La première loi européenne de lutte contre les violences faites aux femmes a été votée par le Parlement européen, en juillet dernier. Euradio revient sur ce texte en interrogeant Nathalie Colin-Oesterlé, eurodéputée française les Centristes du PPE, le Parti populaire européen. C'est la rapporteuse du texte pour son groupe politique. Elle répond aux questions de notre journaliste Lou Surrans, depuis le Parlement européen de Strasbourg. Ecoutez l'interview complète !
Euradio : L'un des objectifs de ce texte est d'harmoniser les définitions et les sanctions au sein des 27. En quoi est-ce important ?
Nathalie Colin-Oesterlé : Cette première loi européenne de lutte contre les violences faites aux femmes a d'abord un objectif : lutter contre ce fléau, qui n'est pas que national. En France, on a une femme qui meurt tous les 2 jours et demi à peu près, sous les coups de son conjoint ou ex conjoint. En Europe, ce sont sept femmes par jour qui meurent sous les coups de leur conjoint ou ex conjoint. Nous avons donc souhaité adopter une loi suffisamment ambitieuse avec deux volets. Le premier concerne les définitions. On parle du viol, des mutilations génitales, du mariage forcé, de la stérilisation forcée ainsi que tout ce qui concerne le cyberharcèlement. Harmoniser ces définitions et les sanctions, au niveau européen, permet de lutter contre une sorte d'impunité dont les auteurs de ces violences pourraient bénéficier selon l'Etat membre dans lequel ils se trouvent. Le deuxième volet concerne la prévention et l'accompagnement avec la mise en place d'une ligne téléphonique unique. La mise en place également de ce que j'appelle "les guichets uniques". Ce sont des points d'information qui permettent à une victime d'être prise en charge de manière globale sur le plan social, économique et juridique.
Euradio : Pourquoi s'inspirer de l'exemple espagnol pour ce texte ?
Nathalie Colin-Oesterlé : En Espagne, ils ont pas mal d'avance sur nous. Il y a deux fois moins de féminicides en Espagne qu'en France, par rapport à la population. Ces "guichets uniques" existent. Le nombre de places d'hébergement est beaucoup plus important que ce que l'on trouve dans la plupart des Etats membres. Il existe aussi une plateforme numérique qui est utilisée par tous ceux qui interviennent dans le parcours de la victime, ce qui permet d'avoir des préconisations de suivi et de prévention.
Euradio : Désormais, la Commission européenne, les Etats membres et les eurodéputés doivent négocier pour tenter de trouver un compromis sur ce texte. Quel est le principal désaccord ?
Nathalie Colin-Oesterlé : Il n'est pas imaginable que le viol soit exclu de ce texte. Je ne vois pas quelles sont les violences pires que le viol. Aujourd'hui, il s'agit d'avoir une définition très claire mais elle ne convient pas à certains Etats membres. Ce qui est très gênant, c'est que la France fait partie de ces Etats membres qui ont décidé d'exclure le viol de ce texte. Sur ce point, nous espérons pouvoir faire bouger la France et que la France puisse emmener avec elle d'autres Etats membres.
Ecoutez l'interview complète de l'eurodéputée Nathalie Colin-Oesterlé !