L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Un potentiel accord de paix autour d'un statut de "neutralité" de l'Ukraine
- La Russie accuse l'Azerbaïdjan d'avoir violé l'accord de cessez-le-feu avec l'Arménie
- Le Maroc renforce les contrôles d'exilés dans plusieurs villes du Sahara Occidental
Un potentiel accord de paix autour d'un statut de "neutralité" de l'Ukraine
Commençons ce journal en abordant les dernières communications du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Dans une récente interview donnée aux médias russes, le président ukrainien évoque un potentiel accord de paix autour d’un statut de “neutralité” du pays. À quoi fait-il référence ?
Effectivement, le président ukrainien annonçait dimanche dans une interview donnée à plusieurs médias russes qu’il était “ouvert à un statut neutre pour son pays et à un "compromis" sur la région du Donbass", dont certaines parties sont tenues par les forces prorusses depuis 2014. Cette neutralité, dont l’idée a été introduite par la Russie, signifierait pour l’Ukraine l’abandon de ses ambitions de rejoindre l’OTAN et un éventuel compromis sur le territoire contrôlé par l’armée russe avant son invasion, le 24 février dernier. L’Ukraine a, il faut le rappeler, déjà été “neutre” jusqu’en 2014, et cela n’a pas empêché l’annexion de la Crimée. L’Ukraine reste donc prudente sur les garanties apportées par Moscou.
Une “neutralité” qui s'assortit néanmoins de conditions strictes du côté de Kiev.
En effet, le président ukrainien refuse de céder du terrain dans d’autres domaines, notamment en ce qui concerne la démilitarisation du pays. Aussi, si un accord est effectivement signé, il ne se fera qu’avec l’organisation d’un référendum, Volodymyr Zelensky ayant bien spécifié que “les Ukrainiens doivent avoir leur mot à dire dans tout changement territorial potentiel”. Un référendum qui ne peut avoir lieu tant que les forces russes restent sur le territoire ukrainien conquis après le début de l’invasion.
Ces interviews ont d’ailleurs été interdites à la diffusion en Russie.
Oui, l’organisme russe de surveillance des communications a interdit aux médias de publier leur interview, ce qui, selon Zelensky, est la preuve que Moscou “détruit la liberté d'expression dans son pays”. Plus de 112 000 personnes ont néanmoins eu accès à cette interview en russe sur la page YouTube ou Telegram de plusieurs médias impliqués. Les médias diffuseurs ont tous reçu des avertissements pour violation de la loi, comme “Novaya Gazeta” l’un des derniers médias indépendants du pays, qui a annoncé l’interruption temporaire de ses activités jusqu’à, je cite, “la fin de l'opération militaire spéciale” de la Russie.
Malgré l’engagement des discussions en Turquie, la signature d’un hypothétique accord de paix semble pourtant loin d’être aussi simple.
En effet. Des négociateurs russes et ukrainiens sont tous deux présents en Turquie depuis lundi pour plancher sur un accord de paix. Cette signature semble néanmoins loin d’être évidente, Zelensky ayant rappelé quelques jours après son interview que les priorités dans les négociations étaient “la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine”. De son côté, Poutine ne voit je le cite “aucun intérêt” à rencontrer son homologue ukrainien avant que les négociations entre les deux pays aient suffisamment avancé, d’après Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe. Pendant ce temps, plusieurs villes ukrainiennes continuent d'être lourdement bombardées, tandis que la situation humanitaire se détériore encore à Marioupol et Volnovakha.
La Russie accuse l'Azerbaïdjan d'avoir violé l'accord de cessez-le-feu avec l'Arménie
Continuons cette édition en prenant la direction cette fois-ci du Haut Karabakh, où la Russie a accusé samedi dernier l’Azerbaïdjan d’avoir violé l’accord de cessez-le-feu avec l’Arménie. Mais comment expliquer ce conflit du Haut Karabakh ?
Et bien, terre historique arménienne, le Haut-Karabakh est une région disputée entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis des décennies et contrôlée depuis 1994 par les Arméniens. Cette région a été le théâtre d’une guerre de 44 jours en 2020, un conflit qui s’est soldé par une victoire de l’armée azerbaïdjanaise, mieux équipée et largement soutenue par la Turquie. L’accord de cessez-le-feu conclu le 10 novembre 2020, sous l’égide du Kremlin, a donné le contrôle d’une large partie du Karabakh à Bakou, et a surtout permis le déploiement de soldats de la paix russes dans la zone.
Un accord signé en 2020, que l’Azerbaïdjan aurait violé samedi dernier, d’après la Russie.
Effectivement, d’après une annonce faite ce samedi par le ministère russe de la Défense, les forces azerbaïdjanaises auraient installé un poste d’observation et effectué quatre frappes par drones dans une zone contrôlée par des soldats de la paix russes près du village de Farrukh. Une situation pour laquelle la Russie s’est dite “préoccupée”, appelant au calme après ce qu’elle a qualifié de violations de cessez-le-feu, négocié en 2020 par le président Vladimir Poutine. Le commandant russe s’est d’ailleurs dit “prêt” à prendre des mesures en vue d’un règlement de la situation.
Une annonce russe d’escalade de tension que l’Azerbaïdjan a très vite démenti.
Oui de son côté Bakou prétend qu’elle n’a fait que contrer l’incursion d’unités de sabotage arméniennes. Le ministère de la Défense a expliqué qu’il n’y avait eu aucun changement dans les positions de l’armée azerbaïdjanaise et en a également profité pour rappeler que le Haut Karabakh faisait “partie intégrante des territoires souverains d'Azerbaïdjan”. Une situation qui a tout de même causé la mort de trois soldats côté arménien.
Le Maroc renforce les contrôles d'exilés dans plusieurs villes du Sahara Occidental
Terminons ce journal en se tournant cette fois ci du côté du Maroc où les autorités ont fait état de deux morts, noyés en tentant de prendre la mer vers l’Espagne.
En effet, et rien que ce dimanche, en plus des deux corps retrouvés après le chavirement d’une embarcation, les autorités marocaines ont également interpellé 236 exilés qui s'apprêtaient à quitter le sud du Maroc pour rejoindre l'archipel des Canaries, en Espagne. Ces interpellations sont le fruit d’un renforcement des opérations de police dans plusieurs des principales villes du Sahara occidental.
Un renforcement des contrôles, donc, qui coïncide avec les récentes annonces de Madrid sur le dossier Sahara Occidental.
En effet, le 18 mars dernier, l’Espagne et le Maroc ont normalisé leurs relations, et ce grâce à la récente prise de position du premier ministre espagnol sur le plan marocain “d’autonomie” pour le Sahara occidental. D’après lui, le plan marocain est, je cite, “la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend”. Une position inédite pour l’Espagne, qui a toujours prôné sa neutralité vis-à-vis de ce conflit opposant le Maroc à l’Algérie. Une annonce accueillie positivement par les autorités marocaines, qui ont longtemps été accusés d’utiliser l’immigration illégale comme moyen de pression sur Madrid. Rabat a récemment décidé d’intensifier les contrôles d’immigration irrégulière vers l’Europe.
Elisa Greco - Laura Léger
Tous les journaux "Aujourd'hui en Europe" sont disponibles ici