Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction Euradio à Bruxelles. Avec Alizée Lambin, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- Constat inquiétant de la Confédération syndicale internationale : les droits des travailleurs reculent en Europe.
- Annonce du secrétaire général de l'Otan, Jens Stoltenberg : un accord a été trouvé avec la Hongrie concernant la guerre en Ukraine.
- Inquiétude de l’Allemagne concernant l’association potentielle du parti conservateur français - Les Républicains avec le parti de Marine Le Pen.
Bonjour, ouvrons ce journal en évoquant cet inquiétant constat de la Confédération syndicale internationale - la CSI - : en Europe, les droits des travailleurs reculent.
C’est ce qu’a affirmé la CSI dans un rapport mercredi 12 juin. Le vieux continent connaîtrait même sa plus forte régression sur cette question sur les dix dernières années. La CSI, qui fédère jusqu’à 340 syndicats implantés dans 169 pays et territoires du monde, s’inquiète donc de cette situation.
Et selon ce rapport, les droits des travailleurs déclinent plus rapidement en Europe qu’ailleurs.
Sur une échelle allant de 1- assimilé à une « violation sporadique des droits » à 5 qui correspond à « aucune garantie des droits » : l’Europe, a - malgré une réputation de porte-drapeau mondial pour les droits des travailleurs -, vu sa note moyenne passer de 2,56 à 2,73 entre 2023 et 2024. En 2014, le continent affichait encore une note moyenne de 1,84.
Deux pays sont par ailleurs particulièrement épinglés par la CSI.
Contre toute attente, ce sont la Suisse et la Finlande qui ont vu leur note se dégrader le plus sur le territoire européen. Le pays alpin est accusé “d’atteintes régulières” aux droits des travailleurs, tandis que la Finlande l’est pour « violations réitérées”. Tous deux sont donc montés d’un cran plus haut dans l’échelle de notation de la CSI.
Helsinki a vu sa note chuter à la suite de la proposition - par la coalition de droite du Premier ministre, Petteri Orpo - qui souhaitait remodeler le régime social du pays. Réformes qui entendent, à titre d’ exemple, limiter les grèves politiques à une journée - compromettant ainsi les négociations salariales.
Et pour Luc Triangle - à la tête de la CSI - une crise démocratique serait en cours. Pourquoi ?
Pour la CSI, la pérennité des syndicats, les droits des travailleurs et la démocratie sont étroitement liés. La fragilisation de certains acquis, notamment celui du droit à la grève ou encore du droit aux avantages sociaux tels que les allocations au chômage, représente une menace des droits fondamentaux pour la CSI. À titre d’exemple, au total, 73 % des États européens ont - toujours entre 2023 et 2024 - entravé le droit de faire la grève et de manifester. Des travailleurs auraient également été victimes de violences dans 9 % des pays européens.
Certains pays ont tout de même vu leur note s’améliorer. Comme la Roumanie où le droit de grève a été étendu et où la négociation collective est désormais obligatoire dans les entreprises de plus de dix employés.
Poursuivons notre tour de l’actualité avec cette annonce du secrétaire général de l'Otan - Jens Stoltenberg - alors qu’il était en visite à Budapest : un accord a été trouvé avec la Hongrie concernant la guerre en Ukraine.
Effectivement, la Hongrie s’est engagée à ne plus opposer son veto à l'aide apportée par l'Alliance atlantique à l'Ukraine. Pour rappel, le dirigeant hongrois Viktor Orban, refuse depuis le début de l'offensive russe d'envoyer toute aide militaire à Kiev en bloquant toute tentative de résolution prise par les 27 à cet effet. Accusant notamment l’Otan d'entraîner ses membres « dans une conflagration mondiale ».
Un accord a donc été trouvé avec la Hongrie afin que celle-ci tienne ses engagements.
Tout à fait. En échange, le Premier ministre Viktor Orban a obtenu la garantie que la Hongrie ne serait pas obligée de participer aux efforts de l'Otan dans son soutien à l’Ukraine. Elle bénéficie ainsi d’une sorte de “droit de retrait” qui lui permet de ne pas devoir contribuer financièrement à cette aide, ou encore d’envoyer des hommes à la guerre si cela s’avérait nécessaire en cas d’une escalade des tensions à l’échelle européenne.
Cet accord entre les 27 et la Hongrie tombe d’ailleurs à pic alors qu’un sommet du G7 s’ouvre qu’aujourd’hui, jeudi 13 juin, dans les Pouilles en Italie.
Oui, et les dirigeants du G7 vont discuter d’un potentiel décaissement d’une enveloppe de 50 milliards de dollars pour prêter main-forte à l’Ukraine. Ces 50 milliards seront garantis par les actifs russes gelés dans les pays occidentaux. Ce décaissement devrait intervenir "avant la fin de 2024" a assuré la présidence française, alors que l’offensive russe bat toujours son plein en territoire ukrainien.
Concluons notre tour de l’actualité avec cette inquiétude de l’Allemagne : l’association potentielle du parti conservateur français - Les Républicains (LR) - avec le parti de Marine Le Pen.
La formation politique allemande de la droite chrétienne et conservatrice - la CDU/CSU (ou) - a fait savoir qu’elle n'hésitera pas à expulser Les Républicains de leur groupe commun au sein de l’UE - le Parti populaire européen - si ces derniers se rapprochent de l’extrême droite française.
Pour rappel, les Républicains sont en difficulté depuis l’annonce de leur président, Éric Ciotti, de s’allier au parti populiste d’extrême droite Rassemblement national (RN) de Marine le Pen en vue des prochaines élections législatives anticipées en France.
Historiquement, la CDU/CSU s’est toujours opposée à toute collaboration avec l’extrême droite Alizée.
Tout à fait, bien que cette formation ait récemment assoupli leur position concernant l’extrême droite, flirtant notamment avec l’idée de créer une coalition avec Fratelli d’Italia - le parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni - une collaboration avec Marine Le Pen reste inenvisageable.
Pour être partenaire du PPE, les partis doivent adhérer aux principes pro-européens, pro-OTAN, pro-État de droit et pro-Ukraine, conformément à la position de la tête de liste du groupe, Ursula von der Leyen. Principe auxquels Marine Le Pen ne répond pas, portant davantage une vision eurosceptique.
Un journal de Paloma Biessy et Alizée Lambin