse d’être affectée par les sanctions occidentales contre la Russie.

Oui ces propos ont été rapportés par l’agence Chine nouvelle. Selon ce ministre, je cite, “La Chine s’oppose toujours au recours à des sanctions pour résoudre des problèmes, surtout des sanctions unilatérales sans fondement en droit international”. Pékin qui n’a, rappelons-le, toujours pas demandé à Vladimir Poutine de retirer ses troupes d’Ukraine, et accuse les Occidentaux d’être responsable de la situation actuelle du fait de “l'expansion” de l’Otan.

L'Ukraine soutenue, la Russie fait face à des imprévus

Une situation en Ukraine qui semble quelque peu s’enliser, loin des projets d’offensive éclair sur laquelle tablaient apparemment les stratèges du Kremlin. Un officiel russe, le chef de la garde nationale Viktor Zolotov, a d’ailleurs reconnu publiquement que l’invasion ne se déroulait pas comme prévu, ce que Vladimir Poutine a toujours nié.

Effectivement mais malgré cette offensive poussive, la Russie continue son intense campagne de bombardements, notamment sur des infrastructures et quartiers civils, selon l’état-major de l’armée ukrainienne. Dans le sud du pays, la ville de Marioupol est assiégée depuis une semaine et le comité international de la Croix-Rouge dénonce des “conditions de vie qui ne sont rien de moins qu’un cauchemar”. Les premiers ministres de la Pologne, de la République Tchèque et de la Slovénie sont arrivés mardi soir en train dans la capitale ukrainienne pour rencontrer le président Zelensky et son premier ministre, Denys Chmyhal. C’est la première visite de dirigeants étrangers à Kiev depuis le début de la guerre. Le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a déclaré sur twitter suite à la rencontre : 

« Nous ne vous laisserons jamais seuls. Nous serons avec vous parce que nous savons que vous vous battez non seulement pour votre liberté, pour votre propre maison et pour votre sécurité, mais aussi pour nous. »

En Russie, on a appris mardi que le parquet requiert une peine supplémentaire de 13 ans contre Alexeï Navalny, principale figure d’opposition à Vladimir Poutine.

Empoisonné au Novitchok en 2020 et soigné en Allemagne, Alexei Navalny est emprisonné depuis son retour en Russie en janvier 2021. Il n’avait alors écopé “que” d’une peine de 2 ans et demi pour une vieille affaire de fraude. Aujourd’hui, le parquet russe a requis 13 ans de prison et 1,2 million de roubles pour une affaire présumée d’”escroquerie” et “d'offense au tribunal” ,qu’il a toujours dénoncé comme montée de toute pièce. Depuis sa prison, il s’est prononcé contre la guerre en Ukraine et a appelé ses soutiens à manifester pour la paix.

En Russie où différentes voix commencent à se faire entendre contre la guerre malgré la chape de plomb que le régime a imposé au pays. Lundi soir, en plein journal télévisé de la première chaîne du pays “Pervy Kanal”, une journaliste est apparue sur le plateau avec une pancarte “pas de guerre”.

Un message qui a sans doute été visionné par les quelques millions de russes qui regardent ce journal à cette heure-là, normalement un des principaux vecteurs de la propagande du Kremlin. La journaliste, Marina Ovsiannikova, a directement été arrêtée après sa furtive apparition. Condamnée pour le moment à une amende de 30 000 roubles, l’équivalent de 258 euros, elle a été libérée mardi soir après le tollé que sa mise en détention avait provoqué. Mais elle risque toujours jusqu’à de 15 ans de prison, notamment en vertu d’une nouvelle loi, interdisant de publier des “informations mensongères” sur la guerre en Ukraine.

Que dit le tout premier projet sur la régulation des crypto-monnaie dans l'UE ?

Terminons ce journal en revenant sur ce grand chantier que les députés du Parlement européen ont entamé lundi, en approuvant le tout premier projet de règles sur la régulation des crypto-monnaies dans l’UE.

La commission des affaires économiques et monétaires du Parlement européen a voté en faveur de sa version du MiCA (Markets in crypto-assets), un ensemble de règles qui ont pour but d’harmoniser les activités autour des cryptoactifs au sein de l’Union européenne. Le projet vise notamment à instaurer un cadre juridique visant à mieux protéger les consommateurs et à réduire l’impact environnemental de cette nouvelle industrie émergente. La texte va maintenant être négocié à la Commission et au Conseil de l’Union européenne, il devrait être finalisé d’ici à 2025. 

Une dimension de ce projet a fait grandement réagir la communauté des cryptos, car elle risquait d’amener à l’interdiction pure et simple du bitcoin et de l’ethereum, deux des crypto-monnaies les plus utilisées.

Exactement. Elle concernait le minage par preuve de travail : “proof of work”. Ce protocole informatique qui a pour but de sécuriser les monnaies, est en fait extrêmement énergivore et donc polluant. C’est bien cet impact négatif sur l’environnement qui était visé, interdisant de facto toutes les cryptos qui l’utilisent, comme le bitcoin et l’ethereum. Finalement, cette proposition a été rejetée par les députés lors d’un vote préliminaire. Ils ont renvoyé cette question à la Commission en lui demandant de présenter, d’ici à 2025, une mesure alternative pour réduire l’empreinte écologique des crypto-monnaies.

Noé Zimmer - Thomas Kox

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