Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 16 décembre

Aujourd'hui en Europe - Mercredi 16 décembre

Le Parlement hongrois a adopté ce mardi un ensemble de mesures anti-LGBT ; suite à l'attribution de la Légion d'honneur au controversé président égyptien, plusieurs personnalités italiennes décident de rendre leur médaille ; course au vaccin, l'Agence européenne du médicament doit se prononcer lundi sur le vaccin Pfizer/BioNTech.

La Hongrie fait à nouveau parler d’elle ! Mardi, le parlement hongrois a en effet approuvé plusieurs lois anti-LGBT. Des textes qui consacrent la position très conservatrice du pays. Un vote qualifié de « jour sombre pour les droits de l’homme », par le directeur d’Amnesty International Hongrie. Pouvez-vous nous dire ce que contiennent ces lois ?

Les députés hongrois ont premièrement voté une série d’amendements à la Constitution. L’un d’eux consacre notamment la notion de genre dans la constitution. Un autre établit une définition stricte de la famille : construite sur le mariage entre une femme et un homme. La nouvelle Constitution souligne enfin l’importance des valeurs chrétiennes de la Hongrie. Une des lois votées interdit ainsi l’adoption d’enfants par des parents homosexuels, ne réservant explicitement qu’aux couples mariés le droit d’adopter. Je le rappelle, en Hongrie, le mariage pour personnes de même sexe est interdit. 

Des lois qui vont à rebours de la position du parti populaire européen, le parti européen dont sont membres les Républicains en France et auquel est toujours affilié le Fidesz, le parti au pouvoir en Hongrie. Un vote doit avoir lieu mercredi pour déterminer si oui ou non le Fidesz peut se maintenir au sein de ce parti européen qui suscite le malaise en gardant le parti d’Orban en son sein et avait déjà été suspendu.

En effet, en mars 2019, le Fidesz a déjà été suspendu des rangs du parti populaire européen. Cette fois-là, c’est une loi anti-immigration controversée qui avait conduit à la suspension du Fidesz. Néanmoins, les eurodéputés hongrois sont toujours formellement membres du Parti populaire européen. 

Outre les dérives du régime d’Orban ce sont les propos de l’eurodéputé hongrois Tamas Deutsch qui sont en cause. Il a ainsi récemment comparé le chef du parti populaire européen, Manfred Weber, à un officier de la Gestapo, la police nazie. 

Pourtant, l’exclusion définitive du Fidesz est encore peu probable. Cela nécessiterait une majorité de 2/3, difficile à obtenir car les  grandes délégation françaises, espagnoles, allemandes et italiennes ont régulièrement affiché leur volonté de garder le parti hongrois dans leurs rangs.

Tournons-nous vers l’Italie. Des Italiens récipiendaires de la Légion d’Honneur française rendent leur médaille ! Ils se plaignent de la visite à l’Elysée du président égyptien. La semaine passée, Abdel Fattah Al-Sissi, le très autocratique dirigeant de l’Egypte a été reçu en grande pompe par le président Macron. 

Tout à fait ! Plusieurs personnalités italiennes ont rendu leur légion d’honneur à l’ambassade de France à Rome. Par exemple, l’écrivain italien Corrado Augias, ancien eurodéputé. Ou Giovanna Melandri, ancienne ministre. Emma Bonino, ancienne ministre italienne des affaires étrangères, a écrit à Emmanuel Macron, pour exprimer son embarras. Ils reprochent au président Macron d’avoir reçu et honoré avec des égards moralement injustifiables le dirigeant d’un pays qui bafoue les droits de l’homme. 

La réaction de ces personnalités italiennes s'inscrit dans le contexte tendu qui existe aujourd’hui entre l’Italie et l’Egypte. En cause, le meurtre d’un doctorant italien au Caire en 2016. 

En effet, l’Italie reproche à l’Egypte de ne pas collaborer pour élucider la mort de Giulio Regeni qui menait des études en Egypte et avait été retrouvé assassiné. Les procureurs italiens chargés de l'instruction ont annoncé jeudi leur intention d'inculper quatre membres éminents des services de sécurité égyptiens dans cette affaire.

De plus, l’Italie reproche à la France, mais aussi à d’autres pays européens de vendre massivement des armes à l’Egypte, ce d’ailleurs, en dépit d’une résolution du parlement européen condamnant ces pratiques. 

Néanmoins, la famille du doctorant assassiné a reproché en juin à l’Italie d’avoir aussi signé un contrat de vente d’armes avec l’Egypte. Un contrat qui se chiffre à un milliard de dollars. 

Terminons en évoquant le vaccin contre le Covid-19. Les Etats membres sont de plus en plus pressés de procéder à la vaccination de leurs citoyens. Néanmoins, l’Agence européenne des médicaments doit encore se prononcer sur le vaccin de Pfizer-BioNTech le 21 décembre. Comment se prépare les États à la vaccination générale qu’ils espèrent mettre en place début 2021 ?

En effet, les Etats membres développent chacun leur plan de vaccination. Tout d’abord, il faut rappeler que le Royaume-Uni est déjà en train de vacciner certains de ses citoyens. En priorité, les personnes âgées de plus de 80 ans ainsi que le personnel soignant. Il s’agit du premier pays au monde à vacciner contre le covid-19. 

En Allemagne, les autorités espèrent obtenir l’approbation de l’Agence européenne pour une vaccination d’ici Noël. Le Portugal prévoit de donner la priorité à 400.000 de ses citoyens les plus vulnérables, et espère vacciner 1 million de ses citoyens d’ici avril. Même son de cloche en Espagne. 

La France prévoit un plan en cinq phases. En janvier, la première phase doit concerner les personnes les plus vulnérables. Autour de février, la deuxième s’étendra aux Français de plus de 65 ans, et ainsi de suite jusqu’à toucher théoriquement tous les Français de plus de 18 ans, à l’été 2021. 

Outre cette volonté des Etats de s’y mettre au plus vite, un vaccin ne résoudra pas la crise. C’est ce que dit le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres. 

Tout à fait, il a rappelé l’importance de s’attaquer aux conséquences économiques et sociales de la pandémie. En effet, le vaccin ne résoudra pas ces problèmes-là. Il a également mis en garde contre, je le cite, un « nationalisme du vaccin ». C’est-à-dire que les pays riches font les préparatifs nécessaires chacun de leur côté, laissant les pays pauvres sur le côté. Il promeut un projet de l’Organisation Mondiale de la Santé, appelé COVAX. Un projet qui nécessite 4,2 milliards de dollars pour fournir des vaccins aux populations les plus pauvres du globe. 

Ulrich Huygevelde – Thomas Kox

crédits photo: Sunny Ripert, CC BY-SA 2.0