Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'euradio à Bruxelles. Avec Margot Klein, Thomas Kox, Giona Melotto, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme:
- La Russie est suspectée d’avoir saboté un câble sous-marin dans la mer baltique
- En Grèce, des manifestations ont éclaté pour protester contre la hausse des coûts de la vie
- A Moscou, le gouvernement ferme le musée du Goulag pour “raisons de sécurité” mais les opposants au régime n’en croient rien
Bonjour, entamons ce journal en évoquant un incident qui inquiète la Finlande et les autres pays voisins de la Russie.
Un câble sous-marin de 1200 kilomètres de long a été endommagé lundi dernier dans la mer Baltique. Le câble reliait la capitale finlandaise d’Helsinki et Rostock, en Allemagne. Pour l’instant, il n’y a pas de preuve que c’était un acte de sabotage, mais la Suède et la Finlande ont ouvert une enquête. Le ministre allemand de la défense Boris Pistorius a aussi exprimé ses doutes quant à un possible accident: “Personne ne croit que ces câbles ont été coupés par accident”, a-t-il déclaré.
Et les pays impactés ont un suspect en tête : la Russie.
Le ministre de la défense finlandais Antti Häkkänen a déclaré à Politico “Nous savons que la Russie a les capacités et la volonté d’orchestrer un acte de sabotage en Europe”.
L’Europe craint aussi une guerre “hybride” avec Moscou, c'est-à-dire une guerre qui combine d’autres outils que la guerre traditionnelle.
Oui, par exemple des actes de sabotages comme on peut le suspecter en mer baltique, mais aussi des campagnes de désinformation ou encore des “cyberguerres”.
Ce n’est en effet pas la première fois que des incidents de la sorte se produisent dans la mer baltique.
L’année dernière, un gazoduc reliant la Finlande à l’Estonie, crucial pour le réseau énergétique finnois avait été endommagé par l’ancre d’un bateau chinois. Et en 2022, un acte de sabotage a endommagé un autre gazoduc reliant la Russie à l’Allemagne. Mais les enquêtes n’ont pas permis de désigner un coupable.
La mer baltique est le théâtre de tensions entre l’OTAN et la Russie depuis le début de l’invasion en Ukraine.
Les ministres de la défense de plusieurs pays européens, dont la France, le Royaume-Uni ou encore l’Allemagne, ont d’ailleurs alerté dans un communiqué l’OTAN et Bruxelles sur l’ “escalade hybride de Moscou” contre les pays européens et l’OTAN. D’autant plus que désormais, tous les pays frontaliers de la Russie sont membres de l’Alliance Atlantique, ce qui ne plaît pas à Moscou. La Suède a été le dernier pays à rejoindre l’alliance début 2024.
Poursuivons ce journal en Grèce ou ce mercredi 20 novembre plus de 19 000 personnes se sont mobilisés lors d’une grève nationale.
Oui, 15000 personnes à Athènes et 4000 à Thessalonique, deuxième ville du pays, sont descendues dans les rues pour manifester contre la vie chère lors d’une grève générale incluant les travailleurs des secteurs public et privé. La grève, qui a duré 24 heures, avait été lancée par deux syndicats, celui du secteur public ADEDY et celui du secteur privé GSEE, qui ensemble comptent plus de 2 millions de travailleurs.
Les dirigeants syndicaux critiquent les politiques économiques du gouvernement de centre-droit de Kyriakos Mitsotakis.
Pourtant, M. Mitsotakis et son gouvernement, qui sont très proches des entrepreneurs et des secteurs productifs, sont accusés par les manifestants de favoriser les entreprises plutôt que les salariés. En 2023, le PIB grec a augmenté de 2 %, soit des performances meilleures qu’(au niveau européen. Le chômage devrait tomber sous le seuil du 10%. De plus, les agences de notation financières, les grandes sociétés internationales qui évaluent les obligations émises par les pays et les entreprises, ont félicité le gouvernement de Mitsotakis pour ses récentes réformes fiscales.
Pourtant, l’inflation est très haute et la Grèce reste un pays marqué par de profondes inégalités.
« Le coût de la vie augmente et nos salaires sont très bas, tandis que les coûts élevés des logements ont laissé les jeunes dans une situation tragique », a déclaré Yannis Panagopoulos, directeur du syndicat GSEE.
En Grèce, environ un quart de la population est au-dessous du seuil de risque de pauvreté.
Le salaire minimum est fixé à 860 euros brut tandis que les prix n'arrêtent pas d'augmenter. M. Mitsotakis a récemment promis d’augmenter le salaire minimum à 950 euros, mais son projet a été critiqué parce que la réforme ne devrait pas être suffisante pour assurer une vie décente à la plupart des personnes dans une société où l'écart entre les riches et les pauvres continue à se creuser.
Terminons ce tour des actualités en Russie, où la répression s’accentue encore.
Le Kremlin a annoncé la fermeture du musée du Goulag à Moscou jeudi 14 novembre. Officiellement, le musée ferme pour des “raisons de sécurité” liées aux règlements de sécurité incendie, mais les détracteurs du régime accusent le coup.
Le département de la culture de la ville de Moscou a déclaré que le musée pourrait rouvrir ses portes une fois qu’il respecterait les règles de sécurité.
Mais les opposants russes craignent qu’il soit définitivement fermé. Les autorités russes ont en effet déjà évoqué des préoccupations en matière de sécurité incendie comme prétexte pour fermer des institutions culturelles indépendantes, comme dans le cas de l’Université européenne de Saint-Pétersbourg en 2008.
La décision de fermer le musée survient en parallèle d’une campagne menée par les autorités russes contre la société civile et ceux qui remettent en question l’interprétation de l’histoire par l’État.
Après la chute de l’Union soviétique, la Russie avait connu une brève période où l'examen de son histoire de répression était encouragé. Mais sous la présidence de Vladimir Poutine, l’État a cherché à refaçonner la mémoire historique, en glorifiant le passé soviétique.
Les sondages montrent que la plupart des Russes admirent aujourd’hui Staline et son héritage.
Et parallèlement, l’invasion de l’Ukraine a déclenché en Russie une résurgence du nationalisme.
Un journal de Margot Klein et Giona Melotto