L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Débordements à la frontière nord-irlandaise
- Relations sous-tensions entre l'Espagne et le Maroc
- Le Conseil de l'UE se concerte sur les "salaires minimaux adéquats"
Débordements à la frontière nord-irlandaise
Débutons cette nouvelle édition en évoquant les récents incidents qui ont eu lieu depuis plusieurs mois de part et d’autre de la frontière nord-irlandaise. Des débordements qui adviennent en marge des négociations du protocole nord-irlandais, qui ont constitué la principale pierre d’achoppement dans les négociations entre l’UE et le Royaume-Uni. Quelles sont les raisons d’un tel mécontentement d’une partie de la population irlandaise ?
Effectivement, cet accord, qui fait partie des négociations du Brexit, vise à maintenir l’Irlande du nord au sein de l’union douanière de l’UE, et cela même si elle fait partie du Royaume-Uni. L’objectif est de garder ouverte la frontière entre les deux Irlande, même si cela signifie que l’Irlande du nord applique les règles de l’UE aux marchandises britanniques arrivant sur son sol. Un accord qui est source de tensions, puisque le mois dernier encore, un bus avait été incendié à quelques kilomètres de la ville de Belfast. L’incident avait été revendiqué par les loyalistes nord-irlandais opposés à ce protocole.
Mardi dernier, un nouveau rapport a été publié détaillant ces violences.
Oui, la commission d’examen indépendante dépêchée conjointement par les gouvernements britannique et irlandais a rapporté un risque accru de violences paramilitaires dans la région. Le rapport a constaté que le Brexit, et les contrôles de l'UE désormais exigés sur les marchandises britanniques arrivant dans les ports nord-irlandais, avaient aiguisé la colère des loyalistes. Selon le rapport "le paramilitarisme reste un danger clair et présent”. Les experts appellent donc au lancement de négociations formelles entre les autorités et les groupes clandestins, en vue de leur démantèlement.
Un climat inquiétant pour les irlandais de part et d’autre de la frontière qui ont déjà connu plusieurs décennies de violence par le passé.
En effet, entre les années 70 et 90, diverses factions de la République d’Irlande, et d’Irlande du nord se sont violemment opposées, causant la mort de plus de 3000 personnes dans la région. Cette période connue sous le nom des “Troubles” n'avait pris fin qu’en 1997 avec les accords dits du vendredi saint.
Relations sous-tensions entre l'Espagne et le Maroc
Continuons ce journal en abordant le retour des tensions entre l’Espagne et le Maroc. Dimanche dernier les médias espagnols ont révélé le projet du Maroc d’établir trois fermes piscicoles au large de l’archipel des Canaries ainsi que près des îles Zaffarines, un territoire appartenant à l’Espagne mais revendiqué par le royaume du Maroc.
Effectivement, le régime de Mohammed VI a récemment validé un projet d’infrastructure au large de l’enclave espagnole de Melilla. Une décision qui a poussé le gouvernement espagnol a déposer une plainte officielle à l’encontre de son voisin. Le ministre des Affaires étrangères a également envoyé une note à l’ambassade marocaine à Madrid, dénonçant une “occupation illégale des eaux territoriales espagnoles [qui] représente un risque pour la sécurité de la navigation et une menace pour l’environnement”.
Depuis plusieurs mois, les relations entre les deux pays sont le théâtre de tensions récurrentes.
C’est vrai, depuis décembre 2020 une brouille diplomatique s’est ouverte entre Madrid et Rabat à propos du Sahara occidental. Cette ancienne colonie espagnole n'a toujours pas trouvé de statut légal définitif depuis le départ des Espagnols, en 1976. Le territoire est depuis très largement occupé par le régime de Mohammed VI mais disputé par le Front Polisario, un mouvement indépendantiste, qui revendique la création d’une nation indépendante. Les tensions avaient éclaté à la suite notamment du transfert d’un des chefs indépendantistes dans un hôpital de Madrid pour y être soigné, ce que que Rabat a considéré comme un acte hostile.
Une situation qui était pourtant en voie d’apaisement depuis août dernier.
Oui, le roi du Maroc avait affiché sa volonté de mettre fin à des mois de brouille, au profit d’une relation renouvelée avec son voisin espagnol, reposant je cite “sur la confiance, la transparence [...] et le respect des engagements". Le projet de construction de fermes piscicoles à quelques kilomètres de territoires espagnols est considéré par Madrid comme une violation de sa souveraineté et devrait annuler ces efforts en ouvrant une nouvelle période de crise diplomatique entre les deux pays.
Le Conseil de l'UE se concerte sur les "salaires minimaux adéquats"
Terminons ce journal en nous rendant à Bruxelles auprès du Conseil de l’UE. Mardi dernier, les ministres du Travail des 27 Etats membres de l’Union européenne, réunis au sein du Conseil, se sont accordés sur un projet de loi concernant la mise en place de “salaires minimaux adéquats” au sein de l’UE. Quelles sont les mesures prévues par ce texte ?
Ce projet de loi pose les bases de ce qui pourrait constituer une avancée de l’UE pour une Europe plus sociale. L’accord rappelle que le droit à un revenu décent est l’un des principes fondamentaux du socle européen des droits sociaux. L’objectif est donc d’établir un cadre pour promouvoir des salaires planchers adéquats au sein de tous les Etats membres. Concrètement, la stratégie des Ministres est d’inciter collectivement les Etats membres à augmenter leurs salaires minimaux. "Le travail doit payer. Nous ne pouvons accepter que des personnes qui s'investissent totalement dans leur travail, vivent toujours dans la pauvreté", a déclaré le ministre slovène des Affaires sociales.
Quelle est la prochaine étape à présent ?
Le projet de loi avait d’ores et déjà été présenté au Parlement européen le 25 novembre dernier. L’accord donné par le Conseil de l’UE marque dorénavant le début des négociations entre les deux institutions, qui débuteront à partir du mois de janvier. Une fois un consensus atteint, les Etats membres auront deux ans pour transposer la directive européenne dans leur droit national.
Malgré une avancée saluée par les défenseurs des droits sociaux, le projet de loi essuie de nombreuses critiques.
En effet, l’accord trouvé par le Conseil de l’UE n’oblige pas les Etats membres à instaurer un salaire minimum. Le projet de loi vise plutôt à pousser ces salaires à la hausse dans les 21 pays qui en sont actuellement dotés. De plus, cet accord renonce à mettre en place un “SMIC européen” uniforme, à la demande des syndicats nordiques qui disaient craindre “une érosion de leur modèle de marché du travail”.
Juliane Barboni - Thomas Kox
Photo : JJ Merelo
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