L'Europe au secours de l'Inde, gravement touchée par une nouvelle vague de Covid-19. Le naufrage d'une embarcation de migrants fait 130 morts en Méditerranée. La Commission européenne s'engage dans la lutte contre la résistance antimicrobienne (RAM). Possible levée de l'immunité pour l'eurodéputé grec Giannis Lagos.
L'Europe au secours de l'Inde, gravement touchée par une nouvelle vague de Covid-19
Commençons ce journal par l’annonce dimanche de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen de soutenir l’Inde pour lutter contre une nouvelle vague de COVID-19 particulièrement meurtrière.
Oui, le pays, qui compte 1,3 milliard d’habitants, a recensé pour la seule journée de dimanche près de 350 000 nouveaux cas de Covid-19. Les hôpitaux indiens font face à des pénuries importantes en oxygène, en médicaments, et en lits d'hôpitaux. Cette explosion des contaminations est due à l’apparition d’un nouveau variant du coronavirus mais aussi à l'inaction du gouvernement indien, qui malgré les mises en garde, a laissé se dérouler, les dernières semaines, des rassemblements massifs.
La présidente Ursula von der Leyen a précisé que l’UE "activera le Mécanisme de protection civile de l’UE.” Ce mécanisme existe depuis 2001, il permet aux Etats membres volontaires de coordonner leur aide, et ainsi de déployer des moyens dans le monde entier en cas de situation d’urgence de grande ampleur.
Oui, la France et l’Allemagne vont ainsi fournir des générateurs d’oxygène supplémentaires, la Belgique, quant à elle, a annoncé à travers la voix de sa ministre de la Coopération du développement, Meryame Kitir, l’envoi d’un stock de médicaments d’une valeur de 3 millions d’euros.
Le naufrage d'une embarcation de migrants fait 130 morts en Méditerranée.
Au Sud de l’Europe, la Méditerranée a été le théâtre d’un nouveau naufrage d’une embarcation provenant de Libye, et qui a provoqué la mort de 130 personnes.
Oui, selon un rapport publié par l’ONG Alarm Phone, ce bateau a été repéré dès le matin du 21 avril, mais le navire Ocean Viking de l’organisation humanitaire SOS Méditerranée était trop éloigné et n’est parvenu sur place que dans la soirée du lendemain. Il n’a pu que constater ce nouveau désastre et la mort des passagers.
Selon ce même rapport, “ces morts ne sont pas un accident”, dans le sens où les victimes auraient pu être sauvées.
En effet, selon les ONG ce sauvetage relevait avant tout de la responsabilité des gardes-côtes libyens, dont les missions sont pour partie financées par l’UE. Ces gardes-côtes sont théoriquement chargés de venir en aide aux embarcations en détresse. Pourtant, malgré le signalement du navire, ils n’auraient pas réagi pendant plusieurs heures et ont finalement renoncé à intervenir pour cause de mauvais temps.
En mars dernier un rapport du Conseil de l’Europe avait déjà alerté sur cette situation qualifiée de “tragédie honteuse”.
Oui, la non-intervention des gardes-côtes libyens était donc un scénario possible, sinon probable. Pourtant, le jour même du naufrage, ni les autorités italiennes ni celles de Malte ne sont intervenues, car elles considéraient les gardes-côtes libyens comme “les autorités compétentes”. Enfin, selon les rapports successifs, l’agence européenne de gardes-côtes Frontex a aussi sa part de responsabilité, puisque depuis 2019, elle s’est retirée de la zone à la demande des Etats.
Ces derniers jours, des personnalités comme le pape François ou encore l’ancien premier ministre italien Enrico Letta ont dénoncé cet énième naufrage.
En effet, Enrico Letta, qui dirige le Parti démocrate, l’une des formations qui composent le gouvernement italien, a réclamé le 24 avril la réalisation d’un “plan pour les migrations” à l’instar de ce que Bruxelles met en place avec son plan de relance européen contre les conséquences de la pandémie. Le sénateur Enrico Aimi, membre lui du parti de droite Forza Italia, a lui au contraire accusé les ONG de porter une “grandissime responsabilité” dans la situation humanitaire en Méditerranée.
La Commission européenne s'engage dans la lutte contre la résistance antimicrobienne (RAM).
Tournons-nous à présent vers la Commission européenne, qui vient d’annoncer sa volonté d’agir davantage pour lutter contre le phénomène de résistance antimicrobienne (RAM), c'est-à-dire la capacité des micro-organismes à résister aux traitements antimicrobiens, et surtout aux antibiotiques.
La commissaire européenne à la santé Stella Kyriakides l’a dit jeudi 22 avril devant le Parlement européen : la résistance antimicrobienne est “l’une des menaces les plus graves pour la santé mondiale”. Cette résistance des microbes aux traitements peut poser problème même pour réaliser des opérations chirurgicales basiques, et elle est aujourd’hui responsable de 33 000 décès dans l’UE chaque année.
Un responsable de l’OMS sur ce sujet Peter Beyer, a récemment expliqué que la résistance aux antibactériens est “stimulée par leur mauvaise utilisation dans le secteur agroalimentaire”, et ce problème crée un besoin constant de “nouveaux antibiotiques pour remplacer ceux contre lesquels les bactéries deviennent résistantes”.
Tout à fait ! Ainsi la Commissaire Stella Kyriakides a rappelé que la “stratégie ‘de la ferme à la table’ vise à réduire de moitié, d’ici à 2030, les ventes d’antimicrobiens dans l’UE pour les animaux d’élevage et les cultures rétrogrades”. Elle a ajouté qu’un projet pilote d’innovation sera lancé prochainement, en soutien avec le nouveau programme EU4Health, et il visera à rémunérer les résultats plutôt que l’effort des chercheurs de laboratoire, ce qui devrait pousser le secteur privé à créer des produits plus performants, enfin capable d’outrepasser la résistance progressive micro-organismes.
Possible levée de l'immunité de l'eurodéputé grec Giannis Lagos.
Terminons cette édition en évoquant une récente décision du Parlement européen. Les 705 eurodéputés sont réunis en session plénière du 26 au 29 avril, et ils se sont prononcés hier sur la levée de l’immunité de l’eurodéputé grec Giannis Lagos.
Oui, Giannis Lagos avait été condamné en octobre 2020 pour avoir dirigé le parti politique Aube dorée. Ce parti d’extrême-droite est considéré par la justice grecque comme un groupe néonazi et une “organisation criminelle”. Giannis Lagos a donc été condamné le 7 octobre à 13 ans de prison, mais il a alors quitté la Grèce pour se réfugier à Bruxelles, où il bénéficie de l’immunité parlementaire, en tant qu’eurodéputé.
Pour pouvoir le poursuivre en justice, les autorités grecques ont dû demander au Parlement européen qu’il lève cette immunité.
Une commission interne au Parlement, la commission des affaires juridiques, l’a déjà fait, et cette décision a été soumise hier au vote des 705 députés. Le résultat devrait normalement être communiqué aujourd’hui.
Si l’immunité est levée, les autorités grecques pourront émettre un mandat d’arrêt international à l’encontre de Giannis Lagos, et il pourra donc être arrêté par la police belge.
Thomas Kox - Romain L'Hostis
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