Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- L’UE en voie de compléter son indépendance au pétrole russe
- Réseaux sociaux : vers une interdiction pour les moins de 15 ans dans en Europe ?
- Le prix Sakharov, nominations et contestations
On commence ce journal à Bruxelles, où la Commission européenne s’apprête à proposer une nouvelle réglementation concernant les droits de douane sur le pétrole russe.
Oui, c’était un sujet de tension depuis plusieurs semaines avec les Etats-Unis - l’Union européenne continue d’importer des hydrocarbures russes, notamment en Hongrie et en Slovaquie, malgré les nombreuses restrictions mises en place depuis le début de la guerre en Ukraine.
Mardi, Donald Trump avait de nouveau pointé du doigt cette problématique lors de son discours devant l’Assemblée générale de l’ONU, rappelant, je cite, que “la Chine et l’Inde sont les principaux bailleurs de fonds [...] mais qu’il est inexcusable que les pays de l’Otan n’aient pas coupé les livraisons de l’énergie russe”.
Cette nouvelle proposition est distincte du 19e paquet de sanctions.
Oui, c’est ce qu’à précisé Olof Gill, le porte-parole adjoint de la commission. Pour rappel, le 19e paquet de sanctions cible les banques, les plateformes de crypto-monnaies qu’utilise Moscou pour blanchir de l’argent, et les navires de la flotte fantôme russe.
Cette nouvelle proposition, elle, est tournée directement vers les pays membres, et vise à augmenter les coûts d’importation de pétrole russe pour encourager la Hongrie et la Slovaquie principalement à trouver des fournisseurs alternatifs. Les deux pays bénéficient pour l’instant d’une exemption concernant l’interdiction totale mise en place par l’UE depuis 2022. Selon les estimations, ils importent encore quelque 100 000 barils de pétrole par jour.
Alors ils ne sont pas les seuls importateurs puisque le gaz liquéfié russe conserve une place sur le marché européen, mais il est lui aussi l’objet d’une interdiction totale dans le 19 paquet de sanctions.
Et comment réagissent les gouvernements hongrois et slovaque à ce projet de restriction ?
Mal, bien sûr. Les deux pays se sont jusqu’ici régulièrement opposés aux sanctions puisque tous deux sont très dépendants de ces hydrocarbures. Si le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjarto, a assuré qu’il “comprenait” les inquiétudes à ce sujet et notamment les récentes déclarations de Donald Trump, il a aussi déclaré ne “pas pouvoir assurer” la sécurité énergétique de son pays “sans les sources de pétrole ou de gaz russes”.
Cette fois-ci les deux pays risquent bien de ne pas pouvoir faire exception à la règle, puisque contrairement aux sanctions, qui sont votées à l’unanimité par les 27, les droits de douanes ne requièrent qu’une majorité qualifiée.
On continue de parler de restrictions, mais cette fois-ci à l’encontre… des enfants. La présidente de la Commission européenne s’est dite “favorable” à l’idée d’interdire les réseaux sociaux pour les plus jeunes.
Oui, c’était à l’occasion d’une conférence organisée par l’Australie à New-York. Ursula von der Leyen a confié que “de nombreux Etats membres estiment que le moment est venu de fixer un âge de la majorité numérique”.
Alors pourquoi l’Australie ? Et bien parce que le pays est pionnier en ce qui concerne la régulation numérique. Fin 2024, le Parlement australien a adopté une loi interdisant Tik-Tok, Facebook, X ou Instagram aux moins de 16 ans. Une restriction qui devrait entrer en vigueur d’ici la fin de l’année.
Et en Europe, l’idée commence également à séduire.
Oui, à commencer par la France. En juin, le président français Emmanuel Macron avait annoncé son projet d’interdiction pour les moins de 15 ans d’ici, je cite, “quelques mois”. L’idée a été régulièrement revue à la baisse depuis, et pourrait très bien ne correspondre qu’à un contrôle plus strict de l’âge - similaire donc, à un projet de loi de juillet 2023, qui n’a lui non plus toujours pas été appliqué.
Plusieurs rapports publiés cet été alertent néanmoins sur l’importance d’un meilleur contrôle : une enquête de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, la CNIL, indique que les premières inscriptions sur les réseaux sociaux se font en moyenne vers 8 ans et demi. Un autre rapport de la fondation KidsRight, publié en juin, désigne l’Europe comme la région où les enfants de 13 ans sont les plus exposés au risque d’utilisation problématique des réseaux.
En juin, des ministres d'Espagne, du Danemark, de Belgique et de 10 autres États membres ont fait part de leur soutien à l’idée d’une telle restriction dans une tribune publiée sur le média Euronews.
On termine ce journal par une distinction du Parlement européen - le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit. Chaque année, depuis 1998, il est décerné à des personnalités et des organisations qui défendent les droits de l’homme et les libertés fondamentales.
Oui, et la liste des candidats nominés par les groupes politiques du Parlement ou par un groupe d’au moins 40 députés européen a été présentée mardi. Dans les grands noms ayant déjà reçu ce prix, on retrouve Nelson Mandela - qui a ensuite reçu le prix Nobel de la paix -, l’organisation Reporters Sans Frontières, ou encore Alexeï Navalny, opposant au régime de Vladimir Poutine.
Mais cette année Baptiste, une nomination fait débat.
Oui, celle de Boualem Sansal, cet écrivain franco-algérien condamné par Alger à cinq ans de prison ferme, pour “atteinte à l’unité nationale”. Il avait, lors d’une interview donnée au média d’extrême droite Frontières, estimé que l’Algérie avait hérité de plusieurs territoires marocains sous la colonisation française.
La distinction permettrait d’attirer un nouveau regard sur sa condamnation - par ailleurs source de tensions entre Paris et l’Algérie - mais l’auteur a exprimé son opposition. La raison : une divergence d’opinion avec ceux qui l’ont nominé, les euro députés d'extrême droite du groupe “Patriotes pour l’Europe”.
Gallimard, la maison d’édition de Boualem Sansal, a annoncé dans un communiqué que “malgré la très grande estime dans laquelle il tient ce prix, [...] il a fait savoir qu’il considérait comme irrecevable cette démarche insidieusement partisane”.
Et quels autres noms ont été proposés ?
Comme chaque année, ils font écho à l’actualité. Le Parti populaire européen, le principal groupe politique du Parlement, a nommé Andrzej Poczobut, un journaliste et opposant politique au régime d’Alexandre Loukachenko en Biélorussie.
Le groupe des Socialistes et Démocrates, lui, a proposé “les journalistes et travailleurs humanitaires dans les zones de conflit”. Plus précisément, l’Association de la presse palestinienne, le Croissant-Rouge palestinien et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies, l’UNRWA.
Le prix devrait être remis autour du 10 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.