Budget européen, comment sera réparti le plan de relance de 750 milliards d'euros ? Malgré les risques associés, l'opposant russe Alexeï Navalny rentre en Russie ; les confinements à répétition ont-ils impacté la natalité en Europe ?
Le 10 décembre dernier, l’Europe s’était accordée sur un plan de relance inédit de 750 milliards d’euros à destination des 27 États membres. Cette solidarité européenne a été obtenue de haute lutte après de lourds désaccords. Le plan de relance était déjà défini mais Varsovie et Budapest avaient bloqué son lancement car elles étaient opposées sur un mécanisme conditionnant le versement des fonds européens au respect de l’état de droit. Qu’y-a-t-il dans ce plan ?
Ce plan de relance est un élément majeur de la reprise post covid européenne. Les chefs d'États se sont accordés sur des critères spécifiques, applicables à chacun. L’UE va emprunter 750 milliards d’euros afin de financer les plans de relance nationaux sous forme de subvention et de prêts.
360 milliards d’euros seront remboursés à l’UE par les Etats membres et les 390 restants le seront à travers le budget européen et par le biais de ressources propres comme la récente taxe sur le plastique, en vigueur depuis le 1er janvier 2021.
Comment ce plan est-il versé à chaque pays ?
Les Etats membres toucheront 70 % du montant entre 2021 et 2023 selon trois critères : sa population, son produit intérieur brut par habitant et son taux de chômage sur la période 2021-2023.
Les 30% restants seront alloués en 2023, et ce, selon sa population et son PIB par habitant mais aussi en fonction de la baisse observée de son PIB entre 2020 et 2021.
Ainsi, l’Italie et l’Espagne devraient être les principaux bénéficiaires, avec 65 et 59 milliards d’euros, suivis par la France avec 37 milliards d’euros.
Quelles sont les conditions liées au versement des aides ?
Les Etats membres ne peuvent pas dépenser l'enveloppe comme bon leur semble. Ainsi 37% doivent être affectés aux objectifs environnementaux européens et 20% assignés à la digitalisation de l’économie.
Le reste doit être utilisé selon des recommandations de la commission.
Les fonds serviront à mieux se préparer aux crises futures, à la réduction des inégalités, à la cohésion économique et à l'éducation. Enfin, les États doivent s’assurer que les subventions européennes sont dépensées dans le respect de l'État de droit.
Revenons sur un fait marquant de la semaine. L’opposant russe Alexeï Navalny souhaite faire son grand retour en Russie, et ce malgré les risques associés ?
Oui l’opposant russe, considéré comme le principal adversaire à Vladimir Poutine et connu pour ses enquêtes et dénonciations des turpitudes de figures emblématiques du pouvoir russe, devrait regagner Moscou dimanche 17 janvier.
Il effectuera son retour via un vol de de la compagnie aérienne Pobeda qui signifie ‘victoire’ en russe, tout un symbole.
Rappelons qu’il avait été transféré vers l’Allemagne après des discussions serrées entre le Kremlin et la chancellerie à Berlin suite à un empoisonnement qui a failli lui coûter la vie et dont tout indique qu’il aurait été orchestré par les services de sécurité russes
Son retour en Russie n’est pas sans risque, le 29 décembre dernier la justice russe - qui lui a intenté de multiples procès pour tenter de le faire taire - lui avait donné 24 heures pour se présenter au commissariat sans quoi il est menacé d’un nouveau séjour en prison.
Sur les réseaux sociaux, Navalny relate les tentatives de Moscou de l’effrayer pour qu’il renonce à son retour. Ainsi, ce même 29 décembre, une nouvelle enquête a été ouverte contre lui l’accusant d’avoir détourné 3,9 millions d’euros par le biais de sa fondation contre la corruption.
Il appelle ses partisans à venir l’accueillir à l’arrivée de son vol accompagné de sa femme et plusieurs journalistes. Il ne semble donc pas effrayé par son éventuelle arrestation sous les yeux des caméras mais rester en Europe pourrait affecter sa légitimité.
Intéressons nous pour terminer à la démographie de l’Union européenne, observe- t-on des différences en Europe ? Notamment où à l’heure de ces confinements à répétitions certains avaient anticipés une sorte de baby boom ?
La fécondité varie entre pays. Ces données permettent d’observer si une population augmente ou diminue de façon naturelle, sans compter l’immigration.
La moyenne européenne est de 1,6 enfant par femme mais elle cache de grandes disparités. Les françaises ont le taux de fécondité le plus élevé de l’UE avec 1,84 enfant par femme, suivis par les suédoise avec 1,76 enfant.
Mais c’est au Sud de l'Europe que les taux enregistrés sont les plus faibles, Malte ne compte que 1,23 naissances par femmes, l'Espagne 1,26, l'Italie 1,29 et le Grèce 1,35.
La natalité varie donc entre pays européens, les pays du Nord font moins d’enfants que ceux du Sud ?
Tout d’abord ce constat n’est pas soudain car on observait déjà cette tendance entre les pays du Nord et du Sud de l’Europe il y a trente ans.
Pour Gilles Pison, chercheur à L'institut national d'Étude Démographique, il y a plusieurs explications. Un des premier facteur est la politique nationale soutenant les familles ayant des enfants en distribuant des allocations, ou en proposant des congés aux parents, ainsi que des services de gardes d’enfants.
Ces prestations et dépenses liées aux congés sont nettement plus élevées dans les pays au nord de l'Europe. La durée des congés peut être longue dans les pays du sud mais l’offre de garde d’enfants est plus démocratisée au nord.
Observe-t-on une nouvelle tendance suite à la pandémie ?
Il est trop tôt pour tirer des conclusions. La fécondité a progressé à partir des années 2000 mais cette tendance s’est inversée après la crise financière de 2007. Reste à voir si la pandémie va avoir le même effet.
Image: reetdachfan