Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - Lundi 30 novembre

Aujourd'hui en Europe - Lundi 30 novembre

Affaire Alexeï Navalny, l'Europe veut mettre en place un système commun de sanction pour non-respect des droits de l'homme; santé, après avoir obtenu leur gratuité, l'Ecosse s'attaque aux perturbateurs endocriniens des protections périodiques ; en Suisse, rejet par referendum de la loi sur les "multinationales responsables".

L’Union européenne s’arme pour sanctionner le non-respect des droits de l’homme ! La tentative d’empoisonnement d’Alexei Navalny en août dernier a en effet relancé le débat sur les capacités de l’UE en la matière. Vendredi dernier, le célèbre opposant russe s’est exprimé devant les eurodéputés à propos d’éventuelles sanctions contre la Russie. Pour rappel, Alexeï Navalny, un des plus grands pourfendeurs du régime de Vladimir Poutine avait été empoisonné en août dernier, vraisemblablement par les services russes. Pouvez-vous nous rappeler les faits ?

En effet, Alexeï Navalny s’effondre le 20 août dans un avion reliant Tomsk en Sibérie à Moscou. Après 4 jours d'intenses pressions occidentales le Kremlin avait fini par accepter son transfert dans un hôpital allemand. Une fois rétabli il a accusé Moscou d’avoir commandité son assassinat. La responsabilité du Kremlin n’est pas prouvée mais il existe les plus fortes présomptions d’une implication des services russes dans cet empoisonnement.

En effet des laboratoires allemand, suédois et français ont confirmé la présence de Novitchok dans son organisme. Un poison développé en URSS dans les années 80 et dont seuls les services de l’Etat russe disposent. Ces dernières années, Navalny s’est fait de nombreux ennemis en mettant au jour des faits de corruption des élites.

En octobre, des sanctions ont été prises par l’UE à l’égard de six officiels russes. Selon l’Union, il est impossible que ces 6 personnes n’aient pas été au courant de cette tentative d’empoisonnement.

Suite à cette tentative, de nombreuses voix se sont élevées pour que l’UE se dote d’un mécanisme européen de sanction. Pour l’instant, il s’agit d’une compétence des Etats membres.

Tout à fait ! A ce jour, les Etats s’accordent entre eux et prennent les mesures chacun de leur côté. Déjà depuis 2019, la Commission veut adopter un système européen de sanction lié au non-respect des droits de l’homme. L’UE veut pouvoir adopter seule des mesures individuelles contre des personnes impliquées dans des crimes contre l’humanité ou des meurtres arbitraires. Le 10 décembre, les ministres des affaires étrangères des Etats membres adopteront formellement ce mécanisme.

Dans ce contexte, l’opposant russe, Alexeï Navalny a été invité à s’exprimer au parlement européen vendredi dernier. Il a appelé les eurodéputés à faire preuve de plus de fermeté face à la Russie.

En effet, Alexeï Navalny se montre naturellement très offensif envers les autorités de son pays. Il faut savoir que de nombreuses personnalités russes font déjà l’objet de sanctions européennes et américaines. Celles-ci visent des officiels et des entreprises russes impliquées dans l’annexion de la Crimée en 2014 et dans le conflit en Ukraine. Il a appelé à sanctionner davantage aussi les oligarques proches du pouvoir.

Tournons-nous maintenant vers un autre sujet. Dans une précédente édition, nous avons parlé d’une initiative particulièrement intéressante en Ecosse. Le parlement écossais a voté la semaine dernière la gratuité des protections périodiques. Un moyen de lutter contre la précarité menstruelle et de faciliter l’accès à ces protections pour les femmes. Néanmoins, le combat est loin d’être fini. D’autres problèmes entourent les protections périodiques.

Oui, en effet, commençons par l’impact de ces protections sur la santé. Elles contiennent de nombreuses substances toxiques comme des traces de pétrole et d’agents cancérigènes, par exemple. De plus, elles contiennent des perturbateurs endocriniens. Il s’agit de molécules qui affectent l’équilibre hormonal et agissent négativement sur la croissance, le sommeil ou encore sur le système reproducteur.

En octobre, la Commission européenne a fait part de sa volonté de s’attaquer aux fameux perturbateurs endocriniens. Ces substances chimiques se trouvent dans de nombreux objets du quotidien, produits cosmétiques et hygiéniques mais aussi dans les produits alimentaires transformés.

L’autre impact est environnemental. Ces produits sont habituellement à usage unique et constituent donc une masse de déchets considérables.

Tout à fait ! L’ONG écossaise Zero Waste Scotland estime que 340.000 de ces produits sont jetés chaque jour dans les toilettes des écossais. Dans l’Union européenne, il s’agirait de 590.000 tonnes de ces protections qui seraient jetées chaque année. Les protections périodiques font partie du top 5 des déchets qui polluent nos océans. Comme je l’ai mentionné précédemment, ils contiennent du plastique, des pesticides, et une partie de ces déchets finissent dans la mer.

Terminons par un détour par la Suisse. Dimanche, les électeurs ont été appelés aux urnes pour une votation, c’est-à-dire un référendum. En tout, 14 des 26 cantons suisses ont rejeté une loi imposant des obligations plus strictes pour les grandes entreprises suisses. Une alliance d’ONG voulait contraindre les entreprises à rendre des comptes sur leurs activités à l’étranger. Pouvez-vous nous en dire plus sur le contenu de cette loi rejetée ?

Oui, l’initiative dite « sur les multinationales responsables » porte sur le respect des droits de l’homme et de l’environnement. Il aurait érigé des règles permettant de mieux observer le comportement des grandes entreprises suisses à l’étranger. De plus, il aurait été possible de poursuivre ces entreprises devant les tribunaux suisses en cas de manquement à leurs obligations. Sont visées, par exemple, la société Syngenta qui vend à l’étranger des pesticides interdits en Europe ou Glencore, accusée de polluer les sols au Congo.

La période précédant le vote a été marquée par une campagne de communication particulièrement agressive sur les réseaux sociaux et dans les médias. Il s’agit là d’un enjeu particulièrement polarisant.

Victor D’Anethan – Ulrich Huygevelde

crédits photo: Udo Pohlmann de Pixabay