Aujourd’hui en Europe

Aujourd'hui en Europe - 10 juin 2024

© Joseph Azamene Saatsop Aujourd'hui en Europe - 10 juin 2024
© Joseph Azamene Saatsop

Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde. 

Au programme : 

  • Les résultats des élections européennes. 
  • L'échec des partis écologistes aux Européennes.
  • Un taux de participation des électeurs relativement bon aux Européennes.

Démarrons ce journal consacré aux résultats des élections européennes. Un scrutin marqué par une progression notable de l’extrême droite qui a fait des scores impressionnants dans certains pays d’Europe et notamment dans les pays fondateurs.

C’était attendu, les partis populistes ont connu une nette progression dans plusieurs pays de l’Union. Les deux groupes d’extrême droite au Parlement européen à savoir Identité et Démocratie et le groupe des conservateurs et réformistes passent de 127 à 140 députés cumulés. Et c’est sans compter les partis pour le moment non inscrits, dont beaucoup sont issus des rangs de l’extrême droite à l’instar des Allemands d’Alternativ für Deutschland.

L’AfD qui fait d’ailleurs partie des groupes d’extrême droite qui ont connu la progression la plus notable.

Ce parti qui a défrayé la chronique à plusieurs reprises ces derniers mois du fait de scandales à répétition mais également du fait de ses connexions avec la Chine et la Russie, devrait pourtant occuper 5 sièges supplémentaires au parlement. En Italie, c’est le parti de la Première ministre Giorgia Meloni, Fratelli d’Italia qui l’emporte largement. Il passe de 6% des suffrages en 2019 à 29% selon les résultats encore partiels de cette élection.

Autre parti d’extrême droite qui a largement progressé lors de ce scrutin : le Rassemblement national en France.

Une progression inédite qui a provoqué un véritable séisme dans l’hexagone. Le camp présidentiel est largement devancé par la liste menée par Jordan Bardella qui a dépassé les 31%, un score à additionner aux plus de 5% obtenus par l’autre parti d’extrême droite, Reconquête, mené par la nièce de Marine Le Pen. En réaction, le président Emmanuel Macron, semblant répondre à une demande de Jordan Bardella qui en avait fait la demande quelques minutes plus tôt, a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale, où il bénéficiait d’une majorité relative. De nouvelles élections auront donc lieu le 30 juin et le 7 juillet, alors que le parti Renaissance n’a jamais semblé aussi affaibli.

Toutefois, l’extrême droite reste minoritaire au Parlement européen. C’est à nouveau le groupe de droite PPE qui arrive en tête, suivi des sociaux-démocrates et des libéraux de Renew.

Si les groupes devaient être légèrement reconfigurés dans les jours et semaines à venir, le PPE devrait rester la force majoritaire avec environ 190 députés sur les 720 sièges que compte l’assemblée européenne. Un succès porté par les victoires notamment du Parti populaire en Espagne, de l'Union chrétienne-démocrate en Allemagne ou encore du parti du Premier ministre Kyriakos Mitsotakis en Grèce.

Poursuivons maintenant en évoquant le lourd échec des partis écologistes aux Européennes.

Il était attendu. Les sondages avaient déjà anticipé qu’il serait complexe de renouveler une percée similaire à celle de 2019 où un momentum autour du climat avait marqué le scrutin européen.

 Avec une campagne électorale qui a principalement été dominée par les enjeux autour des conflits en cours en Ukraine et  la bande de Gaza, mais aussi de la fronde des agriculteurs ou encore l'immigration - les préoccupations environnementales sont en partie passées au second plan.

Dimanche 9 juin, marque un très net recul pour la formation des Verts et de l'Alliance libre européenne (ALE). Il y a encore peu - 4ème force politique de l'hémicycle-  ils sont désormais relégués à la 6ème place selon les dernières projections du Parlement européen. Si 5 ans plus tôt, les verts avaient surpris en obtenant 75 sièges, ils devraient cette fois-ci n'en obtenir que 52 sur les 720.

Et la chute est particulièrement sévère en Allemagne et en France :  pays qui envoyaient les plus fortes délégations d'eurodéputés écologistes au Parlement. 

En effet, en Allemagne, les Verts ont obtenu 12,1 % des suffrages contre 20,5 % en 2019, soit 16 sièges. Du côté de la France, ça passe de justesse avec un score à peine supérieur au seuil des 5 %, qui lui permet d’obtenir des élus au Parlement européen. La liste portée par la députée Marie Toussaint obtient 5 sièges et enverra à Bruxelles et Strasbourg le plus faible contingent d’élus verts envoyés à Strasbourg et Bruxelles depuis 30 ans.

Ces partis ont-ils encore une chance de retrouver un peu de leur poids ?

Dans le cadre de nouvelles coalitions avec le Parti populaire européen (PPE) - à nouveau la principale force au Parlement européen, les Verts pourraient conserver une certaine influence, mais sans conteste amoindrie. Dans ce nouveau contexte, le vote de futures législations vertes et les ambitions climatiques de l'UE pourraient être beaucoup plus difficiles à l’avenir.

Concluons maintenant ce journal en évoquant le taux de participation - relativement bon - des électeurs européens à ce scrutin marqué par un virage très à droite.

Tout à fait, selon les estimations actuelles du Parlement, ce taux est en hausse en comparaison aux années précédentes. Près de 51% des Européens en âge de voter se sont rendu aux urnes en 2024, contre 50,66% 5 ans auparavant.

Des taux inédits ont par ailleurs été observés dans plusieurs pays des 27.

Oui, notamment en Allemagne où, pour la première fois, les jeunes ont pu voter dès l’âge de 16 ans. Ou bien encore en France métropolitaine où le taux de participation aux élections européennes a atteint 52,5 %, selon les estimations de l’agence Ipsos. Un record en 30 ans. La participation des citoyens hongrois aux élections, de son côté, est elle aussi montée en flèche. Elle aurait atteint 50,7% à 17 heures, soit 13 points de plus qu’en 2019 pour ce pays de l’Est au gouvernement europhobe mené par Viktor Orban. D’autres pays ont toutefois connu une baisse de la participation à la mi-journée : c’est le cas de l'Italie ou encore de l’Espagne, où la participation à 14 heures s’est établie à 28 %, contre 34,74 (60 14)  % en 2019.

Un journal de Paul Thorineau et Alizée Lambin.