L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Nouveau fonds européens pour soutenir les médias et la culture
- La justice allemande arrête deux anciens soldats de son armée accusés de terrorisme
- Le droit des femmes en danger en Pologne, 14 ONG et l'UE se mobilisent
Nouveau fonds européens pour soutenir les médias et la culture
Débutons ce journal en évoquant l'annonce ce mercredi 20 octobre par le Parlement européen de la création d'un nouveau fonds européen de soutien aux médias. De quoi s'agit-il exactement ?
Oui, par l'adoption d'une résolution à 577 votes pour et seulement 47 contre, les eurodéputés appellent l'UE à créer un fonds communautaire permanent chargé de soutenir financièrement le secteur des médias et de la culture. L'eurodéputée responsable de ce texte, la conservatrice lettone Dace Melbarde a souligné que le secteur des médias était déjà dans une "position fragile" avant la pandémie, mais la crise sanitaire a aggravé ce problème. Les cinémas, par exemple, ont enregistré une perte de 70% de leurs revenus en moyenne dans l’UE en 2020, soit 4 milliards d’euros.
Plus encore qu'une récupération économique des médias, ce fonds devra les aider à s'adapter aux défis futurs.
Tout à fait ! Avec ce texte adopté mercredi, le Parlement européen propose que l'UE oriente les politiques fiscales des Etats vers un soutien à l'industrie audiovisuelle européenne, par exemple en imposant une proportion d'au moins 30% d'œuvres européennes sur les plateformes de contenus audiovisuels en ligne.
Les eurodéputés ont également appelé les Etats de l’UE à adopter au plus vite le Digital Services and Digital Market Acts pour garantir notamment l’accès des citoyens à une diversité suffisante de médias et moyens de communication.
Cette diversité des médias en Europe serait aujourd’hui “en danger” selon les eurodéputés.
Oui, les députés européens ont pointé du doigt la concentration de la propriété dans ce domaine, de nombreuses entreprises médiatiques étant en réalité détenues par un faible nombre de personnes. Ils se sont aussi dits inquiets pour l’indépendance économique et politique des médias dans certains pays de l'UE, où les journalistes font face à des pressions voire des poursuites judiciaires, notamment en Hongrie.
La justice allemande arrête deux anciens soldats de son armée accusés de terrorisme
Dirigeons-nous maintenant vers l’Allemagne, où le parquet fédéral de Karlsruhe a annoncé mercredi 20 octobre l’arrestation de deux anciens soldats de l’armée allemande, pour terrorisme.
Oui, selon la justice, les deux hommes voulaient créer "une unité paramilitaire de 100 à 150 hommes", majoritairement des anciens policiers et militaires. Ils ont été arrêtés pour “entreprise terroriste”, car selon le communiqué des autorités allemandes, ils "prévoyaient que des civils soient tués au cours de leurs opérations".
Ces anciens militaires voulaient intervenir au Yémen pour tenter, eux-mêmes, de mettre fin à la guerre civile qui déchire le pays depuis 2014, et a causé des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Oui, toujours selon le parquet, les suspects ont tenté pour se financer "de nouer un dialogue avec des responsables du gouvernement saoudien”. L'Arabie Saoudite intervient militairement au Yémen depuis 2015. Leur intervention remonte à la prise de la capitale Sanaa par les rebelles Houthis soutenus par l'Iran. Les ex-militaires allemands entendaient "forcer des négociations de paix entre les rebelles houthistes et le gouvernement yéménite”. L’Arabie Saoudite n'a jamais répondu à leurs demandes.
En Allemagne cet événement concentre un peu plus l'attention sur l’armée qui est régulièrement secouée par des affaires similaires.
En effet, déjà en janvier 2020, les renseignements militaires allemands avaient signalé la présence d'environ 600 extrémistes de droite dans l’armée. Plus récemment, le 2 octobre, le bureau du procureur de la ville de Lunebourg a ouvert une enquête contre neuf suspects, soupçonnés d’avoir fait partie d'un groupe armé dans le but de tuer des migrants. Le ministère de la Défense avait alors assuré que “les extrémistes n’ont pas leur place à la Bundeswehr”, l’armée allemande.
Le droit des femmes en danger en Pologne, 14 ONG et l'UE se mobilisent
Terminons ce journal en partant un peu plus à l’Est, en Pologne, où pas moins de 14 ONG ont dénoncé mardi 19 octobre la situation “de plus en plus hostile et dangereuse” pour les militants des droits des femmes. Pourquoi une telle alerte ?
Selon les ONG comme la Human Rights Watch ou encore Amnesty International, la situation s’est particulièrement dégradée depuis que le Tribunal constitutionnel polonais a décrété le 22 octobre 2020 une loi qui restreint très fortement le droit à l’avortement en Pologne. L’interruption volontaire de grossesse est désormais proscrite en cas de malformation grave du foetus, ce qui signifie que l’avortement aujourd’hui en Pologne est seulement autorisé en cas de viol ou d’inceste, ou lorsque la vie de la mère est en danger.
Les ONG s’inquiètent notamment de la multiplication des attaques contre les défenseurs des droits des femmes.
Oui, elles ont évoqué entre autres la situation actuelle de Marta Lempart, l’une des figures polonaises des défenseurs des droits des femmes et qui aurait reçu, toujours selon les ONG, de nombreuses menaces de mort. Un climat de haine auquel le gouvernement devrait mettre fin selon les organisations de défense des droits des femmes, notamment “en revenant sur les restrictions à l’IVG”.
Le Tribunal constitutionnel polonais, responsable de cette loi anti-avortement, est actuellement en conflit avec Bruxelles.
Cette juridiction dominée par des figures proches du parti conservateur nationaliste au pouvoir, Droit et Justice (PiS), a récemment déclaré incompatibles certains éléments du droit de l’UE avec la Constitution polonaise. En faisant cela, la Pologne conteste un principe fondateur de l’Union européenne : la primauté du droit européen et la compétence de la Cour de justice de l’UE.
Et comment réagit l’UE jusqu’ici ?
La Commission européenne a déclaré il y a quelques jours se préparer à lancer une nouvelle action juridique contre Varsovie. Mais la Pologne s’entête, et mardi le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a adressé une lettre à l’exécutif européen dans laquelle il accuse l’UE de dépasser ses prérogatives. Ce discours menaçant envers les institutions de l’UE ne laisse donc pas envisager d'apaisement de la situation.
Dans leur publication, mardi, les 14 ONG ont sommé la Commission de mettre en œuvre “de toute urgence” le mécanisme sur l’Etat de droit.
Une demande soutenue par le Parlement européen. Alors que la Commission réfléchit encore à valider ou non le plan de relance national de la Pologne, l’application de ce dispositif permettrait de suspendre le versement des fonds européens en cas de non-respect des valeurs fondamentales.
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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