Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Le déplacement du président du Conseil européen Charles Michel à Budapest
- En République Tchèque, le scepticisme des conservateurs face à l’arrivé de l’euro
- Une crise budgétaire sans précédent en Allemagne
Bonjour à toutes et à tous, ouvrons ce journal en revenant sur la mission que Charles Michel, le président du Conseil européen effectue ce lundi à Budapest pour tenter de convaincre le premier ministre hongrois Viktor Orban d’adopter une position plus conforme aux attentes de Bruxelles face aux grandes échéances européennes à venir.
Oui c’est une mission compliquée qu’effectue ce lundi Charles Michel, le président du Conseil européen à Budapest. Il tentera de convaincre le premier ministre Viktor Orban de ne pas mettre son véto à l’ouverture des négociations de l’Ukraine à l’Union européenne le mois prochain. Si la commission européenne a donné son feu vert à l'ouverture des négociations avec l'Ukraine, ce sont les chefs d'Etats et de gouvernements qui devront valider définitivement la procédure en décembre lors du prochain conseil européen.
Et les inquiétudes se font de plus en plus vives sur la décision de la Hongrie
Oui le premier ministre hongrois Viktor Orban a réaffirmé il y a quelques jours que son gouvernement “résisterait” à la perspective d’entamer officiellement des négociations d’adhésion avec l’Ukraine et en ferait une des principales priorités de son gouvernement
Budapest a-t-elle les moyens de bloquer l’ouverture des négociations avec Kiev ?
Formellement oui car l’unanimité des 27 chefs d’Etats et de gouvernements est requise pour l’ouverture des négociations mais la commission dispose cependant de puissants leviers pour faire plier la Hongrie fortement dépendante des financements européens. Des milliards d'euros du plan de relance européen destiné à la Hongrie sont actuellement bloqués. Et ils pourraient être débloqués si la Hongrie se montrait plus ouverte sur la candidature de l’Ukraine.
Beaucoup espèrent qu’Orban finira par se ranger du côté de ses homologues pour l’ouverture des négociations avec l’Ukraine. Lors du vote de sanctions contre la Russie, le premier ministre Hongrois avait annoncé à plusieurs reprises qu’il ne les voterait pas avant finalement de le faire.
Continuons ce tour de l’actualité en partant en République Tchèque ou les conservateurs au pouvoir confirment leur scepticisme face à l’arrivée de l’euro dans le pays
Oui pour rappel le pays d’Europe centrale est membre de l’Union européenne depuis 2004, mais la monnaie unique n’a toujours pas réussi à remplacer la couronne tchèque. Une volonté des différents dirigeants politiques qui se sont succédé et notamment du chef du gouvernement actuel, le conservateur Pietr Fiala, au pouvoir depuis 2021, qui avait annoncé qu'il n' adopterait pas l’euro pendant sa mandature.
Et la semaine dernière, le quotidien national Hospodářské noviny a dévoilé les conclusions d’un rapport, dans lequel le ministre des finances tchéque, M. Zbyňek Stanjura ne préconise pas une entrée de son pays dans la zone euro même si la République Tchèque y serait tout à fait prête.
Une position qui ne fait pas pas l’unanimité auprès des autres ministres
Oui, le pays est dirigé depuis 2021 par une coalition de cinq partis, dont quatre sont favorables à l’adoption de la monnaie unique.
Même son de cloche du côté des entreprises du pays qui subissent les taux de change, alors que plus de 60% des exportations de la République Tchèque sont tournées vers des pays membres de la zone euro, en particulier vers l’Allemagne.
Pourquoi donc un tel scepticisme face à l’euro ?
C’est une question côté politique, qui n’a encore jamais été réellement tranchée.
De plus, l’ancien premier ministre Andrej Babiš, en poste de 2017 à 2021 surnommé le “Trump Tchèque”, s’est positionné contre l’approfondissement de l’Union européenne et a toujours cultivé l'ambiguïté sur l'adoption de la monnaie unique.
Tournons nous maintenant vers l’Allemagne, qui connaît une crise budgétaire sans précédent.
Effectivement, voilà plus d’une semaine que le gouvernement allemand semble dépassé par la crise budgétaire que traverse le pays, allant jusqu’à demander au Parlement de reconnaître “situation d’urgence” afin de pouvoir adapter le budget de l’année 2023.
La première économie européenne connaît un blocage des finances publiques depuis que la Cour constitutionnelle a annulé, le 15 novembre dernier, l’affectation d’un reliquat de 60 milliards d’euros initialement prévu pour lutter contre le Covid à un programme spécial pour “la transformation de l’économie et le climat”. Une décision qui a non seulement créé un énorme trou dans le budget 2023 mais qui remet également en question tout un ensemble de projets, notamment de transition énergétique.
Et il se pourrait que les conséquences ne s'arrêtent pas là. Un autre fond spécial - créé en septembre 2022 pour faire face à la crise énergétique, pourrait lui aussi être jugé inconstitutionnel. Élevant des doutes sur l’ensemble de la légalité du budget 2023.
Et pour faire face à cette crise, le gouvernement compte lever un dispositif de “frein à l’endettement”
Effectivement cela sera la 4ème année consécutive que Berlin enfreint la fameuse règle d’or de l’économie allemande qui oblige le gouvernement à ne pas dépenser plus de 0,3% de la richesse nationale produite - un garde-fou inscrit dans la constitution allemande pour éviter que les dettes publiques ne continuent d'augmenter.
Le ministre des finances, Christian Lindner a déclaré jeudi dernier qu’il allait proposer un budget additionnel pour 2023 de 40 milliards d’euros. Une décision qui devrait permettre d’assurer les dépenses engagées pour l’année en cours mais qui, malgré tout, ne résout pas cette question des financements pour les années à venir.
Un journal de Paul Thorineau et Thomas Kox.
Légende photo : De gauche à droite, Charles MICHEL (Président du Conseil européen) et Viktor ORBÁN (Premier ministre hongrois)