Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- La Commission lance des enquêtes contre les géants du numérique
- La Bulgarie entame de nouvelles élections législatives
- La loi européenne sur la restauration de la nature bloquée au Conseil européen
Ouvrons ce journal en évoquant les enquêtes que la Commission a lancées contre plusieurs géants du numérique le 25 mars.
Dix-huit jours après l'entrée en vigueur du Digital Markets Act, la régulation européenne des marchés en ligne, la Commission a décidé de taper du poing sur la table. Trois entreprises sont concernées par ces procédures d’enquête : Apple, Alphabet et Meta. La commission leur reproche une non-conformité aux nouvelles règles européennes.
Ce sont notamment les applications App store et Google Play, respectivement développées par Apple et Alphabet qui sont ciblées par la Commission.
Plus que les droits des consommateurs, ce sont les droits des développeurs qui feront l’objet d’une enquête. Et notamment leur droit à faire la promotion de produits non disponibles dans l’App store et Google Play dans leurs applications. Ce type de publicité étant soumis à certains frais supplémentaires, incitant à faire seulement la promotion de produits mis à disposition par l’intermédiaire de Alphabet et Apple.
D'autres enquêtes touchant ces entreprises ont également été annoncées, notamment concernant la tendance de Google à mettre en avant ses propres services, type Google flights ou Google shopping, dans son moteur de recherche.
Concernant Meta, c’est la gestion des données personnelles des utilisateurs qui pose question.
L’entreprise à la tête de Facebook ou encore Instagram est accusée d’inciter les utilisateurs à payer pour protéger leurs données. Une approche appelée « pay or consent », payez ou consentez. Meta transmet ainsi par défaut les données des utilisateurs aux annonceurs publicitaires afin de faire parvenir une publicité ciblée au internautes. Seul moyen de conserver ses données privées : payer une certaine somme à Meta. Le Commissaire au marché intérieur, Thierry Breton, a insisté lors d’une conférence de presse le 25 mars, sur le fait que la firme devait mettre en place une alternative gratuite.
En cas de non-respect de ces nouvelles règles, les sanctions pourraient être particulièrement sévères.
Oui, le DMA prévoit des amendes allant jusqu’à 20% du chiffre d'affaires mondial, en cas de récidive. C’est bien plus que toutes les amandes jusqu’à présent infligées par l’UE, qui étaient loin d’inquiéter les géants du numérique. La Computer & communications company associations, grand lobby du digital dénonce d’ailleurs une précipitation de la part de la Commission.
Poursuivons ce journal en Bulgarie, alors que le pays se dirige vers une sixième élection législative en moins de 3 ans.
Pour rappel, ce pays, le plus pauvre de l’UE, est embourbé dans une crise politique depuis plusieurs années, aucun parti n’arrivant à former une majorité parlementaire. Il y a neuf mois, les deux partis les plus populaires, à savoir le GERB et le PP-DB se sont mis d’accord sur un système de rotation très court, permettant au pays de bénéficier à nouveau d’un gouvernement. Chaque parti nommait un nouveau gouvernement pour neuf mois, avant de passer la main à l’autre. Mais finalement, ce système montre ses limites dès la première rotation.
Alors que c’était au tour du GERB de nommer une Première ministre, en l'occurrence l’ancienne Commissaire européenne Maria Gabriel, les négociations ont fini par capoter.
Le PP-DB, parti du Premier ministre démissionnaire Nikolay Denkov, reproche au GERB d’avoir nommé le nouveau cabinet sans qu’il n’y ai eu la moindre concertation au préalable. Ce dernier a donc quitté la table des négociations, empêchant toute formation de gouvernement.
De nouvelles élections devraient donc être organisées, malgré la lassitude de la population.
Si la date de la nouvelle élection n’est pas encore connue, certains experts craignent qu’elle ait du mal à mobiliser les foules. Lors des dernières législatives, seuls 40% des inscrits s’étaient mobilisés.
En revanche, le parti GERB se dit pour le moment prêt à reprendre les discussions avec son ex-allié le PP-DB. Les deux partis sont d’ailleurs assez proches politiquement, l’un de droite libérale et l’autre une coalition de centre droit. Tous deux sont pro-européens, dans ce pays très visé par la propagande russe. Ils sont également d’accord sur de nombreux points comme la lutte contre la corruption, ou l’adhésion du pays à l’espace Schengen. La mise en place d’un nouvel accord au terme des prochaines élections n’est donc pas à exclure.
Concluons ce tour d’actualité en évoquant le blocage de la loi européenne sur la restauration de la nature, au Conseil Européen.
Ce lundi, les ministres européens de l’environnement devaient donner leur feu vert à ce texte majeur du Green Deal, ce plan qui vise à faire de l'Europe le premier continent climatiquement neutre d'ici 2050. Pour rappel, un accord provisoire a été trouvé entre les eurodéputés et le Conseil en novembre, puis validé en plénière par le Parlement. Mais plusieurs Etats membres, dont la Hongrie, bloquent l'approbation de ce texte au Conseil. Incapable de réunir une majorité qualifiée – soit le soutien de 15 pays représentant au moins 65% de la population européenne - la présidence belge, menée par Alexander de Croo a préféré retirer le vote de l’agenda du Conseil.
Ce retrait est très critiqué par les ministres européens de l’Environnement.
Effectivement, cette loi, pierre angulaire du Green Deal, attire l’attention sur la question de la dégradation environnementale. Objectif : restaurer 20% des terres et des mers de l’UE d’ici 2030 et l’ensemble d’ici 2050. Mais dans le contexte des élections européennes, ce blocage constitue un signal fort envoyé aux agriculteurs qui dénoncent, entre autres, des normes environnementales trop contraignantes, comme en témoigne la manifestation en cours à Bruxelles ce mardi.
Un journal de Paloma Biessy et Joris Schamberger