Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 16 octobre 2025

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et Denys Chmygal, ministre de la défense ukrainien. Aujourd'hui en Europe - 16 octobre 2025
Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, et Denys Chmygal, ministre de la défense ukrainien.

Aujourd'hui en Europe est un journal consacré aux actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction d'Euradio à Bruxelles. Avec Thomas Kox, Baptiste Maisonnave, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.

Au programme : 

  • Réunion de l’OTAN sur la défense de l’Europe
  • Les Etats-Unis dans leur 3e semaine de shutdown
  • l’Europe sans tabac ?

On commence ce journal à Bruxelles, au siège de l’OTAN où étaient réunis mercredi les ministre de la Défense des pays de l’Alliance Atlantique. Une première depuis les violations de l’espace aérien européen qui ont ponctué l’actualité ces dernières semaines, des incursions qui ont plané sur les discussions.

Oui, et au vu de ces nombreuses incursions, pour la plupart imputées à la Russie, l’idée du “mur de drone” évoquée par la présidente de la commission européenne s’est naturellement invitée au menu des débats. Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a expliqué que plusieurs éléments de ce plan étaient en cours d’élaboration avec l’UE - l’OTAN étant en charge de l’aspect militaire ; l’UE de la partie politique et financière. 

Mark Rutte a néanmoins pointé du doigt certaines réticences de part et d’autres, expliquant, je cite, “que certaines réserves nationales empêchent d’avancer” et rendent l’alliance “moins efficace”. 

Des initiatives conjointes entre alliés sont cependant déjà validées notamment en Pologne dont l’espace aérien sera bientôt renforcé par l’aviation allemande.

Oui, c’est ce qu’à déclaré mercredi le ministre allemand de la défense, Boris Pistorius. Plusieurs Eurofighters, avions de chasse reconnus pour leur efficacité en combat, viendront soutenir la défense du pays, particulièrement visé par les intrusions russes et qui fait l’objet d’intenses cyberattaques et de campagnes de désinformations aux proportions sans précédent. 

Ce soutien de l’Allemagne à la Pologne est une initiative marquante alors que les relations entre Berlin et Varsovie ont longtemps été plutôt fraîches. 

Il s’intègre à l’opération de l’OTAN “Eastern Sentry”, et permettra de réagir avec “fermeté, rapidité et efficacité” d’après Boris Pistorius. Plusieurs appareils allemands sont déjà stationnés en Roumanie.

Mais ce n’est pas tout, la Belgique a signé un accord avec les Pays-Bas pour l’achat de systèmes anti-aériens.

Oui, le Nord de l’Europe poursuit sa course à l’armement - alors que Mark Rutte appelle l’OTAN à multiplier de 400% ses dépenses en défense aérienne dans les années à venir. Mercredi, Bruxelles s’est donc dit prêt à acheter une dizaine de batterie sol-air, ainsi qu’une série de moyens de détection et de défense anti-drone pour ses bases militaires. Le pays avait fait état de plusieurs intrusions de drones début octobre, et a proposé d’engager son armée de l’air dans l’opération Eastern Sentry. 

Plusieurs tests auront lieu la semaine prochaine dans quelques pays européens, en Estonie notamment, selon le ministre de la Défense Hanno Pevkur. Une initiative soutenue par le ministre ukrainien de la Défense, Denys Chmygal, présent sur place, venu également expliquer à ses homologues que l’Ukraine aura besoin de 120 milliards de dollars pour soutenir son effort de guerre en 2026. En septembre, rappelle-t-il, l’Ukraine a été la cible de 5600 drones et 180 missiles.

D’autres membres de l’OTAN refusent cependant de suivre ce rythme effréné d’investissements en Défense.

Oui, l’Espagne au premier chef, qui considère pouvoir atteindre les objectifs fixés par l’alliance atlantique en consacrant 2% de son PIB à ses dépenses en défenses, et non 5% comme il est demandé dans le nouvel objectif. Une décision pour laquelle l’Espagne devrait être punie selon Donald Trump. Mardi, le président américain a déclaré qu’il pensait, je cite, “punir Madrid sur le plan commercial avec des droits de douane”. La semaine précédente, il avait même estimé que le pays devrait être exclu de l’OTAN.

On continue ce journal aux Etats-Unis, qui entrent ce mercredi dans leur troisième semaine de “shutdown”. Le Sénat américain n’a pas réussi à s’accorder sur un projet de loi, ce qui empêche la réouverture complète du gouvernement.

Effectivement, aucune issue ne semble se dessiner pour la première puissance économique au monde - le vote n’a toujours pas réuni les 60 voix nécessaires à son adoption, déchiré entre les Républicains et les Démocrates, qui continuent de négocier le maintien des subventions de l’Obamacare. Sans elles, des millions d’Américains ne bénéficieront plus d’assurance de soin. 

Après les fonctionnaires du gouvernement, paralysés par ce shutdown, c’est au tour des institutions sociales et culturelles de fermer progressivement leurs portes. Ils sont près de deux millions d’employés fédéraux à travailler sans salaire ou à être mis en congé non payé.

Et quel est l’impact d’une telle mise à l’arrêt sur l’économie ? 

En termes de production, le shutdown se chiffre à cinq milliards de dollars de perte par semaine, près de 0.1% du PIB. Le magazine américain Forbes parle d’un “effet papillon à pleine puissance” sur l’économie mondiale. La mise au chômage forcé des fonctionnaires, notamment des agents de douanes, entrave les exportations, cloue les cargaisons dans les ports et entraîne des frais de retour et d’entretien.

Un risque conséquent pour les marchés européens puisque les Etats Unis en sont le premier destinataire. Selon plusieurs économistes interrogés par le média Euronews, la perte se chiffre autour des 6 milliards d’euros pour les Européens.

On termine ce journal en s’intéressant à un document confidentiel de la Commission européenne dont a eu connaissance le journal autrichien Kronen Zeitung : Bruxelles prévoit apparemment une série de mesures contre le tabagisme, et vise à créer une génération sans nicotine.

Oui, l’idée est celle de l’Organisation mondiale de la santé, l’OMS, mais le document indique qu’elle est largement soutenue par la Commission. L’axe majeur de ce projet : interdire les cigarettes à filtre pour réduire la pollution liée au tabac. Cela passerait par une réduction drastique des points de vente et la mise à l’arrêt complète de publicité et d’incitations à la vente de cigarettes.

Au-delà des risques de cancer du poumon qu’implique la consommation de tabac, à peine mentionné comme raison d’un tel projet, l’OMS mentionne surtout l’impact des filtres de cigarettes pour l’environnement. 

Ce projet est-il réaliste ?

En fait, si certaines mesures comme l’interdiction de vendre des produits du tabac à toutes les personnes nées après une certaine année peuvent sembler surprenantes, il faut savoir qu’un tel système existait déjà en Nouvelle-Zélande par exemple. Le pays avait finalement annulé cette règle, qui avait entraîné la naissance d’un puissant marché noir.

Quoiqu’il en soit, un groupe de travail de la Commission européenne se réunit ce jeudi pour discuter de ce projet qui, s’il n’en est qu’à ses débuts, témoigne d’une envie de durcir les règles.

Un journal de Paul Thorineau, Ulrich Huygevelde et Baptiste Maisonnave.