Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, présenté par Raphaël Ligot, Félix Doladille, Laura Léger et Tania Korwin-Zmijowski.
Au programme de cet épisode :
- Crise énergétique et tensions politiques en Moldavie
- Reprise de Kherson par l'Ukraine, victoire symbolique et stratégique
- Changement de stratégie énergétique en Allemagne
Bonjour à toutes et à tous, bonjour Laura, ouvrons ce journal en évoquant la situation difficile en Moldavie.
Bonjour à tous, bonjour Félix. Effectivement, ce petit pays d’Europe de l’Est coincé entre l’Ukraine et la Roumanie subit de plein de fouet les conséquences de la guerre en Ukraine. Le pays est notamment confronté à une grave crise énergétique après que Chisinau a perdu la quasi-totalité de ses approvisionnements en énergie. La Moldavie est notamment privée des approvisionnements venant d’Ukraine et de la région séparatiste pro-russe de Transnistrie, qui lui fournissait jusqu’à présent près de 70% de ses besoins.
La Roumanie tente de soutenir son voisin en difficultés mais n’est pas en mesure de compenser intégralement ces baisses de livraisons d’énergie. Face à l’augmentation par 6 des prix et la nécessité de trouver de nouveaux fournisseurs, le pays estime avoir besoin de 1,1md d’euros pour passer l’hiver.
La Russie est accusée d’attiser cette crise contre la Moldavie dont elle cherche à déstabiliser le gouvernement pro-européen en place à Chisinau.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, le débat politique moldave est polarisé à l’extrême. Chaque dimanche, l’opposition prorusse organise des manifestations pour protester contre le coût de la vie mais aussi pour demander la démission de la présidente Maia Sandu. De plus, la nomination contestée d’un procureur anticorruption par le ministre de la justice affaiblit le gouvernement qui risque de voir sa cheffe se faire remplacer.
La présidente vient de dénoncer les interférences de Moscou dans les affaires intérieures du pays, accusée d’attiser l’agitation.
Dans une récente interview, la présidente moldave a accusé la Russie d’exploiter la forte inflation afin de faire tomber le gouvernement. Les manifestations organisées chaque dimanche par les services secrets russes, selon Maia Sandu, ne sont qu’une partie des ingérences russes en Moldavie. Le Kremlin coutumier d’attaque hybride utilise l’énergie comme une arme. Gazprom, société russe très proche du pouvoir et 1er fournisseur de la Moldavie, à réclamer une dette largement surévaluée.. Une demande de remboursement controversée puisque la dette a été contractée par la Transnistrie, région séparatiste prorusse.
Le soutien de Moscou aux forces séparatistes fait également partie de la stratégie de déstabilisation dénoncée par les autorités moldaves
La Russie maintient en effet un contingent de deux mille soldats en Transnistrie depuis le début des années 1990. Moscou refuse de les retirer, malgré les demandes répétées de Chisinau. Et cela s’ajoute aux violations régulières de l’espace aérien moldave par des missiles russes. Le 31 octobre, un missile russe abattu par Kyiv a fini sa course en moldavie. Aucune victime n’a été à déplorer, mais l’incident a déclenché un certain émoi dans le pays.
Pour continuer ce journal, revenons sur l’évolution de la situation en Ukraine, où la reprise de la ville de Kherson pourrait constituer un tournant dans le conflit.
Oui Félix, cette victoire a une très forte force symbolique pour les Ukrainiens, qui récupèrent la seule capitale régionale contrôlée jusqu’à présent par les Russes. Vendredi 11 novembre peu après la libération de la ville, le président Zelensky qui s’était rendu sur place a affirmé que l’Ukraine venait également de récupérer la totalité des territoires annexés par la Russie. Avec cette victoire Kyiv a repris le contrôle de la totalité des 4 500 kilomètres carrés occupés par la Russie sur la rive droite du Dniepr.
Cette victoire est symbolique, elle est aussi stratégique Laura
Tout à fait, la prise de la ville ouvre la voie vers la Crimée, annexée par les Russes depuis 2014. Le départ du canal alimentant la Crimée en eau douce, qui part de Nova Kakhovka, se trouve désormais à portée des obus ukrainiens. La Crimée se transforme peu à peu en forteresse assiégée. Mais cette victoire militaire, ne marque pas pour autant la fin de la guerre, tout au plus «le début de la fin», selon Volodymyr Zelensky. Récemment le président ukrainien a même évoqué la possibilité de négociations avec Moscou, tout en expliquant que des négociations ne pourraient avoir lieu qu’après le départ de Poutine et un changement de pouvoir à Moscou.
De son côté, l’Europe s’engage à renforcer son aide à l’Ukraine en 2023.
La commission européenne a récemment annoncé fournir 18md d’euros en 2023 pour soutenir l’économie du pays très affectée par ces 9 mois de guerre. Cette aide macro financière sera versée en 4 tranches et prendra la forme de prêts. L'argent destiné à l’Ukraine sera emprunté sur les marchés au nom de l’UE. Néanmoins la tâche ne sera pas aisée, il faudra mettre d’accord l’ensemble des membres sur l’aide à apporter à l’Ukraine alors que Budapest freine le processus. En 2022, l’UE avait déjà promis 9 milliards à l’Ukraine mais seulement 3 milliards ont pour l’instant été effectivement déboursés.
Pour terminer ce journal tournons nous du côté de Berlin, qui avec la guerre en Ukraine se voit obligé de réinventer sa stratégie énergétique.
Avant l’agression russe en Ukraine, 75% du gaz consommé en Allemagne venait de Russie et transitait notamment par les gazoducs Nord Stream 1 et 2. Aujourd’hui, il manque à l’Allemagne environ 50 milliards de mètres cubes de gaz dans ses livraisons annuelles.
Dans le cadre de son plan pour remplacer le gaz russe, le gouvernement allemand a inauguré, le 15 novembre, son premier terminal flottant destiné à recevoir du gaz naturel liquéfié (GNL). Le premier navire de regazéification devrait quant à lui arriver à la mi-décembre. L’infrastructure construite en urgence pour faciliter l’importation de gaz naturel liquéfié est la solution pour Berlin. Le gouvernement souhaite remplacer 50 à 60% du gaz russe par du GNL en 2023.
Berlin s’est félicité de la réalisation dans un temps record du projet, mais cela s’est fait en passant outre un certain nombre de normes environnementales.
Oui Félix, la réalisation du projet en 6 mois a impliqué un rythme de construction encore jamais vu en Allemagne. Cela a été rendu possible grâce à des dérogations et la suppression des évaluations d’impact environnemental. Les ONG, qui ont été largement écartées du processus, ont fait part de leurs inquiétudes concernant une éventuelle pollution due notamment au fait que Uniper, le géant gazier exploitant l’infrastructure, est tenu de nettoyer ses installations au chlore, lequel sera ensuite rejeté dans la mer.
Merci Laura et merci à tous pour votre attention !