Cette semaine, cap sur les Pays Bas, direction Rotterdam où nous retrouvons le groupe Rats on rafts, l’une des figures principales des scènes New Wave, Pop et Punk de la ville.
Chapitre 1 : De Rotterdam à Osaka
Rafts on rats est un quatuor mixte composé de Matijs Burgler, David Fagan, Arnoud Verheul et Natasha Van Waardenburg. Le groupe a rejoint le label Fire Records en 2015, et existe depuis 2011, l’année de la sortie de leur tout 1er album. Ils ont ensuite enchainés deux autres sorties d’albums entre 2015 et 2016, et ont fait leur grand retour avec un 3ème album en 2021. Ils sont originaires de Rotterdam, mais c’est une ville japonaise qui a inspiré l’un de leurs derniers single Osaka, sorti en octobre dernier.
Le single Osaka a vu le jour à la suite d’une visite de Rats on Rafts des plus inspirantes pendant une tournée au Japon. La ville leur en a mis pleins les yeux, et pour quelques minutes Rats of Rafts deviennent nos guides touristiques, et transmettent l’énergie puissante d’Osaka en musique.
La sortie de ce single fait suite au nouvel album de Rats on Rafts intitulé Chapter 3 : The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths. Le morceau a d’ailleurs été directement enregistré à partir d’un live du groupe pendant lequel ils filmaient un film pour promouvoir l'album. Un film qui mélange musique, danse et visuels artistiques, en live, et qu’il a été possible de visionner au cinéma pendant un certains temps.
Chapitre 2 : Des puristes de l’analogique
Nous nous penchons sur le dernier album conceptuel de Rats on Rafts : Excerpts from Chapter 3 : The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths, sorti en janvier 2021. Et sans plus attendre, voici le deuxième morceau de l’album : A Trail of Wind and Fire.
Depuis leurs débuts, Rats of rafts est un groupe qui suit sa propre voie, indépendamment des standards créatifs imposés par l’industrie musicale. Et la création de leur dernier album en est le reflet : ils l’ont produit grâce à leur label et à leur studio d’enregistrement indépendants, Kurious Recordings, créés à l’occasion.
Le processus de création de l’album a été assez singulier : il a été enregistré, mixé et masterisé de façon analogique sur de vraies bandes d’enregistrement. Selon les membres de Rats on Rafts, la digitalisation des moyens de production d’un album apporte, certes, un certain confort, mais eux, cherchent la qualité sonore qu’apporte l’analogique. Ils considèrent perdre en présence physique et sonore avec un enregistrement digital.
A l’origine, Excerpts from Chapter 3 : The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths, au titre peu vendeur, devait être un album conceptuel contenant des morceaux longs, mélangés à des fragments plus courts. Rats on rafts souhaitaient que certaines parties de musiques apparaissent à certains moments, puis réapparaîtraient sous une autre forme un peu plus tard. De bonnes idées, mais un peu lourdes, c'est pourquoi ils ont finalement gardé une approche plus "classique".
Chapitre 3 : Une nuit à Rotterdam
Rats on rafts est un groupe originaire de Rotterdam, ville où la scène punk rock est assez importante, et la musique du groupe en est le reflet. On écoute justement le rock garage de leur morceau Sleeping in Rotterdam, issu de leur premier album, The Moon is Big, sorti en 2011.
Dans leur originalité, Rats on rafts sont accessibles : ils fusionnent leur rock garage à des explorations sonores de pop groovy. Mais il semble que beaucoup de médias aient du mal à comprendre l’essence musicale du groupe. D’une certaine façon, ils représentent l’essence même de la ville de Rotterdam : une ville à part des Pays-Bas, multiculturelle, immense et infatigable, tout en étant intimiste et accueillante. Ils représentent à la fois la convention hollandaise qui implique de devenir respectable grâce au travail acharné, tout en faisant des disques qui n’en on rien à faire du succès commercial.
Chapitre 4 : Génies du storytelling
Parmi les nombreuses facettes de Rats on Rafts, penchons nous sur leurs talents de storyteller, au son de leur morceau aux inspirations de rock garage psychédélique Sleep Little Child, tiré de l'album Tape Hiss, sorti en 2015.
Rats on rafts racontent aussi bien des histoires dans les titres de leurs albums, que dans les titres de leurs morceaux. Le titre à rallonge de leur troisième album, en est la preuve : Excerpts from Chapter 3 : The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths. C'est d'ailleurs une phrase tirée d’un livre, qui fait référence à la trajectoire des pensées et aux différentes connexions qu’elles établissent dans le cerveau.
Mais c’est surtout le nom “Rats on rafts” qui révèle la capacité de storytelling du groupe dès leurs débuts : l’histoire précise derrière ce nom vient d’Irlande, le pays d’origine du chanteur du groupe, David Fagan. Dans les années 1850, en temps de guerre, il n’y avait plus rien à manger dans le pays. Les villes étaient envahies de rats qui croupissaient sur les toits. Au lieu de mourir de faim, qu’ont fait les irlandais ? Ils ont mangé les rats, et plus particulièrement un plat nommé "Rats on rafts".
Sleeping in Rotterdam, évoque le sommeil et le rêve, un sujet qui inspire beaucoup le groupe dans ses créations. Ils aiment incorporer l’aspect aléatoire des rêves dans leur musique, et nous plonger dans un univers que l’on ne peut pas contrôler, comme notre subconscient.
Chapitre 5 : Les joies du live
Et c’est justement sur scène que Rats on rafts prend vie. Le groupe le clame haut et fort : ils sont fait pour le live. Un bon nombre de leurs créations proviennent du live et de l’improvisation. On l’a entendu lundi, en écoutant le récent single du groupe Osaka, qui est issu d’une performance live du groupe.
Pour illustrer l’énergie de leurs performances, on écoute toute suite leur morceau rock Melk En Benzine :
Melk En Benzine est un morceau issu d’une collaboration de Rats on Rafts avec le groupe de punk underground néerlandais De Kift : ils ont créé ensemble un album en 2016, où le groupe De Kift revisite des morceaux de Rats on Rafts venus de leur 2nd album Tape Hiss, et y incluent certains sons de leur propre registre. Les deux groupes se sont enfermés ensemble pendant un mois pour enregistrer cet album. Ensuite, ils sont partis en tournée autour de l’Europe, et ont partagé des performances explosives à Glastonbury, et aux Eurosonics entre autres…
Le chanteur de Rats on Rafts le dit lui même : il aime l’idée que la performance peut déraper à tout moment. L’imprévisibilité des concerts est ce qui anime les live du groupe. Il partage une anecdote en interview pour la magazine Chaos, d’un moment difficile en concert : En 2015, en plein concert, un ampli est tombé en panne et le groupe a dû jouer pendant qu’il était remplacé : ça a créé un tout nouveau morceau. De ce moment, il retient qu’il faut toujours savoir tourner la situation à son avantage.
Ainsi s’achève notre semaine consacrée au quatuor néerlandais de Rats on Rafts. Retrouvez leur dernier single Cashmere Carey dans la playlist d’Euradio.
Rendez-vous la semaine prochaine pour vous présenter un·e nouvel·le artiste européen·ne émergent·e…
Suzanne Gerles