L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Frances Haugen accuse le géant américain d’“attiser les divisions et d’affaiblir [les] démocraties”
- Retour sur terre de l'astronaute Thomas Pesquet
- En Hongrie, le logiciel Pegasus utilisé par le ministère de l'intérieur
- En Ukraine, l'indépendance de la presse toujours plus fragilisée
Frances Haugen accuse le géant américain d’“attiser les divisions et d’affaiblir [les] démocraties”.
Commençons ce journal en nous intéressant à l’audition de l’ancienne employée de Facebook et lanceuse d’alerte Frances Haugen qui a témoigné devant le Parlement européen lundi dernier. Son intervention doit aider les eurodéputés à comprendre l’impact négatif des grandes entreprises comme Facebook sur leurs utilisateurs. Quels sont les principaux dangers liés au géant technologique ?
Oui, employée durant deux ans au sein de l’entreprise de Mark Zuckerberg, Frances Haugen accuse le géant américain d’“attiser les divisions et d’affaiblir [les] démocraties”. Ces accusations initialement publiées par le Wall Street Journal au mois de septembre sont appuyées par des documents internes dévoilés par la lanceuse d’alerte. Selon cette dernière, Facebook a conscience de la nocivité de sa plateforme qui répand la haine en ligne et la désinformation en faisant passer le profit avant la sécurité de ses utilisateurs. L’entreprise dément catégoriquement ces allégations.
L’audition de Frances Haugen à Bruxelles est organisée par la commission du marché intérieur du Parlement. Quelle est la stratégie de l’UE afin de protéger les utilisateurs de plateformes comme Facebook ?
Oui, le témoignage de la lanceuse d’alerte s’inscrit dans le travail législatif du Parlement européen. Les eurodéputés débattent actuellement de deux textes de lois qui doivent interdire aux plateformes en ligne d'utiliser leurs algorithmes pour mettre en avant des contenus faux ou haineux. La proposition de loi sur les services numériques, initialement présentée par la Commission européenne en décembre 2020 devrait donc être modifiée et améliorée à l’aune des informations présentées par Frances Haugen.
L’Union européenne entend être à la pointe de la régulation des services numériques.
Effectivement, il est primordial pour les institutions européennes que les États membres adoptent une position commune sur ces projets de loi, et ce malgré la pression croissante des lobbies évoquée par le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. La lanceuse d’alerte salue d’ailleurs l’ambition européenne sur ce sujet et estime que le règlement sur les services numériques à l’étude a le potentiel de devenir une référence à l’internationale.
Retour sur terre de l'astronaute Thomas Pesquet
Continuons ce journal en évoquant le retour sur terre de l’astronaute Thomas Pesquet. L’astronaute de l’Agence spatiale européenne (ESA) a amerri dans le golfe du Mexique hier matin à bord de la capsule Crew Dragon, après 199 jours passés dans la Station Spatiale Internationale. Cette mission est le fruit d’une collaboration entre la NASA et l’ESA et reflète les ambitions futures de l’agence spatiale européenne.
En effet, Thomas. Didier Schmitt, responsable de la stratégie de l’ESA, explique avoir négocié avec l’agence américaine un vol de longue durée tous les 18 mois au sein de l’ISS. Il espère prochainement effectuer un relais en orbite de ses astronautes, en envoyant à la suite de Thomas Pesquet, Matthias Maurer, ce qui constituerait une première pour l’Agence spatiale européenne.
Des prouesses techniques qui doivent être soutenues par une nouvelle stratégie de financement.
Oui, sous l’impulsion du nouveau président de l’ESA Josef Aschbacher, on assiste à une révolution de la politique spatiale européenne. Jeudi 21 octobre, les Etats membres ont donné leur feu vert pour favoriser et entraîner l’investissement privé dans le domaine spatial. L’agence européenne adopte le modèle de la NASA qui collabore depuis plusieurs années déjà avec des entreprises privées comme SpaceX. Le développement de partenariats publics-privés serait l'occasion de financer des missions d’exploration encore plus lointaines et spectaculaires qui ne peuvent être uniquement subventionnées par des fonds publics.
L’objectif à moyen terme de l’ESA est d’ailleurs d’envoyer le premier européen sur la Lune dans la décennie à venir.
Effectivement, c’est le défi de l’ESA, en partenariat avec la NASA. L’Agence européenne s’est d’ailleurs engagée à développer un atterrisseur lunaire, l’EL3 pour le compte de l’agence américaine. Le fret et le matériel ainsi transportés le seraient en échange de l’envoi d’un Européen sur la Lune, dès le début de la décennie 2030.
En Hongrie, le logiciel Pegasus utilisé par le ministère de l'intérieur
Revenons sur terre en nous rendant maintenant en Hongrie. Jeudi dernier, le député Lajos Kosa du parti Fidesz, au pouvoir dans le pays, a admis pour la première fois en public que le logiciel “Pegasus“ avait été acheté et utilisé de manière “légale” par le ministère intérieur hongrois. En quoi consiste ce logiciel ?
Ce puissant programme israélien intitulé “Pegasus”, est en réalité une arme numérique qui renferme un logiciel capable d’infiltrer n’importe quel téléphone, les transformant en dispositif d’espionnage. Son utilisation par une dizaine d’Etats avait été révélée par un consortium de journalistes d’investigation au mois de juillet, et la Hongrie figurait comme le seul pays européen ayant fait l’acquisition du programme.
Des révélations qui avaient toujours été démenties par les autorités hongroises au pouvoir.
Tout à fait, et ce jusqu’à jeudi dernier. Lajos Kosa a même déclaré ne rien voir de répréhensible dans l’utilisation d’un tel logiciel. Une affirmation soutenue par le ministre de l’intérieur Sandor Pinter qui a assuré que les services de sécurité l’avaient toujours employé avec la permission d’un juge ou du ministre de la justice. Il a cependant refusé de confirmer ou de démentir que des journalistes ou des politiciens avaient été mis sous surveillance.
En Ukraine, l'indépendance de la presse toujours plus fragilisée
Terminons ce journal en abordant la fermeture du “Kyiv Post” en Ukraine. Une attaque de plus contre l’indépendance de la presse dans le pays.
Effectivement, lundi dernier, les cinquante journalistes de la rédaction ont été licenciés sans crier gare. Ils dénoncent l’ “assassinat” du titre qui représente la seule voix de l’Ukraine à l’international. Le Kyiv Post, un média anglophone et pro-occidental n’a jamais hésité à critiquer le pouvoir en place. Une indépendance de ton qui n’est pas du goût de son propriétaire, l’oligarque Adnan Kevan, qui entend restructurer en profondeur le journal.
Cette vague de licenciement au sein du seul média ukrainien anglophone intervient dans un contexte de restriction de la presse indépendante du pays.
Oui la prévalence des oligarques en Ukraine, propriétaires de véritables empires médiatiques, nuit grandement à la liberté des médias. Une situation qui ne semble pas faire réagir le président Volodymyr Zelensky, qui a lui aussi commencé à s'en prendre à la presse indépendante ainsi qu’à la télévision publique.
Juliane Barboni - Thomas Kox
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