Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille et Laura Léger.
Au programme de cet épisode :
- Le XXe congrès du parti communiste chinois
- La dégradation de la relation franco-allemande
- L'accord signé entre l’Union européenne et la Lettonie.
Commençons ce journal en revenant sur le XXe congrès du parti communiste chinois qui vient de se terminer à Pékin. Xi Jinping y a obtenu un troisième mandat inédit depuis Mao.
L’éviction de l’ex président Hu Jintao de la tribune, devant la presse, est venue rappeler l’autoritarisme de l'ombrageux président qui a placé ses obligés aux postes clés du régime. Comment l’Union européenne se positionne-t-elle face à ce régime ?
Et bien, les 27 cherchent justement à s’aligner sur la position à adopter vis-à-vis de Pékin. Sur le plan économique, la Commission européenne souhaite limiter les importations de produits chinois dans des domaines considérés comme “stratégiques”. Il est par exemple question de limiter l’achat de batteries électriques et des semi-conducteurs et de créer des filières sur le sol européen. En bref, l’idée de la Commission européenne se base sur une émancipation des secteurs où l'Europe est aujourd’hui dépendante de la Chine. C’est aussi le cas pour l’importation de panneaux solaires, la Chine étant un fournisseur quasi exclusif de l’Europe.
La guerre en Ukraine a-t-elle rappelé l’urgence pour l’Europe d’être plus indépendante dans ses importations de matériel stratégique ?
En quelque sorte. La guerre en Ukraine replace la question des approvisionnements stratégiques comme enjeu central pour l’Europe. Si l’Europe n’envisage pas un repli strict vis-à-vis de Pékin, Bruxelles cherche à sécuriser ses livraisons pour éviter d’être à la merci de difficultés au cas où les relations viendraient à se dégrader avec Pékin.
Mais des divisions internes bloquent l’UE dans sa recherche d'une stratégie face à la Chine. Quels sont les sujets de discorde ?
Et bien, l’Europe n’est pas aussi binaire que les États-Unis sur la question de l’importation des matières premières et des technologies. Les 27 cherchent la bonne réponse face au ton de plus en plus belliqueux de Pékin dans les affaires internationales. Si certains pays de l’UE ne sont pas pressés de mettre en place des barrières commerciales avec la Chine, certains États, à l’instar de la France, souhaiteraient la mise en place de règles plus strictes face au renforcement de l’autoritarisme chinois marqué notamment par la répression des Ouighours et les menaces d’annexion de Taïwan. Une loi sur la vigilance des entreprises, qui les forcerait à connaître le premier maillon de leur chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire connaître les fournisseurs de leur fournisseur, est en discussion.
Continuons ce journal en nous penchant sur la dégradation de la relation franco-allemande. Le conseil des ministres conjoint qui devait se tenir cette semaine est repoussé à début 2023. Officiellement, pour des problèmes d’agenda, cette annulation coïncide avec une série de mésententes. Une annulation, inédite, qui serait notamment due à des désaccords sur les questions de défense.
En effet, la défense est un terrain de mésentente entre Paris et Berlin. Elle représente pourtant un secteur clé pour l’Europe, surtout au vu de la guerre en Ukraine. Le gouvernement d’Olaf Scholz a en effet décidé de s'afficher au côté de 13 pays de l’Union européenne pour acquérir un bouclier anti-missile auprès d’Israël. Cette initiative n’a pas plu à Paris, qui aurait préféré travailler sur une option européenne.
Autre sujet de dissensions : le couple franco-allemand ne partage pas le même avis sur les enjeux énergétiques.
On peut effectivement voir la question de l’énergie comme un autre marqueur de cette discorde. La décision de la France de s’appuyer fortement sur son programme nucléaire afin d’atteindre la neutralité pour ses émissions de carbone crée des crispations en Allemagne, notamment auprès des verts membres de la coalition d’Olaf Scholz. Et puis le plafonnement du gaz de façon unilatérale en Allemagne a aussi participé à la montée des tensions des deux côtés du Rhin.
La personnalité des deux dirigeants est également très différente
Oui alors que l’hexagone peine à appréhender un chancelier allemand taiseux et peu communicatif, Emmanuel Macron est plutôt perçu en Allemagne comme un président dominant.
Terminons ce journal en revenant sur l’accord qui a été signé ce 21 octobre entre l’Union européenne et la Lettonie dans le cadre de la politique de cohésion. À ce titre un budget de 4,6 milliards d’euros est prévu pour le pays balte afin de soutenir une économie et une société vertes et équitables en 2021-2027.
Oui, pour rappel la politique de cohésion est une politique de solidarité au niveau européen. Celle-ci se traduit notamment par des centaines de milliers de projets qui bénéficient partout en Europe de l’aide du Fonds européen pour le développement régional, du Fonds social européen et du Fonds de cohésion. À ce titre, un accord a été trouvé entre la Lettonie et la Commission afin de soutenir la cohésion économique et territoriale.
Et sur les 4,1 milliards d’euros débloqués, 3 milliards seront dédiés à la transition écologique, la mobilité, l’innovation et la recherche.
Oui, afin d'accroître la sécurité, l’efficacité énergétique et la résilience face au changement climatique de la Lettonie, 839 millions d’euros seront investis dans les sources d’énergie renouvelables, telles que l’éolien et le solaire. Une somme similaire sera consacrée à la recherche et à l’innovation ainsi qu'à la numérisation accrue des petites et moyennes entreprises. La mobilité fait également l’objet d’un investissement important puisque 1,2 milliards d’euros seront injectés pour la construction de tramways, pistes cyclables et la modernisation des chemins de fer.
Au-delà de la transition énergétique, c'est également l’équité sociale qui est visée par ces fonds.
Absolument, afin de mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux, le Fonds social européen plus (FSE+) et le Fonds européen de développement régional (FEDER) prévoit également un montant de 1,2 milliard d’euros. L’allocation de cet argent servira entre autres à améliorer l’accès à l’éducation, l'intégration sociale des personnes exposées au risque de pauvreté et à fournir des denrées alimentaires et produits de premières nécessité aux personnes fuyant la guerre en Ukraine.