Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Ukraine : électricité et argent
- Mercosur : Macron avance, la France recule
- Belgique : troisième soutien anti drone, le Royaume-Uni, après la France et l’Allemagne
On commence ce journal en Ukraine, visée dans la nuit de samedi à dimanche par “l’une des plus graves attaques pour le secteur énergétique depuis le début de la guerre” selon les mots du vice-ministre de l’Énergie ukrainien. Cette offensive a provoqué d’importantes coupures de courant dans plusieurs régions du pays.
Oui. Plus de 450 drones et 45 missiles ont visé l’Ukraine samedi. Cette fois, la défense anti-aérienne a eu du mal à contenir l’assaut : alors que le taux d’interception tourne habituellement autour de 80 %, seulement la moitié des engins ont pu être neutralisés ce week-end. Une situation qualifiée de “difficile” par le président Volodymyr Zelensky dimanche, qui a rappelé que près de 100 000 habitants de la région de Kharkiv sont toujours privés d’électricité, d’eau et de chauffage.
Il a par ailleurs rappelé le besoin de “sanctions pour priver la Russie de ses capacités à poursuivre la guerre”, et que Kyiv comptait sur “les décisions appropriées des Etats-Unis, de l’Europe et des pays du G7”.
L’Europe, qui n’a pas réussi à s’accorder vendredi sur l’utilisation des avoirs russes gelés.
Vendredi, les discussions entre la Commission européenne et le gouvernement belge se sont soldées par un échec. Pour rappel, la Commission souhaite puiser dans les actifs russes confisqués depuis le début de la guerre, une très grande partie d’entre eux étant conservés en Belgique. Mais le pays s’y oppose pour l’instant, estimant qu’une telle décision ferait courir un risque de perte de confiance envers l’Union dans sa gestion des fonds étrangers, et pourrait provoquer des représailles de Moscou.
Plusieurs pistes alternatives ont toutefois été évoquées : l’émission d’une dette commune européenne ou une contribution collective des 27 États membres.
Mais une solution inattendue pourrait venir… de Norvège.
Oui, une majorité de partis politiques du pays se disent favorables à l’idée de puiser dans le fonds souverain pour garantir le prêt de 140 milliards d’Euros prévu pour l’Ukraine.
Le fonds souverain norvégien, rappelons-le, est l’une des plus grandes réserves financières au monde, alimentée par les revenus du pétrole et du gaz, riche de près de 2000 milliards de dollars. Le gouvernement de Jonas Gahr Støre n’a pas encore présenté de proposition officielle, mais l’ensemble des formations du Parlement d’Oslo soutiennent l’idée, inspirées par une tribune d’économistes norvégiens.
La tribune souligne aussi que la Norvège est devenue, depuis le début de la guerre, le principal fournisseur de gaz de l’Union européenne, engrangeant plus de 108 milliards d’euros de bénéfices depuis février 2022. Son co-auteur, Håvard Halland, rappelle enfin que la Norvège est aussi concernée par la menace russe partageant près de 200 kilomètres de frontière avec la Russie.
On poursuit ce journal en France, où le revirement d’Emmanuel Macron sur la signature de l’accord Mercosur a provoqué une vague d’indignation.
Jeudi, en déplacement à Belém à l’occasion de la COP 30, le président a jugé la nouvelle version de l’accord “tout à fait acceptable”, alors que Paris s’y opposait jusqu’ici fermement.
Ce week-end, les réactions ont fusé sur tout l’échiquier politique, y compris dans les rangs du gouvernement.
Oui. Si l’accord Mercosur représente l’une des priorités du mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, il s’est longtemps heurté à la fermeté de la France qui voyait une menace pour ses agriculteurs.
L’ouverture du marché européen aux grandes puissances agricoles d’Amérique du Sud inquiète Paris, qui dénonçait jusqu’ici l’absence de “clauses miroirs” et de mesures de sauvegarde — autrement dit, des règles garantissant une équité de normes entre les produits européens et ceux du Mercosur, ainsi qu’un dispositif de protection du marché face aux déséquilibres que pourraient provoquer des importations massives.
La nouvelle version de l’accord, Ulrich, est jugée “satisfaisante” par Emmanuel Macron — une appréciation que semble ne pas partager sa ministre de l’Agriculture, ni une opinion publique toujours très critique.
Oui. La France “ne signera pas un accord qui condamnerait ses agriculteurs”, a affirmé dimanche la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. Semblant contredire les déclarations du Président, elle affirmait dans une interview récente à Ouest-France ne pas exclure de bloquer la signature du texte, alors que le Brésil s’est dit prêt à finaliser l’accord avec l’Union européenne d’ici le 20 décembre.
À droite comme à gauche, cet assouplissement du président de la République est perçu comme une “trahison” — le mot est celui de Céline Imart, eurodéputée du Parti populaire européen, mais aussi de Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA, le principal syndicat agricole. À gauche, Manon Aubry évoque une “capitulation devant Bruxelles”.
Et on termine ce journal en Belgique, survolée samedi, pour la deuxième fois de la semaine, par des drones. Une opération coordonnée visant les aéroports de Bruxelles et de Liège, ainsi que plusieurs bases militaires. La France, l’Allemagne et, plus récemment, le Royaume-Uni ont annoncé l’envoi de renforts et de soutien technique.
Oui, les trois pays répondent à l’appel du ministre belge de la Défense, Théo Francken, qui a annoncé jeudi demander de l’aide aux pays de l’Otan après une nouvelle intrusion au-dessus du pays. Jeudi soir, l’unité anti-drone allemande a ainsi été déployée en Belgique d’après le général allemand Alexander Sollfrank. Une annonce qui précédait de quelques heures l’engagement de la France puis du Royaume-Uni pour soutenir Bruxelles.
Un soutien qui intervient à un moment où les tensions entre la Belgique et Moscou sont particulièrement vives, et où le pays se sent de plus en plus menacé par les drones.
Oui, la Belgique qui abrite, pour rappel, les sièges de l’UE, de l’OTAN et la banque chargée de la gestion des avoirs russes gelés, a été particulièrement ciblée ces dernières semaines. Théo Francken évoque notamment des “opérations d’espionnage” et a annoncé débloquer un plan d’urgence de défense contre les drones, dotées d’une enveloppe de 50 millions d’euros, en plus donc, de l’aide de ses voisins.
Un journal de Baptiste Maisonnave, Ulrich Huygevelde et Paul Thorineau.