Portugal, le président de Sousa réélu au premier tour ; Russie, importantes mobilisations pour la libération d'Alexei Navalny ; droit du travail et protection environnementale, vers un meilleur traçage des chaines d'approvisionnement de matières premières et de main d'oeuvre en Europe.
Portugal - de Sousa réélu
Dimanche 24 janvier, les portugais étaient appelés aux urnes pour élire leur président, quels sont les résultats de ce scrutin qui s’est tenu dans un contexte sanitaire très tendu ?
L’élection présidentielle vient de se dérouler alors que le Portugal connaît actuellement une deuxième vague incontrôlée qui met à mal les hôpitaux du pays. Malgré ce contexte, l’abstention s’est révélée moins importante que prévu, à 60%.
Sans surprise, l’actuel chef de l'État Marcelo Rebelo de Sousa a, comme le prédisaient les sondages, été réélu dimanche 24 janvier au premier tour.
Celui que tout le monde et même les journaux appellent tout simplement Marcello, façon de marquer la simplicité de cette figure de centre-droit de 72 ans a largement distancé la socialiste Ana Gomes et le candidat d’extrême droite André Ventura qui ont obtenu respectivement 12,24% et 11,9 % des voix. André Ventura n’est pas parvenu à se hisser à la seconde place des élections mais son score est tout de même 9 fois supérieur à celui de son parti aux élections législatives de 2019. Un score interpellant pour un pays longtemps décrit comme 'immunisée' face à l’extrême droite.
Russie - importantes mobilisations pour la libération de Navalny
Prenons maintenant la direction de la Russie, où ce samedi 23 janvier des manifestants ont répondu à l’appel de l’opposant numéro un à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny.
Samedi 23 janvier, la Russie a en effet été le théâtre de larges manifestations, et ce dans plus de 114 villes du pays. Ce mouvement de contestations est sans précédent dans l’histoire récente de la Russie. Au total, 3300 arrestations ont lieu lors de ces rassemblements, qui pour certains, se sont déroulés dans une ambiance très chaotique.
Les manifestants réclamaient notamment la libération d’Alexeï Navalny, arrêté dès son retour d’Allemagne où il avait été soigné pendant des mois après son empoisonnement, en août 2020, orchestré selon toute vraisemblance, par les services secrets russes.
Une importante mobilisation qui n’est pas sans lien avec une vidéo publiée quelques jours plus tôt ?
C’est effectivement la publication il y a quelques jours, sur Youtube, d’une vidéo dans laquelle Navalny et son équipe révèlent, avec force détails, les éléments sur la construction d’un palais destiné à Vladimir Poutine, en bordure de la mer noire, qui a largement contribué au succès de cette mobilisation, malgré les risques et malgré le froid particulièrement rude à cette période. A Yakoutsk des centaines de manifestants ont ainsi bravé une température de -53°.
Ces événements en Russie et le traitement réservé à Alexeï Navalny suscitent un large émoi en Europe et notamment au Parlement européen. Cette actualité a notamment été mise à l’ordre du jour par les eurodéputés ?
Oui, jeudi 21 janvier, les eurodéputés ont adopté une résolution condamnant son arrestation et demandant sa libération immédiate ainsi que pour ses 70 supporters venus l’accueillir à l’aéroport et également arrêtés. Les députés européens demandent aux États membres d’adopter de nouvelles sanctions face au régime Russe.
Certains parlementaires souhaitent encore aller plus loin et demandent l’arrêt du projet en cours du Nord Stream 2 qui vise à augmenter le transit de gaz entre l’Allemagne et la Russie.
Quelle a été la réponse des autres institutions suite aux manifestations ?
On peut souligner la déclaration de Josep Borrell, haut représentant pour la politique étrangère sur le réseau social Twitter où il déplore les « détentions massives » et « l’usage disproportionnés de la force » ainsi que « les coupures d’internet et des communications téléphoniques ». Il indique enfin que les prochaines étapes seront discutées avec les ministres des affaires étrangères européens lundi 25 janvier.
Droit du travail - vers un meilleur traçage des chaines d'approvisionnement de matières premières et de main d'oeuvre en Europe
Restons à Bruxelles où l’UE organise cette semaine un vote décisif sur la responsabilité des sociétés au Parlement européen. En cause, les risques sociétaux et environnementaux de certaines de leurs pratiques. Rappelons-le, un grand nombre de sociétés opèrent en Europe mais continuent de s’approvisionner à des milliers de kilomètres du continent, notamment en matières premières ou en main d'œuvre. Une situation décriée également par l’ONG Human Rights Watch.
En effet, la Commission des affaires juridiques du Parlement européen votera mercredi 27 janvier sur une proposition qui rend obligatoire le suivi complet par les entreprises de toute leur chaîne de production afin qu’elles s’assurent du respect des standards internationaux sur le droit du travail et la protection de l'environnement. Si le comité approuve cette législation, elle sera soumise au vote du Parlement.
Ce n’est pas la première fois que l’Union européenne oblige les entreprises à s’assurer que leurs chaînes d'approvisionnement n'impactent pas négativement les populations locales.
Tout à fait, un des exemples concret de cette politique est le règlement européen sur les minerais provenant de zones de conflit en vigueur depuis le 1er janvier 2021. Il est le résultat de longs débats entre les États membres, le Parlement et la Commission depuis la proposition de cette dernière en mars 2014.
Les smartphones, voitures et bien d’autres objets du quotidien nécessitent en effet des métaux, qui lors de leurs extractions, peuvent servir à financer des groupes armés, comme en République démocratique du Congo où les conflits ont fait des millions de morts depuis les années 90.
Ce règlement sur les minerais provenant des zones de conflits est donc en vigueur depuis le début de l’année mais des chercheurs de l’université d’Anvers se sont penchés sur certains effets négatifs de cette législation. Quelles sont leurs conclusions ?
Ce règlement dissuade les importateurs européens de s’approvisionner auprès de mineurs locaux car leur structure rend difficile l’évaluation de leur lien avec des groupes armés. Cependant selon l’enquête des deux universitaires, au lieu de contrer les groupes armés, ce règlement semble davantage affaiblir les mineurs locaux. En effet, les violences continuent car les groupes armés délaissent l’exploitation de certains métaux et se livrent à des batailles de territoires pour le contrôle des mines d’or, plus facile à faire passer illégalement vers d’autres régions qui ne sont pas perçus comme en conflit et d’où l’exportation est plus facile.
Les chercheurs émettent-ils des recommandations ?
Leurs recherches soulignent trois axes pour mettre fin aux violences entre exploitants et mineurs locaux : des programmes crédibles de soutien aux communautés, l’embauche des populations locales et, enfin, la mise en place de zones prévues pour l'extraction des artisans locaux au sein même des concessions de l'État aux entreprises minières.
Image: Okras, CC BY-SA 4.0