Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Un sommet exceptionnel du Conseil sous tension
- Le parti Junts rejette la loi d'amnistie des indépendantistes catalans
- L'Assemblée d'Irlande du Nord reprend du service après deux ans de blocage
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant le sommet exceptionnel du Conseil européen qui se tient à Bruxelles le 1er février.
Une rencontre annoncée à la suite du sommet du mois de décembre, lors duquel le Premier ministre hongrois Viktor Orban avait bloqué l’octroi d’une enveloppe de 50 milliards d’euros à l’Ukraine, en proie à l’agression russe depuis bientôt deux ans. Ce sommet exceptionnel, comme le précédent, sera donc observé de près par Kiev qui attend énormément de cette réunion. Kiev dont l’économie s’est effondrée a un énorme besoin de ces fonds pour continuer à tenir et à payer ses fonctionnaires.
Toutefois, Viktor Orban semble pour le moment demeurer inflexible sur la question.
La Hongrie refuse que cette enveloppe soit comprise dans le budget de l’Union. Elle demande également à ce que cette aide se fasse sur “une base annuelle” et puisse donc être renégociée tous les ans. Or, l’objectif de l’Union européenne est justement d’offrir des garanties sur le long terme à Kiev.
D’autant que Viktor Orban est désormais sur la défensive. En cause : une fuite de documents confidentiels rédigés par un fonctionnaire du conseil et détaillant des possibilités pour, je cite, “affaiblir l'économie hongroise” en cas de refus. Le Premier ministre dénonce ici un “chantage politique” de la part de Bruxelles.
Face à l’obstination de Viktor Orban, une solution semble privilégiée à ce stade par l'Union européenne pour contourner le veto de la Hongrie.
Oui, c’est une possibilité déjà entendue dans la bouche de la Présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, celle d’un “accord à 26”, mettant donc de côté la Hongrie. En cas de blocage, l’UE sera donc à minima en mesure de proposer une aide d’urgence de 18 milliards sous forme de prêts à l’Ukraine. Une somme bien inférieure à celle envisagée à l’origine mais qui pourrait permettre à Kiev de tenir au moins à court et moyen termes.
A la dernière minute un nouveau thème est venu s’ajouter à ce sommet : celui de l’agriculture.
Alors que le secteur agricole proteste depuis maintenant plusieurs semaines dans plusieurs États membres, de nombreux tracteurs vont occuper la ville de Bruxelles à l’occasion du sommet. Les dirigeants des 27 vont consacrer une partie de la journée à essayer de trouver une solution pour satisfaire les revendications des agriculteurs. Un thème qui n’a pas officiellement été mis à l’ordre du jour, mais qui devrait faire l’objet de discussions informelles lors des traditionnels déjeuners et dîners de travail.
Poursuivons ce journal en Espagne, où les indépendantistes catalans ont créé la surprise au Parlement le 30 janvier.
Après des mois de discussions, de négociations et de protestations, les séparatistes du parti Junts per Catalunya, pourtant membre de la majorité, ont refusé de voter en faveur de la loi d’amnistie pour les indépendantistes catalans. Un important revers pour le Premier ministre Pedro Sanchez, qui n’a pourtant formé sa coalition majoritaire qu’il y a un peu plus de deux mois.
Cette loi qui est fortement dénoncée par la droite espagnole était pourtant au cœur de l’alliance entre le parti de Pedro Sanchez et le parti Junts.
Oui, en recherche d’alliés pour obtenir une majorité au Parlement, le Premier ministre avait proposé à ce parti et à son leader Carles Puigdemont de rejoindre sa coalition. En échange de quoi cette fameuse loi d’amnistie, qui concerne également certains membres du parti, serait proposée et votée au parlement.
Qu’est ce qui explique ce retournement de veste de la part des députés de Junts ?
Les indépendantistes expliquent que le champ d’application de la loi est trop restreint. La cheffe des députés Junts, Miriam Nogueras, explique que cette amnistie doit être “totale et ne laisser personne sur le bord de la route”.
Si ce refus a surpris sur le moment, beaucoup d’observateurs considèrent en fait comme logique le manque d’entente entre les autres partis de la majorité et ce groupe indépendantiste. Il s’agit d’une alliance purement stratégique, entre une coalition de gauche et un parti aux valeurs allant plutôt lorgner à droite de l’échiquier politique. Les négociations vont donc se poursuivre au Parlement dans l’espoir de débloquer cette situation qui pourrait, en cas de retrait des indépendantistes de la coalition majoritaire, entraîner la chute du gouvernement.
Concluons ce journal en Irlande du Nord, où l’Assemblée régionale reprend son activité après deux années de blocage.
Pour rappel, cela faisait deux ans que les unionistes, la branche de l’Assemblée souhaitant se rapprocher du Royaume-Uni, avaient décidé de claquer la porte de ce parlement à l’échelle de l’État d’Irlande du Nord. Or, pour fonctionner, celui-ci doit impérativement être constitué de représentants nationalistes et unionistes comme stipulé à sa création en 1998 dans le cadre des accords de paix pour l’Irlande du nord.
Ce retrait faisait suite aux accords conclus entre Londres et Bruxelles à la suite du Brexit, qui maintenaient Belfast dans le marché unique européen. Cela signifiait donc que des contrôles douaniers étaient instaurés entre la province et le reste du Royaume-Uni, ce que les unionistes considèrent comme un non-sens, nuisant à leur identité britannique.
Pourquoi les unionistes ont-ils finalement décidé de revenir à l’Assemblée ?
Grâce à un accord trouvé avec le gouvernement britannique, les contrôles douaniers sur les marchandises faisant le trajet de la Grande Bretagne à l’Irlande du nord seront assouplis et moins nombreux. Un juste milieu qui suffit à convaincre les unionistes, qui réclamaient à l’origine la suppression totale de ces contrôles.
Londres a également promis une enveloppe de 3,8 milliards d’euros pour l’Irlande du Nord, afin de lui permettre de se remettre de 2 années sans Parlement. Une absence qui a fortement perturbé les services publics, comme l’éducation ou la santé qui dépendent justement de l’Assemblée locale.
Un journal de Joris Schamberger et Ariane Dana