Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Le Parlement européen adopte l'AI act
- En Lituanie, l'ancien bras droit de Navalny agressé
- En Allemagne, le ministère de la défense envisage de rétablir le service militaire
Bonjour Ariane, à la une de ce journal : l’adoption le 13 mars par le Parlement européen de l’AI act, le texte de régulation de l’usage des intelligences artificielles.
Oui, les eurodéputés se sont mis d’accord sur ce texte en discussion depuis le déploiement de Chat GPT en 2022.
Le programme de la société Open AI a rapidement fait preuve de ses potentialités mais également des menaces que peuvent représenter les Intelligences artificielles génératives.
C’était d’ailleurs un des grands enjeux de ce texte : cadrer les usages de l’IA sans pour autant entraver le développement d’un outil qui pourrait révolutionner de nombreux domaines.
Le commissaire au marché intérieur Thierry Breton résume cette approche sur le réseau social X : « nous régulons le moins possible, mais autant que nécessaire ». L’objectif est également de laisser la porte ouverte à des modifications du texte en fonction des avancées de l’IA dans les années à venir.
Ce texte est la première loi contraignante au monde à cadrer l’usage de l’IA. Concrètement, que change-t-il ?
Le texte prévoit différents cadres en fonction des risques potentiels de chaque système d’IA. Au niveau le plus bas, les programmes à usage général devront se conformer aux exigences de transparence de l’UE et aux normes sur les droits d’auteurs. Par exemple, une image faussée par l’usage de l’IA devra être clairement signalée comme telle.
Comment détermine-t-on une IA à risques ?
Le texte voté définit plusieurs domaines dans lesquels l’usage de ces systèmes peut être particulièrement menaçant, notamment dans les secteurs de la justice, de l’éducation ou encore en matière d’organisation des élections. Concrètement, si un système d’IA porte atteinte à la sécurité des personnes ou à leurs droits fondamentaux, ce dernier sera classé dans la catégorie risque élevé voire inacceptable.
Pour le moment ce texte fait face à une lever de boucliers, ses détracteurs lui reprochant plusieurs points assez flous.
Certaines associations craignent que ces imprécisions ne permettent aux développeurs de facilement contourner les restrictions. Notamment en ce qui concerne les “obligations de transparence” pas encore réellement définies. De l’autre côté, les lobbys regrettent un texte qui pourrait ralentir le développement d’innovations de l’intelligence artificielle en Europe.
Poursuivons ce journal à Vilnius, capitale de la Lituanie, où s’est déroulée une agression loin d’être anodine, celle de Leonid Volkov, ancien bras droit de l’opposant russe Alexeï Navalny.
Une attaque à coup de marteau, dont cette figure de l’opposition russe se sort avec plusieurs blessures dont un bras cassé. L’agresseur n’a pour le moment pas été identifié, mais les autorités lituaniennes et la victime ont directement accusé Moscou d’avoir voulu envoyer un nouveau signal à l’opposition russe à quelques jours d’une élection présidentielle qui aura tout de la parodie.
Même s’il n’y a que peu de suspens quant au simulacre d'élections qui se tiendra ce week-end, le président russe Vladimir Poutine use de tous les moyens pour tenter de réduire l’opposition au silence.
Le président russe qui n’aura aucune véritable opposition face à lui ce week-end. La principale figure d’opposition Alexeï Navalny étant mort en prison en février, et l’ancien député Boris Nadejdine n’ayant pas été autorisé à se présenter. Ne restent donc que quelques candidats de figuration représentants de partis mineurs ou affilié à Russie Unie, la formation de Vladimir Poutine, pour faire acte de présence dans un scrutin joué d’avance.
Pour annihiler ce qui reste d’opposition dans le pays, le régime du Kremlin n’aurait d’ailleurs pas hésité à identifier les personnes qui sont rendues au récent hommage à Alexeï Navalny pour les envoyer de force sur le front en Ukraine.
Oui des photos des convocations ont été relayées par le média russe en exil Readovka. Des convocations qui auraient été envoyées à tous les hommes s’étant rendus aux hommages à Alexeï Navalny.
Tout laisse penser qu’il s’agirait d'une nouvelle tentative de détruire les derniers restes de l’opposition au Kremlin. Le but étant de mettre en garde la population en faisant passer le message : voilà ce qui peut arriver si vous soutenez l’opposition.
Toujours sur fond de guerre en Ukraine concluons ce journal en Allemagne, où le ministère de la défense envisage de rétablir le service militaire.
Alors que le pays cherche à se renforcer sur le plan militaire face à la menace russe, le ministre de la défense Boris Pistorius a déclaré vouloir mettre en place un service militaire allemand. Ses modalités exactes restent encore à définir, mais le ministère ne cache pas pencher pour un modèle à la suédoise. C’est à dire un service sélectif basé sur un questionnaire et des tests physiques, à la fin desquels certains se voient proposés une formation militaire.
L’objectif serait donc de mettre en place un modèle similaire après les prochaines élections générales, c'est-à-dire en 2025. Cela permettrait également à Berlin d’atteindre un de ces objectifs, à savoir celui de posséder une armée de plus de 200000 hommes d’ici à 2031.
L’objectif risque néanmoins d’être difficilement atteignable, au vu de l’état actuel de l’armée allemande.
Oui, les effectifs de l’armée allemande ne cessent de baisser, malgré les campagnes de recrutement mises en place par le gouvernement. En 2019, l’armée comptait plus de 190 000 militaires, mais n’en dispose plus que de 180 000 aujourd’hui. Elle paie également des années de sous-investissements qui la placent loin derrière ses voisins français et italiens au classement du site Global Firepower.
Enfin, cette volonté de rétablir le service militaire pourrait être difficile à faire accepter au Bundestag, le parlement allemand. Au sein de la coalition majoritaire, le SPD étant le seul parti favorable à cette mesure.
Un journal de Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde