Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme du jour :
- Les craintes des ministres des affaires étrangères des 27 à propos de la situation en Tunisie.
- L'accord UE-Mercosur.
- Belfast : un nouvel accord lié au Brexit.
Bonjour à toutes et à tous, ouvrons ce journal, en évoquant les craintes des ministres des affaires étrangères des 27 à propos de la situation en Tunisie.
Bonjour à tous, oui lors du conseil des ministres des affaires étrangères des 27 le haut représentant des affaires étrangères de l’UE, Josep Borrell a fait part de ses craintes d’un effondrement de la Tunisie. Depuis 2019 et la prise de pouvoir de l’autoritaire Kais Saied, le pays connaît en effet de graves difficultés économiques qui se doublent désormais d'aujourd'hui d’une dérive répressive de plus en plus inquiétante.
L’Union européenne s’inquiète notamment des récents propos ouvertement racistes du président tunisien.
Oui, aux arrestations massives de dissidents politiques se sont ajoutées les agressions racistes sur les migrants subsahariens. Le président a semblé mettre de l’huile sur le feu en accusant les migrants d’être à la source de tous les maux de la Tunisie et en reprenant à son compte des théories complotistes. Josep Borrell a demandé à la Tunisie de respecter "l’État de droit, les droits de l’homme” et d’assurer "la finalisation du programme déjà convenu avec le Fonds monétaire international".
Une dégradation de la situation de la Tunisie, longtemps partenaire méditerranéen privilégié de l’UE.
Oui, Tunis est un rouage essentiel de la politique méditerranéenne de l’UE et de ses États-membres. Elle a longtemps été considérée comme le bon élève des États de la région après les printemps arabes. Ce pays est de loin celui qui reçoit le plus d’aides financières européennes dans la région, rapportées au nombre d’habitants. Depuis la révolution de 2011, l’UE a soutenu le pays à hauteur de plus de 3 milliards d’euros. En 2023, environ 150 millions d’euros doivent lui être versés.
Qu’est-ce qu’a décidé l’UE face à cette situation ?
Comme l’expliquait un diplomate européen récemment dans les colonnes du journal Le Monde : "La question aujourd’hui est de savoir comment mieux aider le pays et notamment aider les forces démocratiques. D’un côté, on ne veut pas laisser la Tunisie s’effondrer, mais, de l’autre, on ne veut pas soutenir le régime de Kaïs Saïed. C’est un vrai dilemme."
Les ministres des affaires étrangères ont décidé d'envoyer une mission d’évaluation en Tunisie. La ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, et son homologue portugais, João Gomes Cravinho, ont été mandatés pour mener d’urgence une évaluation en attendant peut-être des mesures plus difficiles.
Continuons ce journal en revenant sur le délicat accord UE-Mercosur. Ce lundi se déroulait à Bruxelles le conseil agricole de l’UE. Une occasion pour les États membres de revenir sur l’accord en négociation depuis l’an 2000.
L'accord de libre-échange entre le Mercosur et l'Union européenne permettrait d’accroître considérablement les échanges commerciaux, notamment agricoles, avec l’Amérique du Sud, en supprimant plus de 90 % des taxes que s'imposent les deux continents. La commission européenne ainsi que de nombreux États-membres à l’instar de la Suède et de l'Espagne poussent pour la mise en place de cet accord, fortement défendu par l’industrie agro-alimentaire. Berlin qui souhaite renforcer ses liens commerciaux avec l’Amérique latine fait aussi pression pour cet accord.
Et l’accord ne semble pas faire consensus au sein des 27.
Oui, certains États-membres doutent de l'intérêt de cet accord de libre-échange. Le ministre autrichien de l'Agriculture s'est déclaré opposé à l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur lors du Conseil agricole. Selon lui, "restreindre l’agriculture en Europe en imposant des normes toujours plus strictes tout en important du bœuf et du sucre d’outre-mer avec des normes moins strictes ne fonctionne pas”. Il a ajouté que la Commission "devrait se concentrer sur une agriculture forte, un marché intérieur qui fonctionne et la sécurité alimentaire". Ces critiques récurrentes sont partagées par la France et les Pays-Bas, qui souhaitent la mise en œuvre de “clause miroir” pour un échange plus équitable.
Le coût environnemental est également pointé du doigt.
En effet, l’Amazonie au cœur des pays du Mercosur souffre déjà d’une déforestation intensive. L’Amazonie représente 27 % de la couverture forestière mondiale et 60 % de la vie terrestre mondiale d’après le Programme des Nations unies pour l’environnement. Il semble difficile de demander à ces pays de tenir des engagements climatiques et de préservation de la biodiversité, tout en stimulant la demande européenne en denrées agricoles, y compris en viande bovine.
De plus, 27 % des pesticides utilisés par les éleveurs brésiliens sont strictement interdits par la réglementation de l’UE.
Tout autre sujet, tournons-nous du côté de Belfast, qui connaît une paralysie de ses institutions depuis presque un an et qui pourrait voir la situation se débloquer par l’adoption d’un nouvel accord lié au Brexit.
Fin février, le premier ministre, Rishi Sunak, est parvenu à renégocier le protocole nord-irlandais avec Bruxelles. Il espérait ainsi apaiser les tensions communautaires, toujours vives dans la province, vingt-cinq ans après le traité de paix du Vendredi saint, qui mit fin à la guerre civile entre unionistes et nationalistes. -Cet accord ou "cadre de Windsor" élimine une grande partie des barrières douanières du protocole. Et l’Irlande du Nord garde un pied dans l’UE, ce qui continue de contrarier les leaders des partis unionistes.
Néanmoins le DUP, parti nationaliste nord-irlandais votera contre.
En effet, Jeffrey Donaldson, le chef de file du DUP, a annoncé lundi que son parti voterait contre. La question est de savoir si, malgré tout, il acceptera de siéger de nouveau à Stormont pour mettre fin à l’impasse politique. Selon le traité du Vendredi saint – qui a instauré un partage parfait du pouvoir entre les deux communautés –, le Parlement ne peut en effet fonctionner sans la participation des unionistes ou des nationalistes. Ce parti, qui est viscéralement attaché au Royaume-Uni, s’oppose en particulier au mécanisme baptisé "frein de Stormont". Celui-ci doit permettre au Parlement nord-irlandais de bloquer l’application de toute nouvelle législation européenne dans la province britannique.
Merci à toutes et à tous pour votre attention !