L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Brexit et Irlande du Nord : les derniers rebondissements
- Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sous le feu des critiques
- En Europe, des réfugiés ukrainiens mal traités ?
Brexit et Irlande du Nord : les derniers rebondissements
Débutons ce tour de l’actualité européenne en nous intéressant aux derniers rebondissements concernant le protocole nord-irlandais mis en place entre le Royaume-Uni et l’Union européenne depuis le Brexit. Lundi dernier, le gouvernement britannique a présenté son nouveau projet de loi, qui modifie certains éléments du protocole préalablement conclu entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Pouvez-vous nous rappeler de quoi il s’agit Juliane ?
Bonjour à tous, bonjour Laura ! Oui, le gouvernement de Boris Johnson a présenté le 13 juin dernier au Parlement britannique, son projet de loi modifiant le statut post-Brexit de l'Irlande du Nord. Une mesure unilatérale qui reviendrait à enfreindre le droit international selon les dirigeants européens, qui menacent de lancer des représailles commerciales à l'encontre du pays si le projet abouti.
Quelles est la raison d’une telle discorde ?
Eh bien Laura, depuis le Brexit, la question de la frontière entre l'Irlande et le Royaume-Uni constitue la principale pierre d’achoppement entre Londres et Bruxelles. Des négociations sans cesse relancées par la Grande-Bretagne et notamment par le gouvernement Johnson, selon qui le protocole nord-irlandais est responsable des difficultés d'approvisionnement que connaît le Royaume-Uni.
A quoi sert ce protocole ?
Eh bien Laura, ce dernier impose des contrôles sur certaines marchandises qui entrent en Irlande du nord depuis le reste du Royaume-Uni. C’était la seule façon trouvée par l’UE et le Royaume-Uni pour éviter le retour d’une frontière entre les deux Irlande. Le possible retour à une frontière physique entre les deux territoires ravive en effet le souvenir des décennies de violences, en Irlande du nord qui n’avaient pris fin qu’en 1997 avec les accords dits du Vendredi Saint.
Suite à la proposition de loi présentée devant le Parlement britannique, quelle a été la réaction de l’exécutif européen ?
Eh bien Laura, si le responsable européen chargé du Brexit, Maros Sefcovic, ne s’est pas encore exprimé au sujet de ce projet de loi, il a néanmoins tenté à plusieurs reprises d’avertir le Royaume-Uni sur les conséquences d’une révision du protocole. En effet, l’UE se dit prête à mettre en place des sanctions commerciales qui pourraient sérieusement entamer la croissance économique du Royaume-Uni.
De possibles représailles économiques que le Royaume-Uni peut difficilement se permettre selon les observateurs.
Oui en effet, selon l'OCDE la Grande-Bretagne serait déjà en passe d'obtenir les pires résultats, à l'exception de la Russie, de tous les pays du G20 en termes de croissance économique pour l’année prochaine.
Le projet de révision du protocole nord-irlandais n’est néanmoins pas encore adopté par le Parlement britannique.
Effectivement, le projet soutenu par le gouvernement Johnson pourrait souffrir de la baisse de popularité record du premier ministre, qui a dû faire face, la semaine dernière, à une motion de confiance déclenchée par plusieurs membres de sa majorité. S’il est parvenu à surmonter ce vote, Boris Johnson est aujourd’hui fortement affaibli, alors que 41% de ses propres députés ont voté contre lui.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez sous le feu des critiques
Continuons ce journal en nous rendant en Espagne. Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez est sous le feu des critiques en raison du revirement de sa politique étrangère. Le 18 mars dernier, le gouvernement espagnol a en effet radicalement changé sa position concernant le dossier du Sahara occidental. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, en décembre 2020 une brouille diplomatique s’est ouverte entre Madrid et Rabat à propos du Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole n’a toujours pas trouvé de statut légal définitif depuis le départ des Espagnols, en 1976. Le territoire est depuis très largement occupé par le régime de Mohammed VI mais disputé par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste, qui revendique la création d’une nation indépendante. Les tensions entre les deux pays avaient éclaté en avril 2021, à la suite notamment du transfert d’un des chefs indépendantistes dans un hôpital de Madrid pour y être soigné, ce que Rabat avait considéré comme un acte hostile.
Une crise diplomatique qui a touché à sa fin le 18 mars dernier, mais qui ouvre à présent une nouvelle brouille entre Alger et Madrid. Pourquoi cela ?
En effet, mercredi dernier l’Algérie a suspendu son traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, en réaction a l'alignement du gouvernement de Pedro Sanchez sur les positions du Maroc concernant le Sahara occidental. Le gouvernement algérien, qui représente le principal soutien du mouvement séparatiste polisario, ne s’est pas arrêté là, en prenant une série de mesures économiques et diplomatiques, allant du rappel de son ambassadeur en Espagne, à la suspension des rapatriement des migrants irréguliers arrivant en Espagne depuis l’Algérie.
Alors que les milieux d’affaires algériens craignent les retombées de telles sanctions à l’encontre d’un de ses partenaires majeurs, quelle a été la réaction du côté espagnol ?
Le premier ministre Pedro Sanchez s’est fait violemment interpeller par le Parlement espagnol qui regrette la décision qualifiée d’injustifiable par les députés. En effet, l’attitude du gouvernement Sanchez serait en violation de la légalité internationale selon plusieurs juristes du droit international. Une position adoptée par le Premier ministre, qui fragilise la stabilité régionale de l’Afrique du nord, selon les services diplomatiques algériens.
En Europe, des réfugiés ukrainiens mal traités ?
Terminons ce journal en nous intéressant au traitement des réfugiés ukrainiens en Europe. Lundi dernier était publiée une lettre ouverte signée, entre autres, par Amnesty International et la Croix rouge.
Effectivement, les ONGs de défense des droits humains exhortent l’UE à ne pas réduire ses efforts de réinstallation des réfugiés. Elles indiquent qu’à la fin du mois d’avril, seuls 4 075 réfugiés réinstallés étaient arrivés dans les pays de l’UE depuis le début de l’année.
Une communication importante, alors que certains États membres font part d’une certaine lassitude après l’accueil de plusieurs millions de réfugiés.
Oui, à l’est notamment de plus en plus de voix s’élèvent contre le traitement dit “préférentiel” dont ferait l’objet les réfugiés ukrainiens. Des discours alimentés par les partis d’extrême droite le plus souvent, pro-russe, mais qui résultent déjà en une série d’incidents à l’encontre des réfugiés. Une rhétorique également poussée par le gouvernement bulgare, qui, à la fin du mois de mai, a décidé de suspendre son programme de “réinstallation” dans le pays.
Laura Leger & Juliane Barboni
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici