Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mardi 3 novembre

Aujourd'hui en Europe - Mardi 3 novembre

En France, suite à de nouveaux actes de vandalisme, le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin a déclaré vouloir dissoudre le groupe ultranationaliste turque les "Loups Gris"; au Royaume-Uni, Nigel Farage s'attaque aux nouvelles mesures gouvernementales et lance son parti anti-confinement; la Commission européenne quant à elle souhaite suspendre les exportations de pesticides interdits en Europe.

Pour cette édition, évoquons les relations entre la France et la Turquie. Celles-ci, déjà très mauvaises, risquent de se détériorer davantage. Le ministre de l’intérieur français, Gérald Darmanin, a ainsi déclaré son intention de dissoudre une organisation ultranationaliste turque, celle des « Loups gris », présents sur le territoire français. Pouvez-vous nous dire à quel type d’organisation s’attaque le gouvernement ?

Les Loups Gris c’est le nom d’un groupe ultranationaliste, comme vous l’avez dit, présent en Turquie mais également dans des pays où se trouvent des communautés turques.

Cette organisation d’extrême droite est connue pour des actes de violences envers les minorités en Turquie. Les Loups Gris sont proches du Parti d’action Nationaliste, un parti proche du président turc, Recep Tayyip Erdogan.

L’action du ministre de l’intérieur français fait suite à des actes de vandalisme à Décines-Charpieu, près de Lyon. Dans la nuit de samedi à dimanche, un mémorial du génocide arménien a été tagué du noms des Loups Gris ainsi que des lettres RTE, les initiales du président turc. Je rappelle que le génocide arménien reste un enjeu extrêmement sensible. Il n’est reconnu que par une poignée d’Etats dans le monde, dont la France.

Le ministre de l’intérieur a affirmé vouloir dissoudre ce groupe qu’il considère, je cite, comme « particulièrement agressif ».

Cette décision devrait encore mettre à mal des relations déjà très fortement dégradées entre la France et la Turquie autour de plusieurs dossiers internationaux.

Tout à fait, les présidents Macron et Erdogan s’opposent sur de nombreux dossiers, que ce soit la guerre en Libye où la Turquie est très active.

De plus, alors qu’Ankara mène des explorations pour trouver des hydrocarbures tout près des îles grecques, Paris soutient fortement Athènes. Enfin, la guerre entre l’Arménie et l'Azerbaïdjan est un aussi un sujet de contentieux entre Ankara et Paris.

La mort du professeur Samuel Paty, assassiné pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet à ses élèves a également donné lieu à des échanges très acrimonieux entre les présidents turcs et français

En effet, en parallèle aux annonces de renforcement de la lutte contre l’islam radical en France, le président Macron a défendu la liberté d’expression et le droit à caricaturer notamment les réligions. Des déclarations qui ont causé des manifestations anti-Macron et des appels aux boycott de produits français dans plusieurs pays musulmans, dont le Pakistan et le Bangladesh. Le président turc n’a pas manqué d’utiliser cette occasion pour attaquer son homologue français. Il a tenu divers propos outranciers envers Emmanuel Macron, dont plusieurs allusions à sa santé mentale. La France a rappelé son ambassadeur en poste à Ankara en signe de protestation.

Face à la pandémie du covid-19, un parti politique s’adapte ! Nigel Farage, dirigeant du parti du Brexit, transforme sa formation politique en parti anti-confinement. Après avoir obtenu le Brexit, Nigel Farage s’attaque maintenant aux mesures sanitaires.

En effet, Nigel Farage n’arrête pas de changer son fusil d’épaule ! A l’origine, il dirigeait un parti appelé Ukip, qui luttait contre l’immigration. Par la suite, il a créé en février 2019 le parti du Brexit. Celui-ci avait pour vocation d’accélérer la procédure de sortie du Royaume-Uni de l’UE.

La sortie du Royaume-Uni est devenue effective le 1er février 2020. Depuis lors, Londres et Bruxelles sont dans la dernière ligne droite pour tenter de signer un accord commercial, qui régira le futur des relations entre les deux parties.

Dans ces circonstances, Nigel Farage considère que son parti du Brexit a accompli son objectif.

Pouvez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle formation politique qui veut lutter contre les mesures prises par le gouvernement conservateur ?

Son nouveau parti s’appelle « Reform UK », pour réforme du Royaume-Uni. Son objectif principal est de lutter contre les mesures du gouvernement conservateur, mené par le premier ministre Boris Johnson. Il a critiqué, je cite, la stratégie de terreur et de menaces orchestrée par le gouvernement britannique. Il dénonce également le principe du confinement, une mesure inutile selon lui. L’immigration reste un sujet phare du nouveau parti de Nigel Farage.

Nigel Farage ne surfe-t-il pas sur la vague de contestation qui agite certains pays européens depuis plusieurs semaines ?

C’est tout à fait possible. Face à la deuxième vague du covid-19, certaines franges de la population européenne ont du mal à accepter de nouvelles mesures sanitaires. En Espagne, par exemple, des heurts ont éclaté entre manifestants et policiers à Madrid et à Barcelone. En Italie, plusieurs grandes villes ont été le théâtre de mobilisation agitée, à Rome, Florence, ou encore Vérone. Pour rappel, ces deux pays ont été brutalement touchés par la première vague au printemps dernier.

Terminons par une bonne nouvelle ! L’Union semble se diriger vers une suspension des exportations de pesticides interdits en Europe. Alors qu’elle interdit de nombreux pesticides sur son sol, les entreprises européennes peuvent toujours les vendre à l’étranger. Un rapport de Greenpeace, publié en septembre, dénonçait ce deux poids deux mesures.

Tout à fait ! Surtout que les pays qui achètent le plus de pesticides interdits en Europe, sont les plus gros fournisseurs de produits alimentaires de l’Union européenne. Les Etats-Unis, le Brésil, et l’Ukraine. Finalement, ces substances finissent malgré tout dans l’assiette des citoyens européens, par des chemins détournés.

La Commission européenne semble vouloir faire preuve de davantage de cohérence. Plusieurs sources confirment officieusement pour l’instant la volonté de l’exécutif de légiférer.

En tout cas, cette question fait l’objet d’un lobbying des sociétés agrochimiques qui ne veulent voir une telle manne leur filer entre les doigts. De nombreux pays africains notamment figurent parmi les principales destinations de ces exportations.

Victor D’Anethan – Thomas Kox

crédits photo: Loups Gris, AFP