Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles. Avec Joris Schamberger, Ariane Dana, Paloma Biessy, Thomas Kox, Paul Thorineau et Ulrich Huygevelde.
Au programme :
- L'élection présidentielle slovaque
- De nouvelles tensions à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
- Un plan historique pour la défense en Norvège
Ouvrons ce journal en Slovaquie, où s’est tenu le deuxième tour de l’élection présidentielle samedi 6 avril.
C’est un succès retentissant pour le parti Social-Démocrate du Premier ministre Robert Fico. Six mois après son arrivée à la tête du gouvernement, c’est un de ses anciens ministres, Peter Pellegrini qui arrive en tête du scrutin avec 53% des voix. Il était pourtant derrière son rival pro-européen Ivan Korcok à l’issue du premier tour.
Contrairement à ce que laisse penser son nom, le parti Social-démocrate est un parti populiste antimigration. Les quelque 11% de votants qui avaient soutenu le candidat d’extrême droite au premier tour, ont donc logiquement été appelés à reporter leurs votes vers le parti au pouvoir.
Le nom du nouveau président Peter Pellegrini est bien connu en Slovaquie.
Tout à fait puisqu’il s’agit d’un ancien Premier ministre. Un poste qu’il a occupé pendant près de deux ans à la suite de la démission de Robert Fico en 2018, suite à un scandale concernant l’assassinat d’un journaliste. Un assassinat dans lequel le numéro 1 du gouvernement était accusé d’avoir trempé. Il est également l’actuel président du Parlement et bien qu’il n’appartienne pas au même parti que le chef du gouvernement, la proximité entre les deux hommes n’a jamais été cachée.
Ce succès permet au Premier ministre Robert Fico de contrôler l’ensemble des pouvoirs à Bratislava
Depuis le début de son mandat, ce dirigeant connu pour son tropisme pro-russe faisait face à l’opposition de la Présidente sortante pro-européenne Zuzana Caputova. Bien que le président dispose en Slovaquie de pouvoirs bien moindres que le Premier ministre, il bénéficie tout de même d’outils permettant d’entraver l’adoption de certaines lois. Des outils dont n’hésitait pas à se servir Zuzana Caputova, issue du parti Slovaquie progressiste, pendant les six premiers mois au pouvoir de Robert Fico.
La présidente avait notamment tenté de freiner l’adoption d’une réforme de la justice voulue par Robert Fico et très critiquée pour la menace qu’elle fait planer sur l’État de droit.
Oui la Présidente sortante aura lutté bec et ongles pour ralentir le plus possible ce processus. Cette réforme de la justice est vue comme une volonté de purge par une grande partie de la magistrature slovaque. Son but étant de supprimer le bureau du procureur spécial, qui était chargé des cas de corruption. Et notamment la corruption supposée du Premier ministre, dont les liens avec la mafia italienne sont évoqués depuis plusieurs années.
Zuzana Caputova a réussi à obtenir un assouplissement de cette réforme controversée au mois de mars, notamment avec l’appui de l’Union européenne. Mais avec ce succès électoral, Robert Fico a désormais le champ libre, avec un président qui devrait désormais ne rien lui refuser.
Poursuivons ce tour de l’actualité dans le Caucase, où les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ont connu une nouvelle poussée ces derniers jours.
Samedi 8 avril les deux pays se sont accusés mutuellement d’être à l’origine d’attaques à plusieurs positions proches de la frontière. Ils s’accusent également chacun de mouvements suspects. L’un serait en train de renforcer ses positions armées à la frontière, tandis que l’autre aurait fait se déplacer un nombre suspects de véhicules militaires.
Les relations entre les deux pays sont particulièrement tendues après avoir enchaîné plusieurs conflits ces trente dernières années.
Malgré l’espoir qu’ont pu faire naître certaines discussions entre les deux ennemis du Caucase ces derniers mois et qui ont même pu faire espérer la signature d’un traité de paix, la situation reste délétère. Plusieurs observateurs craignent même une nouvelle offensive azerbaïdjanaise dans le sud de l’Arménie
L’Union européenne a d’ailleurs octroyé une aide à la croissance de 270 millions d’euros à l’Arménie le 5 avril.
Une décision fortement critiquée par l’Azerbaïdjan, ainsi que par son grand allié la Turquie. Les deux pays dénoncent une volonté d’exclure Bakou des échanges internationaux. De son côté, l’Arménie continue son rapprochement avec Bruxelles après des années d’alliance avec la Russie. Le Premier ministre Nikol Pachinian a d’ailleurs appelé les arméniens à débattre d’une potentielle entrée du pays dans l’Union européenne.
Couplé au rapprochement avec Washington, ce récent tropisme occidental de l’Arménie suscite l’ire de la Russie, qui accuse les occidentaux de “pousser le Caucase vers le conflit”.
Concluons ce journal en Norvège, alors que le pays a dévoilé un plan d’investissement historique en matière de défense.
152 milliards d’euros sur 12 ans, c’est la somme de ce nouveau plan à long terme, le plus ambitieux de l’histoire du pays, annoncé par le Premier ministre Jonas Gahr Store. La Norvège est déjà une puissance militaire importante avec une force aérienne puissante. Elle fournit notamment les États-Unis entre autres en munitions pour ses avions. Le secteur clé de ce nouveau plan en revanche, selon la ministre de la défense Anne Marie Aanerud, sera les explosifs et l’artillerie. L’idée étant de faire de la Norvège une des forces principales de l’OTAN dans ces secteurs.
Ce plan est un nouvel exemple de renforcement militaire des pays occidentaux en réponse à la guerre en Ukraine et à la menace russe.
La Norvège est d’ailleurs un des pays les plus impliqués dans l’aide militaire à l’Ukraine. Un plan de 7 milliards d’euros d’aide a déjà été mis en place par Oslo. Dans un entretien à Politico, la ministre de la défense a également réitéré son soutien à l’initiative tchèque de rachats massifs d’obus hors d’Europe pour les livrer à Kyiv.
La Norvège n’est pas le seul pays occidental à investir massivement pour sa défense. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen en a d’ailleurs fait l’une des priorités des 27 à l’approche des élections de juin.
Lors d’un discours à Athènes, la tête de file du groupe Parti Populaire Européen aux élections du 9 juin a fait de la défense l’enjeu prioritaire des prochaines années. Elle appelle les futurs députés à apporter une réponse unie aux «attaques hybrides contre l’Europe».
Un journal de Joris Schamberger et Paloma Biessy