Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Le premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, nommé à la tête de l’OTAN
- En Hongrie : L’ONG anti-corruption Transparency et un média d’investigation visés par une enquête par le bureau “de protection de la souveraineté”
- Le nouvel accord signé entre la Serbie et l’UE sur la gestion migratoire renforce le mandat de Frontex
Ouvrons ce journal en évoquant la nomination officielle et attendue du Premier ministre néerlandais sortant - Mark Rutte - à la tête de l’OTAN
Il ne s’agissait en effet pas d’une grande surprise. La semaine dernière, le retrait de la candidature du président roumain Klaus Iohannis avait dégagé la voie au dirigeant néerlandais - Mark Rutte -, qui restait donc le dernier candidat en lice à ce poste.
Mercredi 26 juin, les ambassadeurs des trente-deux pays de l’alliance atlantique ont donc acté sa nomination en tant que Secrétaire général de l’organisation basée à Bruxelles. Il remplacera le Norvégien Jens Stoltenberg, en poste depuis dix ans.
À noter que Mark Rutte a fini par obtenir le soutien des dirigeants turc et hongrois, Recep Tayyip Erdogan et Viktor Orban, pourtant peu enthousiastes à l'idée de nommer, pour la quatrième fois dans son histoire, un Néerlandais à la tête de l'OTAN.
S’il n’est pas un spécialiste des questions de défense, la longévité au pouvoir de Mark Rutte et son sens du compromis, ont fait de lui un candidat relativement consensuel.
Tout à fait. Surnommé "Mark Téflon" pour sa longévité au pouvoir, il était le chef du gouvernement néerlandais depuis 2010. Issu d’un parti de centre droit libéral - le parti populaire pour la liberté et la démocratie - il avait annoncé en juillet dernier, sa démission après la chute de sa coalition dont les composantes n’avaient pas réussi à s’aligner sur la question migratoire.
Mark Rutte quittera donc, en juillet prochain, la tête du gouvernement avant de prendre les manettes de l'Alliance le 1er octobre 2024.
Autre élément clef qui a joué en sa faveur : son soutien continu à l'Ukraine depuis l’invasion de Moscou en février 2022.
Effectivement, avec un accord de deux milliards d’euros d’aide militaire sur 10 ans et la livraison prochaine d’avions de combat F-16 à Kiev, les Pays-Bas comptent parmi les principaux alliés européens de l’Ukraine.
Mark Rutte a d’ailleurs assuré que La Haye "continuera à soutenir l'Ukraine de toutes les manières et aussi longtemps que nécessaire” lors d’un récent sommet pour la paix en Suisse.
Outre la menace russe, le dirigeant néerlandais devra composer avec le résultat des élections américaines en novembre, avec une potentielle victoire de Donald Trump.
Mark Rutte pourrait en effet avoir à composer avec une nouvelle présidence du candidat républicain qui a multiplié les critiques à l'égard du rôle de l'OTAN, une organisation qu’il juge “obsolète”. À noter que les États-Unis sont des poids lourds dans l'Organisation, représentant à eux seuls la moitié du poids militaire de l'Alliance.
Poursuivons notre journal en Hongrie où l’ONG anti-corruption Transparency International et le média d’investigation Atlatszo sont dans le viseur des autorités.
Mardi 25 juin, le bureau de protection de la souveraineté - un organe mis en place par le Premier ministre Viktor Orban pour lutter contre les « interférences étrangères » - a ouvert deux enquêtes contre chacune de ces organisations. Elles sont accusées de « mener des activités financées par des subventions étrangères et de nature à influencer les décisions des électeurs ».
Et pourquoi la Hongrie cible-t-elle ces organisations ?
L’ONG et le média d’investigation déclarent n’avoir pas été choisis “au hasard”. Tous deux mettent régulièrement en lumière la corruption en Hongrie - cancre de l’UE en la matière selon le classement opéré par Transparency International.
De son côté le média Atlatszo, avait à plusieurs reprises alerté sur atteintes répétées à la liberté de la presse et la quasi-impossibilité pour les médias indépendants d’exister face à l'empire médiatique bâti par Viktor Orban - qualifié de “prédateur” de la liberté de la presse par RSF.
En Europe et outre atlantique, ce bureau hongrois “de protection de la souveraineté” suscite des inquiétudes certaines ?
Si officiellement cet organe a pour mission d’assurer la sécurité nationale par un contrôle accru des organisations qui bénéficient de financements étrangers, Bruxelles comme Washington y voient une énième offensive du pouvoir à l’encontre de l’opposition et des contre-pouvoirs.
Cette décision hongroise fait écho à une loi similaire sur les “agents étrangers” adoptée en Géorgie fin mai. Une loi très controversée qui a d’ailleurs suscité de nouvelles réactions à Bruxelles en début de semaine.
Effectivement, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell a annoncé que l’UE pourrait réduire ses contacts et suspendre l’aide financière accordée au pays - candidat à l’adhésion depuis décembre 2023 - mais qui semble se tourner de plus en plus vers la Russie. Un sentiment partagé quasi unanimement par les 27, à l'exception de la Hongrie.
On termine notre tour de l’actualité en évoquant un nouvel accord conclu entre l’UE et la Serbie sur le contrôle des frontières. Un accord qui s’inscrit dans une longue lignée de partenariats signés entre l’UE et des pays tiers.
Oui, la commissaire européenne aux Affaires intérieures, Ylva Johansson, était, mardi 25 juin à Belgrade pour rencontrer le ministre de l'Intérieur serbe, Ivica Dacic. Objectif de la rencontre : approfondir la coopération en matière de lutte contre la migration irrégulière et la “criminalité transfrontalière” avec le pays des Balkans et “partenaire clé” de l’UE selon les mots de la commissaire.
Concrètement, l’agence européenne Frontex pourra désormais soutenir les forces de l'ordre serbes, non plus uniquement aux frontières avec la Hongrie ou la Bulgarie mais également aux frontières avec les pays voisins non membres de l’UE comme la Macédoine du Nord et la Bosnie Herzégovine.
La Serbie est un point de transit stratégique pour les migrants qui tentent de rejoindre l’UE.
Plus de 480 agents de Frontex sont actuellement présents le long de cette “route des Balkans occidentaux” - l'une des principales voies de migration vers l'Europe. À noter que de nouveaux accords migratoires pour renforcer le mandat de Frontex sont actuellement en cours de négociation avec l'Albanie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro.
Un journal de Paul Thorineau et Paloma Biessy