Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 9 octobre 2025

Le Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahou, était l'invité de Donald Trump à l'occasion de l'annonce de son plan de paix pour Gaza, le 29 septembre (The White House / Flicker) Aujourd'hui en Europe - 9 octobre 2025
Le Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahou, était l'invité de Donald Trump à l'occasion de l'annonce de son plan de paix pour Gaza, le 29 septembre (The White House / Flicker)

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Signature du plan de paix à Gaza 
  • Face à l’ingérence russe, un nouvel arsenal européen
  • Mercosur : l’Europe rassure

On commence ce journal en évoquant cette avancée historique dans le processus de paix à Gaza - cette nuit, à une heure du matin, le président américain Donald Trump a annoncé qu’Israël et le Hamas avaient accepté les termes de la première phase de son plan de paix en vingt étapes, présenté le 29 septembre.

Oui, dans son communiqué, Donald Trump affirme que “tous les otages vont être libérés” et qu’Israël allait “très bientôt retirer ses troupes”. Rien n’est encore fait, l’accord doit être signé ce jeudi en Egypte, mais il devrait amener, dans les 72 heures qui suivent sa ratification, à la libération de 20 otages encore vivants, échangés contre 2000 prisonniers palestiniens, dont 250 condamnés à vie. Ils devraient être “de retour lundi” selon le président américain. 

Cette avancée, si elle ne marque pas forcément une “paix solide, durable et éternelle dans tout le Moyen-Orient” pour reprendre les mots de Donald Trump, devrait permettre au peuple gazaoui de respirer un peu après des mois d’enfer : 400 camions d’aide humanitaire entreront chaque jour dans la bande de Gaza pendant les cinq premiers jours du cessez-le-feu, un nombre amené à augmenter par la suite. 

Le conflit semblait n’aller qu’en s’aggravant ces dernières semaines, que s’est-il passé ? 

En fait, plusieurs éléments sont venus peser dans la balance : les Etats-Unis ont durci le ton - après le bombardement d’Israël visant des membres du Hamas au Qatar notamment ; l'initiative française de reconnaissance de la Palestine a marqué une rupture, démontrant l’isolement de plus en plus manifeste d’Israël. L’entrée en scène du président Turc, Recep Tayyip Erdogan, a également facilité les communications avec le Hamas ; et quant au plan de Donald Trump, en vingt étapes, il a permis d’ouvrir un chemin dans des négociations jusqu’alors totalement enlisées.

Des inquiétudes persistent cependant sur la mise en œuvre de cet accord : ce matin encore, plusieurs bombardements ont touché la bande de Gaza, et le Hamas a appelé les Etats Unis et autres pays garants à s’assurer qu’Israël respecte ses engagements. 

Partout, cette annonce d’accord a été saluée par des messages de soutien et des félicitations des chefs d’Etats.

Oui, et ce à peine plus de deux ans jour pour jour après le début de la guerre, débutée suite aux attaques terroristes du Hamas le 7 octobre 2023. Le président français parle d’un “immense espoir” ; la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, salue de son côté une “réussite diplomatique majeure” indiquant que l’UE “fera tout son possible pour soutenir sa mise en oeuvre”.

Dans un communiqué publié cette nuit, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen évoque “une opportunité”, celle de “forger un chemin politique crédible vers une paix et une sécurité stable”, “ancré dans la solution à deux Etats”.

Ce jeudi sera rythmé par sessions diplomatiques majeures : la première en Egypte, où a été convié Donald Trump pour assister à la signature du cessez-le-feu. Un autre à Paris, entre chefs de la diplomatie de pays européens et arabes pour discuter de la mise en œuvre du plan de paix.

On continue ce journal en s’intéressant à l’autre conflit majeur du moment, entre la  Russie et l’Ukraine, dont les répercussions en Europe sont chaque jour plus prégnantes, une situation qualifiée de “zone grise”. L’expression a été employée par la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour désigner la guerre hybride menée par la Russie en Europe. Face aux survols de drones, à la désinformation ou aux stratégies d’influence, l’Europe ne doit pas “seulement réagir” a-t-elle affirmé, elle doit “dissuader”. 

Oui, c’était à l’occasion d’un discours devant le Parlement européen à Strasbourg - Ursula von der Leyen a essayé de dépeindre l’étendue des actes malveillants russes, dont le nombre semble exponentiel ces dernières semaines. Elle alerte : “deux incidents peuvent être une coïncidence, mais trois, cinq, dix ? Il s'agit de campagnes en zone grise contre l’Europe” a-t-elle poursuivi.

Concernant le problème des drones, particulièrement mis en avant lors de son discours, elle a reformulé son projet d’un “mur” de défense, inspiré des technologies ukrainiennes, l’un des très rares pays d’Europe dont l’industrie est très en pointe dans le domaine.

Un savoir-faire qui intéresse particulièrement l’Allemagne puisque le gouvernement de Friedrich Merz a voté mercredi une série d'amendements pour doter sa police d’équipements anti-drones et l'autoriser à abattre ceux qu’elle juge menaçants. 

Mais ce n’est pas tout, les 27 ont validé de nouvelles mesures pour lutter contre l’influence du Kremlin. 

Oui, à commencer par celle de limiter encore les possibilités de déplacements des diplomates russes. La proposition est actuellement en cours d’étude, et son objectif est clair : tracer les déplacements des envoyés russes dans les pays membres de l’Union européennes. 

Le projet ratisse large : il concerne les membres des missions diplomatiques et consulaires, leur personnel administratif et même les membres de leur famille. 

La proposition a été adjointe au projet 19ème paquet de sanctions contre la Russie, toujours en cours de négociation, et elle permettrait aux Etats membres de refuser le passage de ces diplomates. Le texte les désigne comme “souvent impliqués”, risquant de s'engager dans la manipulation coordonnée de l’information” ou “d’autres actes visant à manipuler l’opinion publique”. Comme on a pu le voir récemment en Pologne, victime d’une campagne massive de désinformation après l’incursion de drones russes dans son espace aérien mi septembre.

On termine ce journal en revenant sur l’accord UE-Mercosur. Le principal sujet de tension entre Bruxelles et les agriculteurs européens, dont la Commission a présenté mercredi quelques mesures de sauvegarde, pour rassurer les sceptiques avec un succès mitigé. 

Oui, et la plus importante de ces mesures, pour ne pas dire la plus attendue : celle de suspendre les avantages commerciaux accordés aux importations agroalimentaires des pays d’Amérique du sud si elles venaient à faire chuter les prix du marché sur le Vieux Continent. Depuis plusieurs mois plusieurs syndicats et gouvernements sont vent debout contre l’accord. La France, la Pologne et l’Irlande entre autres, sont notamment très inquiètes que ce deal n’entrave leur secteur agricole.

La déclaration de la Commission précise notamment que les mesures de restriction pourront s’appliquer à “un ou plusieurs Etats membres”, et de manière temporaire avant la prise d’une décision finale. Elle prévoit par ailleurs de transmettre une évaluation de l’impact de ces importations sur le marché agricole, tous les six mois, aux Etats membres de l’UE et au Parlement européen. 

La proposition est désormais transmise au Conseil et au Parlement européen pour d’éventuelles modifications - pour rappel, la version actuelle du texte est le fruit de plus de 25 ans de négociations. 

Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.