Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Ukraine : Visite Zelensky à Paris ; Négociateurs ukrainien en Floride dimanche ; frappes sur Vyshgorod et de ce weekend ; démission d’Andriy Yermak
- Allemagne : Des milliers de manifestants pour bloquer un meeting de l’AfD ; discours de l’AfD rappelle Hitler
- Migrants Manche : interception des bateaux en mer maintenant autorisée
On ouvre ce journal à Paris, où le président Emmanuel Macron reçoit aujourd’hui Volodymyr Zelensky, pour discuter, selon le communiqué de l’Elysée, des “conditions d’une paix juste et durable, dans la continuité des discussions de Genève et du plan américain” et pour apporter son soutien à son homologue ukrainien, qui traverse une passe particulièrement difficile
Oui, sur le bilan humain, d’abord, l’Ukraine a été visée par une série d’attaques de drones russes ce weekend, faisant au moins un mort et 19 blessés dimanche, qui s’ajoutent aux cinq autres décès que le pays a eu à déplorer samedi, principalement dans la région de Kyiv.
Sur le terrain politique ensuite, Volodymyr Zelensky a été contraint de se séparer, il y a quelques jours, de son chef de cabinet, Andry Yermak, fidèle parmi les fidèles et inamovible bras droit depuis des années. Le président vient donc chercher du soutien auprès d’alliés proches à Paris aujourd’hui - l’Hexagone s’est engagé, rappelez-vous, à renforcer la “coalition des volontaires”, ce groupe de pays qui envisage le déploiement de troupes européennes sur le sol ukrainien. L’engagement international n’est encore qu’au stade de projet - le président français précisait la semaine dernière qu’il “consolidait le travail avec les Etats-Unis”.
Cette invitation vise sans nul doute à soutenir l'exécutif ukrainien alors que des négociations peut-être décisives viennent d’avoir lieu en Floride, entre l’ administration américaine et des représentants ukrainiens
Oui, une réunion jugée “productive et réussie” par le chef de la délégation ukrainienne, Rustem Umerov qui a dû remplacer le précédent négociateur ukrainien, Andriy Yermak, démissionnaire. Les négociateurs ukrainiens ont eu face à eux Steve Witkoff, envoyé spécial de Donald Trump, et le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio. S’il a paru à l’écoute des arguments ukrainiens le chef de la diplomatie américaine a expliqué, devant la presse, à l’issue de la rencontre, “qu’il restait encore du travail”. Aujourd’hui, Steve Witkoff décolle pour Moscou ; il devrait rencontrer le président russe mardi. Une réunion qui sera suivie de près après les révélations de certains médias qui ont mis en lumière la proximité voir la collusion du conseiller de Donald Trump avec les vues du président russe.
Si les Européens et les dirigeants ukrainiens ont réussi à amender la version initiale du plan Trump, initialement très favorable aux ambitions du Kremlin, il y a fort à parier qu’elle sera mal accueillie à Moscou. Donald Trump se dit néanmoins optimiste : il estime qu’il y a “de bonnes chances” pour que la Russie et l’Ukraine trouvent un accord, soulignant cependant que le scandale de corruption actuellement en cours en Ukraine “n’aide pas” les négociations.
Le Président ukrainien jugeait ce week-end qu’il était “tout à fait réaliste de finaliser, dans les prochains jours, les mesures à prendre pour déterminer comment mettre fin à la guerre”.
On continue ce journal en Espagne, où se sont rassemblées plus de 40 000 personnes hier, lors d’une manifestation d’ampleur visant à critiquer le gouvernement de Pedro Sanchez.
Oui, le Parti Populaire, principal parti de droite espagnol à l’origine de ce rassemblement, parle même de 80 000 personnes dans les rues de Madrid. Une manifestation qui prend place quelques jours après que le ministre socialiste José Luis Abalos, et son ancien conseiller Koldo Garcia ont été placés en détention. Pourquoi ? La Justice espagnole suspecte une affaire de corruption. Elle évoque des pots-de-vin, du trafic d’influence, des détournements de fonds, voire même la participation à une organisation criminelle.
Concrètement, que s’est-il passé ?
Le dossier était initialement centré sur des contrats d’urgence pour l’achat de masques de protection durant la pandémie, mais l’affaire aujourd’hui surnommée affaire Koldo - en référence au conseiller arrêté - s’est transformée en une enquête beaucoup plus large sur du favoritisme dans l’attribution de marchés publics. Le juge parle de dépassement de coûts, de mauvaise qualité du matériel de santé commandé et de commissions illégales. De quoi placer Koldo Garcia en détention.
L’affaire touche le gouvernement de Pedro Sanchez, au pouvoir depuis 2018, accusé par les principaux dirigeants de l’opposition d’avoir permis, je cite, “une détérioration institutionnelle sans précédent”. Le président du Parti Populaire, Alberto Nunez, parle du “sanchezisme comme une corruption politique, économique, institutionnelle, sociale et morale”. Il demande sa démission.
Et cette affaire s’inscrit dans un climat particulièrement compliqué pour le gouvernement espagnol.
Oui, plusieurs proches de Pedro Sanchez font l’objet d’une procédure judiciaire. Sa femme Begona Gomez est visée par une enquête pour trafic d’influence, détournement de fonds et corruption ; son frère, David Sanchez, est accusé de malversations administratives et de trafic d’influence. Ces plaintes, rappelons-le, ont été déposées par des associations proches de l’extrême droite espagnole et n’ont pour l’instant menées à aucune condamnation.
On termine ce journal en Allemagne, où le parti d’extrême droite Alternative fur Deutschland a annoncé ouvrir une nouvelle branche jeunesse de son parti samedi : la “Generation Deutschland”. Un événement qui a donné lieu à une mobilisation massive ce weekend.
Oui, si cette nouvelle structure vise à rassembler et diriger l’organisation de jeunesse du parti, elle n’est pas la première du genre. Fin mars, rappelez-vous, la “Junge Alternative” avait été dissoute, reconnue comme extrémiste par les services allemands de protection de la Constitution. Le parti nationaliste s’est réuni près de Francfort ce weekend pour annoncer la création de sa remplacente - annonce entravée par quelques 25 000 manifestants, qui ont bloqué les rues pour empêcher le congrès de se tenir. La deuxième journée a ainsi été annulée, par crainte de débordements.
Alors qu’est-ce qu’implique cette nouvelle structure ? Generation Allemagne, à la différence de sa grande sœur dissoute, fonctionnera comme un parti, précise Alice Weidel, présidente de l’AfD. Une structure beaucoup plus difficile à dissoudre, et qui intégrera automatiquement tous les membres de l’AfD de moins de 36 ans. La ligne politique, elle, reste à l’extrême droite. Il n’y avait qu’à entendre les discours des dirigeants de la Génération Allemagne samedi : Helmut Strauf martelait qu’il faut “expulser, expulser, expulser, jusqu’à ce que l’Allemagne redevienne notre patrie”.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.