Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe -10 octobre 2025

Le Quai d’Orsay, Ministère français des Affaires Etrangères, accueillait ce jeudi les ministres des pays arabes et européens pour travailler sur le plan de paix à Gaza (Jebulon) Aujourd'hui en Europe -10 octobre 2025
Le Quai d’Orsay, Ministère français des Affaires Etrangères, accueillait ce jeudi les ministres des pays arabes et européens pour travailler sur le plan de paix à Gaza (Jebulon)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Gaza : réunion des ministres des affaires étrangères pour discuter de l’application du plan de paix de Donald Trump
  • Motions de censure : Ursula von der Leyen réchappe aux textes déposés par les partis d’extrême droite et de Gauche du Parlement.
  • Après l’acier, les terres rares - nouveau sujet de tension entre l’UE et Pékin

Alors que vient d’être avalisé par le gouvernement israélien — sous très forte pression américaine et en présence de représentants du président Trump — le plan américain pour Gaza, les ministres des affaires étrangères de pays arabes et européens se sont réunis hier à Paris.

Oui, deux délégations, surnommées “quint européen” et “quint arabe”, ont pris place au Quai d’Orsay : d’un côté l’Allemagne, l’Espagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni ; de l’autre l’Arabie saoudite, l’Égypte, les Émirats arabes unis, la Jordanie et le Qatar. D’autres émissaires de l’UE, du Canada et de la Turquie étaient présents pour travailler sur ce que le président français qualifie de “jour d’après”, en continuité avec l’initiative américaine. Les otages israéliens devraient être rendus à leur pays “lundi ou mardi”, selon le président américain.

Si la première étape du plan prévoit un cessez-le-feu et le retrait partiel des troupes israéliennes de l’enclave, l’État hébreu ne s’est toujours pas exprimé quant à la suite du processus.

Oui, et plusieurs éléments concrets ont émergé : l’armée israélienne commence à se retirer de certains secteurs de Gaza, mais conserverait environ 53 % du territoire après ce retrait initial. Par ailleurs, près de 200 militaires américains doivent superviser la mise en œuvre de l’accord — ils n’entreront pas dans Gaza, leur mission sera d’observer et de veiller à l’absence de violations, en coordination avec des partenaires égyptiens, qataris, turcs et émiratis. Une fenêtre de 72 heures est prévue pour repositionner les forces israéliennes sur des lignes convenues et procéder aux échanges d’otages et de prisonniers.

La semaine prochaine devrait également être riche en symboles.

Oui, outre la libération des otages en échange de l’élargissement de près de 2000 prisonniers palestiniens qui promet d’être particulièrement marquante, Donald Trump devrait participer à la cérémonie officielle de signature en Égypte mardi, après un passage à Jérusalem. Le président américain parle d’une “percée monumentale au Moyen-Orient” et pourrait être accueilli en héros. 

 Y a-t-il des garanties humanitaires fortes dans l’accord ?

Oui. L’UNRWA dit disposer de vivres pour trois mois et l’OMS se dit prête à “monter en puissance” pour soutenir la réhabilitation du système de santé ; plus de 150 camions d’aide ont déjà été acheminés via l’Égypte hier, en attendant la mise en œuvre du cessez-le-feu.

Comment l’UE réagit à cette accélération des événements ?

L’ensemble des 27 a adressé ses félicitations au président américain largement crédité de ce succès et Berlin a proposé de coorganiser avec l’Égypte une conférence internationale de reconstruction pour Gaza. L’Allemagne a annoncé dans la foulée 29 millions d’euros d’aide humanitaire supplémentaire. 

Emmanuel Macron a cependant nuancé l’enthousiasme général, dénonçant ce jeudi l’accélération de la colonisation en Cisjordanie, la qualifiant de “menace existentielle pour un État de Palestine”. Une colonisation contraire au droit international et contradictoire avec le plan américain et l’ambition d’une région en paix. 

On poursuit ce journal à Strasbourg, où la Présidente de la Commission européenne a survécu hier a deux motions de censures, déposées par les partis d’extrême droite et d’extrême gauche du Parlement.

Oui, le risque était faible mais la symbolique importante. Côté Patriote pour l’Europe, l’extrême droite, la motion a recueilli 179 voix pour et 378 contre ; alors que le texte porté par la gauche a recueilli 133 voix pour. Le nombre de députés qui ont soutenu Ursula von der Leyen était donc plus élevé qu’en juillet - période à laquelle la présidente de la Commission a dû faire face à sa première motion de censure. 

Malgré tout, trois motions de censure en l’espace de quelques mois témoignent d’une opposition des députés au second mandat de la présidente. 

Oui, une opposition marquée par certains points clivants notamment l’accord commercial entre l’Europe et les USA. La gauche et l’extrême droite déplorent des conditions défavorables imposées aux exportateurs européens. Un accord “imparfait” mais “solide” selon la présidente, qui fait face depuis plusieurs mois à une guerre commerciale avec le gouvernement américain. 

L’accord UE-Mercosur également, autre fer de lance de ce second mandat, ne manque pas d’inquiéter : pour beaucoup de parlementaires, de lobbyistes et de syndicats, il risque de créer un climat extrêmement compétitif, voire préjudiciable pour les agriculteurs de l’UE. La Commission a tenté de les rassurer en présentant une série de mesures contrôlant ces importations, sans grand succès. 

Beaucoup reprochent aussi à la présidente de la commission de détricoter le Green deal qu'elle avait elle-même lancé lors de son premier mandat.

On termine ce journal en évoquant une nouvelle menace commerciale pour l’UE en provenance de la Chine, concernant les terres rares - un ensemble d’éléments chimiques indispensables à la fabrication de nombreuses technologies modernes comme les smartphones, les véhicules électriques ou les éoliennes.

Oui, le porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill, s’est dit “préoccupé” par de nouveaux contrôles annoncés par la Chine jeudi - un pays dont les relations avec l’Europe continuent de se détériorer, notamment après la hausse des droits de douane imposée par la Commission sur l’acier chinois. 

Actuellement, Pékin domine l’approvisionnement mondial en métaux de terres rares -  il représente 70% de l’exploitation minière mondiale et 90% de la capacité de raffinage du globe. Avec ces nouvelles restrictions, la Chine attend de chaque importateur d’obtenir une licence auprès du ministère national du commerce, quelque soit la quantité demandée. En autorisant, ou non, ces exportations, Pékin entend, je cite, “sauvegarder la sécurité et les intérêts nationaux”.

Un journal de Paul Thorineau, Ulrich Huygevelde et Baptiste Maisonnave