L'essentiel de l'actualité européenne du jour :
- Ukraine : 1er procès pour crimes de guerre
- Des centaines de migrants refoulés par les autorités grecques
- L'état de droit détérioré en Hongrie
Ukraine : 1er procès pour crimes de guerre
Commençons ce journal en prenant la direction de l’Ukraine, trois mois après le début de l’invasion russe. Lundi 23 mai s’est tenu au tribunal de Kyiv le premier procès pour crimes de guerre depuis le début de l’invasion. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Effectivement, lundi, le sergent russe Vadim Shyshimarin a été condamné à la prison à vie après avoir admis le meurtre d’un civil non armé dans un village du nord-est de l'Ukraine au début de la guerre. Un verdict qui pourrait ouvrir la voie à une série d'autres poursuites pour des allégations de crimes de guerre commis par les forces russes depuis le début du conflit.
Plusieurs acteurs de la Communauté internationale, dont la Cour Pénale Internationale et les Nations unies, ont ouvert des enquêtes distinctes.
Plusieurs missions d’observations ont été mises en place pour documenter les éventuels crimes de guerre commis sur le territoire ukrainien, par l’ONU ou la Cour Pénale Internationale, par exemple. Au-delà de ces missions internationales, la procureure générale d'Ukraine a déclaré dans une interview que ses services avaient répertorié jusqu’ici environ 13 000 cas de crimes de guerre présumés commis par les Russes en Ukraine. Autant de crimes que les États-Unis tiennent eux aussi à documenter à travers “l’observatoire du conflit”, un projet à 6 millions de dollars sous forme de plateforme en ligne vouée à partager avec le public les informations liées aux éventuels crimes sur le territoire “afin d’aider à réfuter les efforts de désinformation de la Russie” selon les mots du département d’État américain.
Des centaines de migrants refoulés par les autorités grecques
Rendons-nous à présent en Grèce où des centaines de migrants ont été refoulés par les autorités à l’entrée du territoire. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, lundi dernier 590 personnes réparties sur cinq voiliers et quatre canots ont tenté de traverser la mer Egée afin de rejoindre le territoire grec. Elles en ont été empêchées par les autorités grecques qui ont alerté leurs homologues turcs afin qu’ils les ramènent en Turquie. Il s’agit de la plus grande tentative d’entrée cette année d’après les gardes-côtes grecs. Si 3000 demandeurs d’asile sont arrivés dans le pays depuis le début de l’année selon les chiffres officiels grecs, ce chiffre est en forte baisse par rapport à 2020 où plusieurs milliers de personnes arrivaient chaque mois.
De quoi s’interroger sur la légalité de ces refoulements et le respect des droits humains…
Effectivement, sur la période janvier 2020-mars 2021, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a documenté environ 300 expulsions illégales autour des îles grecques et de la frontière terrestre de l’Evros. La Grèce mais également l’agence européenne Frontex sont ainsi régulièrement pointés du doigt par différentes ONG, dont Amnesty International qui dénonce la violence de certaines opérations de refoulements. Le pays a été plusieurs fois rappelé à l’ordre par les institutions européennes. En septembre 2021, par exemple, la Commission a conditionné des aides supplémentaires à la politique migratoire de la Grèce à l’établissement d’un mécanisme indépendant chargé d’éviter ces expulsions illégales.
Et quelle a été la réaction du gouvernement grec ?
Le gouvernement grec dirigé par le Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis, assume cette politique répressive. Le gouvernement refuse de reconnaître ces refoulements comme illégaux et se félicite de la baisse du nombre de demandeurs d’asiles. Par ailleurs, il utilise l’idée que les migrants sont une arme utilisée par la Turquie contre la Grèce et que celle-ci ne fait donc que se défendre. La question migratoire vient donc corser encore davantage une relation déjà difficile entre la Grèce et la Turquie, notamment sur la délimitation des zones maritimes riches en hydrocarbures.
L'état de droit détérioré en Hongrie
Poursuivons ce journal en évoquant la Hongrie où la Commission européenne estime que l’état de droit est en constante détérioration.
Sur fond de préoccupations concernant l’utilisation abusive des fonds de l’UE de la part de la Hongrie, la Commission européenne a lancé le 27 avril une procédure administrative contre Budapest. Dans le cadre de cette procédure, la Hongrie a été auditionnée lundi dernier par le Conseil de l’Union européenne.
Le bras de fer entre la Hongrie et l’Union européenne n’est pas nouveau, mais quel a été le verdict de l’audition ?
Suite à l’audition de la Hongrie, la Commission européenne a jugé, ce 23 mai, que la situation de l’Etat de droit en Hongrie ne présentait aucune amélioration, notamment dans les domaines de l’indépendance du système judiciaire, de la liberté d’association, du pluralisme des médias ou encore de la place de la société civile dans le pays.
Un manque de transparence et des entorses flagrantes à l’Etat de droit illustrées notamment par le recours des autorités hongroises au logiciel d'espionnage Pegasus.
La Hongrie aurait utilisé le logiciel Pegasus à l’encontre de journalistes et de militants de la société civile. En tout, plus de 300 citoyens hongrois auraient vu leurs téléphones infectés par Pegasus. Ce logiciel espion, développé en 2011 par l’entreprise privée israélienne NSO Group, est capable d'infiltrer n'importe quel téléphone portable, pour les transformer en dispositif d’espionnage.
Quelles sont les sanctions que pourrait appliquer la commission européenne face à la Hongrie ?
Avant d’arriver à des sanctions, la Commission européenne espère parvenir à un accord avec Budapest et mettre en place, par la suite, des mesures qui permettront de corriger la situation. Cependant, il est possible que les négociations n’aboutissent pas. La Commission a d’ores et déjà suspendu certains fonds de relance européens en direction de la Hongrie, pour un total de plus de 40 milliards d’euros.
Une commission d’enquête du Parlement européen au sujet de l’utilisation du logiciel Pegasus a d’ailleurs lancé ses travaux le 20 avril dernier.
Une investigation nécessaire selon le président de cette commission: ‘‘Nous avons vu à de nombreuses occasions des personnes innocentes, des journalistes et des avocats, ciblées par des logiciels espions, et cela représente un problème énorme pour la démocratie et l’État de droit.”
Juliane Barboni & Laura Léger
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