L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Durcissement des sanctions à l'encontre des crimes environnementaux
- Pays-Bas : nouvel accord de coalition gouvernemental
- La Bosnie face aux menaces sécessionnistes avancées par l'entité serbe
Durcissement des sanctions à l'encontre des crimes environnementaux
Commençons ce journal en évoquant la nouvelle proposition de la Commission, adoptée mercredi 15 décembre à Bruxelles. L’exécutif européen souhaite durcir les sanctions à l’encontre des crimes environnementaux. Un projet qui s’inscrit dans le débat autour de la reconnaissance internationale du crime d”'écocide”. Un terme largement discuté, Juliane.
Ce terme qualifie en effet tout acte criminel consistant à détruire délibérément et en totalité un écosystème, que ce soit par l'épuisement complet de ses ressources ou bien sa mise en danger par les autorités compétentes. En 1948 il avait été proposé de l’inclure au sein de la Convention sur le génocide. Un projet finalement abandonné, mais qui revient régulièrement sur le devant de la scène. En décembre 2020 le Premier ministre belge Alexander de Croo avait d’ailleurs plaidé pour que le crime d’écocide soit inscrit dans le traité de la Cour pénale internationale.
Le projet de la Commission s’inscrit dans ce débat, et plus largement dans le cadre du pacte vert pour l’Europe.
Effectivement, le pacte vert pour l’Europe réunit un ensemble de propositions visant à réviser et à actualiser la législation de l’UE ainsi qu’à mettre en place de nouvelles initiatives pour parvenir à la neutralité climatique et protéger la biodiversité des écosystèmes.
La Commission a d’ores et déjà adopté une série de mesures afin d’adapter les politiques de l’UE en matière de climat et de protection de l’environnement, quel est l’objectif de cette nouvelle directive adoptée hier Juliane ?
Eh bien Romain, la proposition fixe de nouvelles infractions pénales en matière d’environnement au niveau de l’UE, notamment en ce qui concerne le commerce illégal du bois, ou bien le captage illégal de l’eau. Elle espère également rendre les procédures pénales plus efficaces, en améliorant la coordination des polices nationales à l’échelle européenne.
Mercredi, la Commission a également présenté sa stratégie pour réduire les émissions de méthane au sein de l’UE.
C’est vrai ! Bruxelles compte prochainement obliger les compagnies pétrolières et gazières à détecter et réparer les fuites de méthane dans leurs infrastructures. L’objectif intégré au Pacte Vert européen, est de réduire de 80% les émissions de gaz d’ici à 2030.
Pays-Bas : nouvel accord de coalition gouvernemental
Continuons ce journal en nous tournant vers les Pays-Bas, où vient d’être présenté un nouvel accord de coalition gouvernemental, 273 jours après l'organisation des élections nationales en mars de cette année.
Oui, cela constitue à ce jour la plus longue négociation gouvernementale de l'histoire du pays. Les nouveaux partis au pouvoir, les mêmes que dans le gouvernement précédent, ont présenté non sans un certain soulagement leur accord lundi dernier.
Le VVD, parti libéral de droite, dirigera le pays avec le D66, parti libéral de gauche, le CDA, parti démocrate-chrétien, et l'Union chrétienne.
Ce nouveau cabinet Rutte semblait presque impensable, après le scandale de l'affaire des prestations sociales qui avait entraîné la chute du gouvernement en janvier de cette année. C’est pourtant le même Mark Rutte, Premier ministre depuis 2010, qui a résumé le nouvel accord de coalition présenté en un mot : “modeste".
Modeste, un mot répété comme un leitmotiv de cet accord, même si la nouvelle coalition prévoit de dépenser des sommes d'argent sans précédent, notamment 3 milliards pour la défense et 1 milliard pour les salaires des enseignants.
En outre, le gouvernement nouvellement formé entend fournir des services de garde d'enfants gratuits aux travailleurs et s’engage à construire des centaines de milliers de logements supplémentaires.
La crise du logement est en effet l'un des principaux défis que le gouvernement devra relever. Pour ce faire, Mark Rutte a accepté d'assouplir son dogmatisme en matière de dette. Celle-ci devrait ainsi considérablement augmenter dans les années à venir et dépasser la norme européenne de 60 % du PIB à la fin du mandat en 2025. Un endettement qui restera cependant très en deçà de celui de beaucoup de ses homologues européens.
La Bosnie face aux menaces sécessionnistes avancées par l'entité serbe
Terminons cette édition en Europe du Sud-Est. Dans le cadre de notre “semaine Bosnie” sur euradio, nous avons analysé cette semaine les menaces sécessionnistes avancées par l’entité serbe du pays. Aujourd’hui, revenons ensemble sur un autre projet controversé défendu cette fois par le dirigeant nationaliste croate Dragan Covic.
Oui Romain, Dragan Covic s’est rendu à Bruxelles au début du mois, le mardi 7 décembre, pour y rencontrer notamment des députés démocrates-chrétiens. Le chef de la communauté démocratique croate de Bosnie-Herzégovine (HDZ-BiH) y a défendu un projet de réforme de la loi électorale du pays afin de renforcer le caractère ethnique du vote.
Aujourd’hui déjà, il est quasi impossible en Bosnie par exemple dans la partie serbe de voter autrement que pour un candidat du parti serbe.
En effet, et pourtant, Dragan Covic estime qu’aller encore plus loin dans cette segmentarisation de la vie politique et électorale bosnienne permettrait de “donner une chance de fonctionner au pays”. D’après le média francophone Le Courrier des Balkans, rien de concret n’est ressorti de ce rendez-vous à Bruxelles de début décembre, mais la poursuite de ce projet par Dragan Covic ne fait qu’accentuer les clivages dans ce pays d’un peu plus de 3 millions d’habitants.
Cette volonté, selon ses propres termes de “réorganiser la Bosnie-Herzégovine” selon une logique toujours plus ethnocentrée a déjà été discutée en avril de cette année, cette fois au niveau européen.
Oui, au printemps la presse bosniaque puis slovène avait révélé l’existence d’un document rédigé par le premier ministre slovène Janez Jansa, et adressé officieusement au président du Conseil européen Charles Michel. Le document en question proposait rien de moins que de dissoudre la Bosnie-Herzégovine, dont des régions seraient rattachées à la Croatie, ou d’autres à la Serbie, ne maintenant qu’une Bosnie résiduelle autour de Sarajevo. Une fusion du Kosovo avec l’Albanie était aussi évoquée. Bien qu’il ne s’agisse que d’un document informel, ces discussions ont une résonance certaine notamment du fait que la Slovénie occupe la présidence du Conseil de l’UE jusqu’en janvier 2022.
Juliane Barboni - Romain L'Hostis
Photo : Par tompagenet — Women's 1500 metres heats, CC BY-SA 2.0
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