L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Rapport de la Cour des comptes européenne
- Hausse des prix du pétrole, du gaz et de l'électricité en Europe
- Les manifestations se succèdent depuis quelques jours à Barcelone
Rapport de la Cour des comptes européenne
Aujourd’hui, attardons-nous sur un nouveau rapport publié lundi 13 septembre par la Cour des comptes européenne. Selon cette enquête, chaque année 500 000 personnes reçoivent une injonction de quitter l’Union européenne, parce qu’elles y séjournent sans titre de séjour valide. Mais au final, moins d’un tiers de ces personnes réintégreraient véritablement leur pays d’origine. Comment la cour explique-t-elle cette situation ?
Oui, ce rapport a étudié de 2015 à 2020 ce qu’on appelle la politique de renvoi de l’Union européenne, et qui vise à renvoyer dans leur pays d’origine les personnes qui se voient refuser l'obtention d'un permis de séjour. Or, la Cour des comptes, cet organe qui contrôle les politiques et investissements financiers de l’UE, a montré qu’en 2019 seules 29% des personnes concernées par ces procédures de réadmission rentraient effectivement dans leur pays d’origine. Cette proportion est même de 19% pour les ressortissants issus d’un Etat extra-européen. Selon le responsable du rapport, Leo Brincat, “l’action de l’UE est pertinente”, mais elle fait face à un “manque d’efficacité”, voire à un effet contre-productif, car ce système défaillant “encourage, selon le rapport, la migration irrégulière”.
Parmi les causes avancées, l’audit de la Cour des comptes évoque notamment une difficulté à coopérer efficacement avec les pays tiers.
Depuis le début des années 2000, l’UE a conclu ce qu’on appelle des accords de réadmission avec 18 pays, afin de faciliter le retour des migrants illégaux. Ces pays sont par exemple, l’Albanie, la Serbie, la Géorgie, ou encore la Biélorussie. Mais d’après le rapport, les tensions avec ces pays tiers sur des questions juridiques, la façon de traiter les migrants, ou encore les droits humains, font que l’application de ces accords est très lente. En ce qui concerne la Biélorussie, les Européens accusent même le pays d’encourager les migrations irrégulières vers l’UE qui a d’ailleurs imposé des sanctions à Minsk en représailles. Enfin, le rapport recommande à la Commission européenne d’encourager la création de “synergies avec les Etats membres”, pour que tous aient les mêmes critères lors de négociation de tels accords de réadmission, et que l’UE “parle d’une seule voix”.
Hausse des prix du pétrole, du gaz et de l'électricité en Europe
Évoquons maintenant le secteur de l’énergie. En Europe les prix du pétrole, du gaz, et de l’électricité atteignent des niveaux records. Comment peut-on expliquer cette situation ?
Cette hausse des prix est générée par plusieurs éléments. Tout d’abord, la reprise économique mondiale est bien amorcée après le ralentissement dû à la pandémie de coronavirus, ce qui entraîne une forte hausse de la demande d’énergie de la part des entreprises, des usines, ou encore des transports. Mais dans le même temps, en cette fin d’été, les conditions climatiques en Europe n’ont pas joué en la faveur d’une production électrique massive : c’est tout simplement le manque de vent qui a posé problème, surtout dans des régions très équipées en parcs éoliens, notamment au Royaume-Uni.
Les pays européens ont donc tendance à utiliser davantage d’autres sources d’énergie telles que le gaz, le nucléaire ou le charbon.
Tout à fait ! La demande en énergie renouvelable se déplace sur les énergies fossiles, ce qui a pour effet d’augmenter les prix du gaz et du charbon. Pour rappel, le gaz permet de produire 20% de l’électricité en Europe. En Espagne, l'augmentation des prix de l'électricité a atteint une proportion inédite de 36% par rapport à l’été 2020, ce qui a conduit le gouvernement à demander à la Commission européenne un assouplissement des règles budgétaires, pour lui permettre de plafonner les prix de l’électricité.
Cette conjoncture a une autre conséquence : elle retarde la transition énergétique de l’Europe.
Oui en effet, si des pays comme la France et le Royaume-Uni se sont engagés à ne plus utiliser de charbon d’ici à 2024, pour ce qui est du gaz, les demandes de la part des Européens augmentent sans cesse.
Malgré les tensions avec la Russie, l’Allemagne a d'ailleurs poursuivi la mise en service du nouveau gazoduc Nord Stream II qui alimentera le marché allemand et européen en gaz russe. Enfin, ce choix des Européens ne se fera pas non plus sans coût, puisqu’en Europe le prix de la tonne de CO² émis augmente régulièrement afin d’encourager les acteurs économiques à moins utiliser les énergies fossiles.
Les manifestations se succèdent depuis quelques jours à Barcelone
Dirigeons-nous pour terminer vers le Sud de l’Europe, en Espagne, où des manifestations se succèdent depuis quelques jours à Barcelone, alors que des négociations devraient commencer jeudi, pour trouver un compromis entre le gouvernement central et les indépendantistes catalans.
Oui, samedi, la manifestation a rassemblé 108 000 personnes d’après la police, 400 000 selon les organisateurs. Les indépendantistes sont toujours au pouvoir en Catalogne, mais le mouvement connaît néanmoins une baisse de mobilisation par rapport à 2017 lorsque la Catalogne avait réalisé sa tentative de sécession de l’Etat espagnol. En plus, la décision très controversée du premier ministre espagnol d’accorder une grâce aux neuf dirigeants indépendantistes impliqués dans cette tentative de sécessions, a également contribué à désamorcer les tensions, mais divise à Madrid mais aussi à Barcelone.
Des discussions entre le gouvernement espagnol et les autorités catalanes avaient déjà eu lieu en 2020, mais avaient été interrompues à cause du début de la pandémie de Covid-19. Les négociateurs vont donc à nouveau tenter de trouver une solution à la crise catalane, mais rien n’est gagné.
Oui, le Premier ministre Pedro Sanchez, qui a fait de la reprise du dialogue en Catalogne l’une de ses priorités, a indiqué samedi vouloir "travailler pour une Catalogne positive". Mais il y a un gros risque que les négociations achoppent, car Madrid a déjà fait savoir qu’elle n’acceptera aucune des deux demandes principales des indépendantistes, à savoir l'indépendance de la Catalogne et l'amnistie totale des leaders responsables du référendum d'autodétermination de 2017. A cette intransigeance s'ajoute le refus par la capitale il y a quelques jours de soutenir la construction d'une extension de l'aéroport de Barcelone, pour cause de "perte de confiance dans le gouvernement régional catalan".
Romain L'Hostis - Thomas Kox
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Photo par PIXNIO