Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Les discussions du sommet du Conseil européen
- Les élections législatives en Serbie
- Un accord trouvé sur l'indépendance des médias européens
Bonjour Joris, démarrons ce journal en évoquant le sommet du conseil européen qui s’est tenu les 14 et 15 décembre. Outre la décision concernant l’ouverture des négociations d’adhésion avec l'Ukraine, ce conseil a également abordé des questions concernant le cadre financier de l’Union jusqu’en 2027.
Oui, si ce sommet était particulièrement attendu pour l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, d’autres sujets figuraient également à l’ordre du jour. Et parmi ceux-ci la révision du cadre financier pour la période allant de 2021 à 2027. Un budget qui est actuellement d'environ 1200 milliards d’euros, répartis entre divers domaines tels que le marché unique, l’environnement ou encore la politique migratoire. Ce qui correspond donc à un budget annuel de 173 milliards d’euros
Pour rappel, l’Union européenne définit depuis 1988 son budget sur une période de 7 ans, imposant ainsi un cadre auquel elle peut se restreindre sur le moyen-long terme.
Et que comptent modifier les dirigeants des 27 dans ce budget ?
Tout d’abord, cette réforme implique un renforcement des moyens alloués pour faire face à la crise migratoire. Il comprend notamment 2 milliards supplémentaires à destination des États, je cite, “en première ligne” pour les aider dans leur surveillance des frontières.
Les 27 souhaitent également augmenter les fonds alloués au soutien des pays tiers toujours dans le cadre de la crise migratoire. On pense notamment à la Tunisie, avec qui l’Union européenne souhaite renforcer ses relations, toujours dans cette optique de régulation de l’immigration.
Le conseil souhaite également faciliter le développement des “technologies stratégiques”.
Pour cela, il bénéficie d’un nouveau levier, la plateforme de soutien des technologies européennes. Une plateforme qui aurait pour but de contribuer à financer ces fameuses technologies stratégiques, à savoir les technologies durables ou encore numériques. Un fond qui en l’état est critiqué pour son manque d’ambition, mais qui pour plusieurs eurodéputés notamment du groupe Parti Populaire Européen, n’est qu’un premier pas pour créer un véritable “fonds de souveraineté européenne”.
Toutefois, cette réforme du budget n’est pas encore actée.
Non, 26 États sur 27 sont parvenus à se mettre d’accord, mais la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban a fait barrage à l’application de ce texte. Le principal point de désaccord étant l'attribution d’une nouvelle aide à hauteur de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine, qui fait toujours face à l’agression russe.
Qu’est-ce qui pose concrètement problème avec cette aide pour Viktor Orban ?
Le dirigeant hongrois, souvent pointé du doigt pour son ambiguïté vis-à-vis de Moscou, estime que cette aide ne devrait pas être inclue dans le budget de l’Europe. Pour rappel, dans ces 50 milliards d'aides, 17 sont compris dans le budget de l’Union sous forme de dons, tandis que les 33 milliards restants sont des emprunts.
Le président du Conseil européen Charles Michel a d'ores et déjà annoncé la tenue d’un sommet “exceptionnel” pour revenir sur cette question du budget au début de l’année 2024.
Continuons ce journal en se rendant en Serbie, où se sont tenues des élections législatives anticipées.
Les prévisions qui anticipaient une large victoire du Parti Progressiste, parti de droite du Président Alexandar Vucic se sont amplement vérifiées. Le parti au pouvoir emporte une quasi majorité à 46% des voix, leur permettant d’obtenir 127 sièges sur les 250 qui composent le parlement. Des élections qui étaient notamment marquée par un faible taux de participation d’environ 43%
Une déception pour l’opposition, qui s’était alliée dans le cadre d’une grande coalition pour faire barrage au Président Vucic.
Oui, plusieurs partis s’étaient unis sous la bannière de “la Serbie contre la violence”, mais n’ont obtenu que 23% des voix. L’alliance formée à la suite des fusillades qui avaient endeuillées le pays au mois de mai a d’ailleurs évoqué des soupçons de fraude. Une enquête publiée quelques jours avant le scrutin mentionne ainsi des achats de votes par le Parti Progressiste. Celui-ci aurait proposé à des employés de centres d’appel de tripler leur salaire, en échange de la preuve d’un vote en sa faveur.
Des soupçons de fraudes dans un pays largement dominé par la figure du président Vucic.
Depuis plusieurs jours, le Président a mené une campagne agressive pour rallier à lui le plus d’électeurs possible. Ses apparitions dans les médias se sont multipliées ces dernières semaines, au même titre que sa présence sur des panneaux d’affichages. Il s’accapare d’ailleurs une partie du mérite en déclarant à la suite des premiers résultats que “son travail était de tout faire pour que le Parti Progressiste obtienne la majorité au parlement”.
Concluons ce journal en revenant sur l’accord auquel sont parvenus le Conseil européen et le Parlement sur l’acte pour la liberté des médias européens.
Ce texte proposé par la commission en septembre 2022 a pour but de protéger l’indépendance et la diversité de la presse européenne. Il vise notamment à lutter contre la surveillance des journalistes mais aussi celle de leurs sources. Un aspect de ce texte critiqué par certains députés d’ailleurs, puisque la surveillance reste possible dans le cas d’enquêtes sur de potentiels “crimes graves”.
Cette réforme s’assure également que les médias du service public soient bel et bien neutres de toute influence politique, notamment en rendant plus difficile le licenciement des employés.
Comment l’Union européenne compte-t-elle faire respecter ces règles ?
En procédant à la création d’un conseil européen des services de médias. Ce conseil, qui sera constitué de plusieurs autorités des médias à l’échelle nationale, aura pour rôle de promouvoir le respect de ce texte. Il coordonnera également des mesures servant à cadrer des médias non européens qui pourraient présenter un risque “envers la sécurité publique”.
Un journal de Joris Schamberger et Ulrich Huygevelde.