L’ONG EU Disinfo Lab dévoile une vaste opération de désinformation de la part de médias indiens qui visaient à donner une image favorable de l'Inde ; l’Agence européenne des droits fondamentaux met en garde contre les dérives de l'intelligence artificielle ; à l'approche des fêtes, plusieurs Etats adoptent des mesures drastiques pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.
Pour cette édition, intéressons-nous à une enquête de l’ONG, EU Disinfo Lab. Elle a mis au jour une vaste opération de désinformation de la part d’un réseau de médias indiens. Depuis 2005, l’objectif est de construire de l’information favorable à l’Inde et défavorable à ses rivaux, notamment le Pakistan et la Chine. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette campagne de désinformation ?
L’ONG EU Disinfo Lab, a donné un nom à cette affaire qu’elle a révélé il y a quelques jours : chroniques indiennes.
Depuis 15 ans, un groupe appelé Srivastava est au cœur d’une vaste campagne de désinformation, comme vous l’avez dit pour promouvoir une image favorable de l’Inde. L’Ong identifie plusieurs pratiques. Le groupe Srivastava a créé plus de 750 faux médias à travers le monde pour répercuter les contenus fabriqués. Enfin et c’est le plus rocambolesque, il a usurpé l’identité d’eurodéputés ou ressuscité des personnalités décédées comme Louis Sohn, un célèbre universitaire australien.
L’un des objectifs est de promouvoir le discours indien au sein des institutions européennes. Vous mentionnez la manipulation d’eurodéputés. Comment est-ce que ce groupe, Srivastava a-t-il procédé ?
Le groupe a créé un média appelé EU Chronicle pour « chronique européenne ». Certains articles mentionnent directement des eurodéputés mais sans leur consentement. C’est le cas de Marc Tarabella, socialiste belge, ou Giuseppe Milazzo, eurodéputé italien de centre-droit. Le faux média a utilisé de véritables propos de ces eurodéputés mais les a manipulé dans une perspective anti-pakistanaise.
Le média a aussi profité des positions anti-pakistanaises d’autres eurodéputés qui pensaient avoir affaire à un média légitime. Par exemple, Thierry Mariani, eurodéputé du rassemblement national, y a écrit une carte blanche. Ce faux média a également organisé un voyage avec 9 eurodéputés d’extrême-droite, dont Thierry Mariani. Le voyage eu lieu au Cachemire, une région disputée entre l’Inde et le Pakistan.
L’enquête du EU Disinfo Lab a été rendue publique la semaine passée. Il n’est pas difficile d’imaginer qu’elle a du susciter des réactions ?
De nombreux articles épinglés par l’enquête ont été retirés des sites. Une certaine Madi Sharma, une femme d’affaire indienne est pointée du doigt par le rapport de EU Disinfo Lab comme l’instigatrice de l’opération. Elle a dénoncé une campagne de désinformation !
Intéressons-nous maintenant à l’intelligence artificielle ! L’Agence européenne des droits fondamentaux a publié un rapport ce lundi. Elle met en garde contre les dérives potentielles liées à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Tout d’abord, pouvez-vous nous dire ce qu’est exactement l’intelligence artificielle, un concept très utilisé mais qui reste flou.
Oui, l’intelligence artificielle est un terme qui comprend toute théorie ou technique qui permet à un programme informatique de simuler des traits de l’intelligence humaine. Par exemple, ces techniques sont utilisées dans le domaine médical, où des programmes peuvent repérer des maladies avec précision. Aussi, ces techniques sont utilisées dans le cadre de la reconnaissance faciale.
C’est notamment cette utilisation qui prête le flanc à la critique, dénoncée par différentes organisations de société civile.
Tout à fait ! Le rapport de l’agence européenne souligne les dangers liés à la reconnaissance faciale. Par exemple, la police de Cardiff, au Pays de Galles, utilise des caméras dite « intelligente ». Néanmoins, un tribunal a jugé que le programme utilisé confirmait des préjugés racistes et sexistes. La technologie n’est pas toujours au point. L’agence européenne a donc insisté sur la protection des droits fondamentaux dans l’élaboration des technologies. La Commission doit adopter une législation dans ce sens l’année prochaine.
Terminons en évoquant les mesures sanitaires prises à l’approche de Noël en Europe. Malgré l’approche des fêtes, certains Etats prennent des mesures drastiques.
En effet, l’Allemagne opte pour un reconfinement total face à une hausse des contaminations. Selon la chancelière allemande, Angela Merkel, les mesures ont été trop souples jusqu’à maintenant. Du côté de l’Autriche, les autorités viennoises ont achevé une première salve de test. Néanmoins, seulement 13,5 % de la population s’y est présentée. Les autorités espèrent que les suivantes attireront davantage de citoyens de la capitale. En Pologne, les autorités redoutent l’arrivée d’une troisième vague. De nouvelles mesures devraient être adoptées dans les jours suivants.
En Belgique, plusieurs médias ont mené une vaste enquête pour sonder la population. 78% des citoyens belges soutiennent les mesures. Ils estiment néanmoins qu’elles devraient être assouplies pour les fêtes. 75% comptent se faire vacciner une fois que celui-ci sera disponible. 14% ont assuré qu’ils étaient tout à fait contre.
Victor D’Anethan – Thomas Kox
crédits photo: memyselfaneye