Au cœur des élections européennes

La volte-face de Daniel Cohn-Bendit

© Communautés européennes 1999 La volte-face de Daniel Cohn-Bendit
© Communautés européennes 1999

À quelques mois des élections européennes qui se tiendront le 9 juin 2024, Mathieu Maillard vous donne rendez-vous chaque semaine sur euradio pour vous informer sur un fait lié à cette élection.

Matthieu Maillard vous revenez avec nous aujourd’hui sur l’interview phare de Daniel Cohn-Bendit dans le journal le Monde de dimanche dernier qui évoque notamment les élections européennes.

Oui, Daniel Cohn-Bendit, le leader de mai 68 et l’une des grandes figures historiques du parti des écologistes, qui en 2017 avait annoncé son soutien public à Emmanuel Macron, a annoncé durant cette interview prendre ses distances avec le président de la République. Il a qualifié cette rupture de « déception intellectuelle » et l’attribue notamment au projet de loi sur l’immigration porté par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Et concernant les élections européennes de juin 2024, il conseille aux écologistes de « sortir de l’humiliation totale de la Nupes », l’alliance de gauche qui a implosé sous les poids des désaccords, notamment après le refus de La France insoumise de qualifier le Hamas palestinien de mouvement terroriste. Il a affirmé que les Écologistes, les socialistes et les radicaux de gauche sont « tous d’accord sur la vision de l’Europe », et à appeler à « dépasser les intérêts de la boutique X, Y ou Z ». Pour lui, une telle liste avec un vrai programme peut attirer toute la gauche de la macronie ».

Concrètement, comment se traduirait une telle alliance ?

Daniel Cohn-Bendit, qui rappelons-le avait réalisé en 2009 un score record aux élections européennes pour les écologistes, préconise un rassemblement derrière Raphaël Glucksmann. Ce dernier, issu du petit parti Place publique, avait déjà conduit la liste socialiste aux européennes de 2019 (6,2%). Il est bien placé pour être reconduit dans le même rôle en 2024. Côté Europe Ecologie-Les Verts, l’eurodéputée Marie Toussaint a été désignée comme tête de liste. Les radicaux de gauche ont quant à eux annoncé leur volonté de présenter une liste tout en appelant au rassemblement. On verra dans les semaines à venir si l’appel de Cohn-Bendit a été entendu.

Cette semaine, un autre entretien dans la presse à beaucoup fait parler, il s’agit de celui de Jordan Bardella tête de liste du RN pour les prochaines élections européennes, que s’est-il dit ?

C’est lors d’un voyage en Martinique et en Guadeloupe, deux régions ultrapériphériques de l’UE, que JB a été interviewé par la journaliste guadeloupéenne Barbara Olivier-Zandronis au micro de Radio Caraïbe International (RCI) le 8 décembre. L’entretien a été extrêmement tendu entre les deux. La journaliste a tout d’abord suggéré que les députés RN au Parlement européen ne soutenait pas les Guadeloupéens lorsqu’ils votaient. Elle a notamment cité l’inscription de l’écocide dans la liste des crimes de l’UE, le renouvellement de la flotte de pêche et le scandale du chlordécone, un pesticide dangereux pour la santé, utilisé en Guadeloupe jusqu’en 1993 et responsable de nombreuses maladies sur l’île.

M. Bardella a lui défendu la ligne politique de son parti en affirmant qu’il était en faveur d’un « patriotisme » économique, de la fin des accords commerciaux négociés par l’UE et que son parti ne votait pas des textes en contradiction avec les « intérêts des pêcheurs ».

Le travail de Jordan Bardella au parlement européen a ensuite longuement été évoqué. Mme Olivier-Zandronis a commencé par demander au président du RN pourquoi posait-il souvent des questions orales au Parlement européen, mais n’avait à son actif qu’une seule proposition de résolution. M. Bardella a répondu qu’il disposait d’un des meilleurs taux de présence, à 92 %. Enfin, elle a rappelé à JB que ses collègues avaient voté contre la reconnaissance par l’UE de l’esclavage comme crime contre l’humanité en 2020, et lui a demandé d’expliquer sa position personnelle. Ce dernier a répondu qu’il considérait personnellement l’esclavage comme un crime contre l’humanité, mais que ce n’était pas le rôle de l’UE d’interférer dans la gestion de ces dossiers. Ces deux interviews montrent en tout cas que la bataille pour les élections européennes a déjà commencée.