Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 28 septembre 2022

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 28 septembre 2022

L'essentiel de l'actualité européenne du jour :

  • La chute historique de la livre sterling
  • Les référendums de Moscou : de faux référendums
  • Coordination de la politique étrangère entre la Serbie et la Russie

Débutons ce journal en évoquant la chute historique de la livre sterling en ce début de semaine. La monnaie britannique est en effet brutalement tombée à son niveau le plus bas de son histoire multicentenaire face au dollar. En cause, la prise de distance des investisseurs suite à l’annonce par Liz Truss de son plan pour relancer l’économie.

Oui, ce lundi matin la livre sterling a vu son cours s’effondrer en dessous d’un peu plus d’une livre pour un dollar. Cette dégringolade fait suite aux annonces du nouveau ministre britannique des Finances qui a présenté, ce 23 septembre, des mesures budgétaires visant à baisser les impôts des Britanniques les plus favorisés et à faire baisser les factures d’énergies des ménages et des entreprises. 

Un plan budgétaire jugé déséquilibré par l’opposition travailliste. 

En effet, la député travailliste Rachel Reeves a d’ailleurs comparé le ministre des Finances et la première ministre à deux “parieurs de casino”. Et pour cause, le gouvernement britannique propose la plus forte baisse d’impôts depuis cinquante ans, réduisant ceux des plus riches qui gagnent plus de 120 000 livres par an de 5% et celui des classes moyennes de 1%, tout ça dans une période de récession. 

Le gouvernement va donc devoir financer ces baisses d’impôts par la dette ?

Oui c’est d’ailleurs ce qui fait s’étrangler plusieurs économistes dont l’ancien secrétaire américain au Trésor, Larry Summers qui a jugé ce plan totalement “irresponsable”. Liz Truss et son gouvernement prévoient en effet de souscrire de nouveaux emprunts à hauteur de 72 milliards de livres, une aberration aussi pour le parti travailliste, d’autant plus que ces nouveaux emprunts vont avoir lieu alors même que les taux d’intérêts augmentent. 

Ces décisions du gouvernement ont créé une profonde inquiétude sur les marchés financiers contribuant à une chute inédite du cours de la livre

Oui, les marchés ont réagi à ces annonces budgétaires en vendant rapidement la livre sterling, ce qui a eu pour conséquence la chute de sa valeur par rapport au dollar. 

Continuons ce journal en revenant sur les résultats des soi-disant "référendums" d’annexion des territoires ukrainiens occupés par les forces de Moscou. Les premiers, “résultats” annoncés par Moscou annoncent sans surprise une écrasante majorité de “Oui”

Pour rappel, les autorités pro russes des territoires occupés par le Kremlin, avaient annoncé, mardi 20 septembre, la tenue de “référendums” portant sur l’annexion des 4 régions qu’elles contrôlent en partie en Ukraine. Après cinq jours de suffrage organisés dans la précipitation, et on le rappelle sous contrôle militaire strict et donc dans des conditions éloignées des procédures démocratiques, les premiers résultats nous sont parvenus. Ceux-ci font état d’une victoire écrasante du « rattachement à la Fédération de Russie », terme retenu pour la consultation : 99 % dans la « république populaire » autoproclamée de Donetsk, 98 % dans celle de Louhansk, 93 % dans la partie contrôlée par Moscou pour la région de Zaporijia et 87 % dans celle de Kherson.

Quelle est la stratégie derrière ces référendums fictifs Ulrich ?

En présentant les territoires ukrainiens comme étant russes, l’objectif de la Russie est d’inverser les rôles, passant de l’agresseur à celui de l’agressé. Comme l'a fait valoir le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov le 23 septembre, toute tentative de l’Ukraine de reprendre “les territoires libérés” serait alors considérée comme une attaque contre le territoire russe et pourrait justifier aux yeux de Moscou une riposte nucléaire. Derrière cette stratégie un peu grossière, le but est de freiner la contre offensive ukrainienne en cours qui risque de faire tourner la guerre de Vladimir Poutine en Ukraine en déroute totale.

Au-delà des résultats invérifiables, c’est l’illégalité même de ces référendums qui est dénoncée par Kiev et la quasi-totalité de la communauté internationale. 

Oui, c’est ce que rappelle le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, qui associe la tenue de ces référendums fictifs organisés par la Russie à une violation flagrante du droit international. La secrétaire générale adjointe de l’ONU pour les Affaires politiques, Rosemary DiCarlo, a elle aussi réaffirmé le soutien des Nations unies à “l’intégrité territoriale de l’Ukraine” dans ses “frontières reconnues”. Même la Chine et la Turquie, qui restent proches de Moscou, ont dénoncé ces parodies de scrutin et ont annoncé ne pas les reconnaitre.

Terminons ce journal en nous intéressant au projet de coordination de politique étrangère mené par la Serbie et la Russie. Une relation qui irrite au plus haut point la Commission européenne. 

Effectivement, le ministre serbe des Affaires étrangères, Nikola Selaković, et son homologue russe Sergueï Lavrov ont signé, en marge de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York ce week-end, un accord de consultations pour 2023-2024 visant à coordonner la politique étrangère entre les deux pays. 

Un accord qui est renouvelé depuis plusieurs années.

Oui, c’est en tout cas ce que le ministre serbe met en avant pour tenter d’apaiser les inquiétudes auprès des responsables européens. Il rappelle en effet que cet accord a été signé à plusieurs reprises depuis 1996 et qu’il ne s’agit que de coordination sur des questions techniques. Selaković a également affirmé que le plan entre les deux États ne prévoyait cette année que des consultations bilatérales et multilatérales liées à l’ONU, écartant préalablement toutes consultations qui toucheraient aux questions de politique de sécurité. 

La Serbie ne fera donc pas partie des États qui pourraient reconnaître les référendums organisés par Moscou dans les régions ukrainiennes. 

Non, le ministre serbe à d’ores et déjà signalé que son État n’acceptera pas le résultat de ces référendum compte tenu des normes du droit international et de la Charte des Nations unies. 

Félix Doladille et Ulrich Huygevelde

Image : portrait officiel d'Elizabeth Truss, par Chris McAndrew, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons.