À quelques mois des élections européennes qui se tiendront le 9 juin 2024, Mathieu Maillard vous donne rendez-vous chaque semaine sur euradio pour vous informer sur un fait lié à cette élection.
Matthieu vous nous parlez aujourd’hui de l’annonce surprise du président du conseil européen, qu’a-t-il donc annoncé il y a quelques jours seulement ?
Et bien on est tous un petit peu tombé des nues, car Charles Michel a annoncé le samedi 6 janvier dernier qu’il serait tête de liste pour le MR belge, dont il a été président à deux reprises, lors des élections du Parlement européen qui se tiendront entre le 6 et le 9 juin 2024.
Il a indiqué qu’il était extrêmement important de soutenir une vision démocratique de l’UE, en expliquant que sa campagne se baserait également sur la nécessité de renforcer la position de l’Union européenne sur la scène internationale et les pouvoirs de celle-ci en matière de défense.
Face à la pression exercée sur les valeurs démocratiques et à la montée des partis extrémistes dans le bloc, M. Michel a déclaré estimer qu’il était de sa responsabilité, en tant qu’homme politique libéral, « d’être actif, de s’engager et de défendre » ces valeurs.
Alors s’il venait à être élu, il devrait quitter son poste de président du Conseil avant de prêter serment en tant que membre du Parlement européen le 16 juillet, alors que son mandat en tant que président du conseil devait initialement s’achever le 30 novembre. Interrogé dimanche par les journalistes sur ses ambitions politiques, M. Michel n’a pas précisé s’il était intéressé par un autre poste de haut niveau au sein de l’Union européenne.
Cependant, certains observateurs estiment qu’il n’est pas improbable qu’il ambitionne la présidence du Parlement européen. Un pari risqué, car les libéraux pourraient ne pas être en mesure de prétendre à un rôle de premier plan au sein de l’hémicycle.
De même, Charles Michel n’a pas précisé s’il souhaitait être le candidat tête de liste des libéraux européens, le troisième plus grand groupe politique de l’Union européenne.
Par ailleurs, il a déclaré qu’il avait « informé tous les dirigeants de l’UE de sa décision et que la plupart d’entre eux avaient réagi positivement ». Les réactions publiques ont toutefois été rares jusqu’à présent.
Quand faudra-il alors choisir un nouveau président du conseil européen ?
Après les élections européennes, les dirigeants de l’UE doivent se réunir le 17 juin, puis les 27 et 28 juin à l’occasion d’un sommet ordinaire, et à ce moment-là, il faudra décider quand son successeur prendra ses fonctions. Cette procédure devrait normalement durer des mois, mais les dirigeants européens disposeront désormais de beaucoup moins de temps.
En théorie, les dirigeants de l’UE pourraient également désigner un « président intérimaire » jusqu’à ce que le successeur officiel de Charles Michel soit choisi. Le poste de président du Conseil européen faisait habituellement l’objet d’un marchandage pour les top jobs au sein de l’UE entre les principaux groupes politiques du Parlement européen.
Après les élections européennes de 2019, le plus grand groupe du Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE), a pu nommer la présidente de la Commission européenne, la démocrate-chrétienne allemande Ursula von der Leyen (CDU, PPE), laissant le choix du président du Conseil — traditionnellement désigné parmi les anciens dirigeants nationaux — à des États membres plus petits.
Et c’est le Belge Charles Michel, du MR, parti membre du groupe libéral Renew — troisième plus grand parti au Parlement européen — qui a finalement été choisi pour assurer cette fonction.
Cependant, selon les dernières projections d’Europe Elects, le groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) pourrait remplacer Renew en tant que troisième force du Parlement européen, ce qui lui permettrait de jouer un rôle dans les négociations pour désigner le président du Conseil, et d’évincer les libéraux du président français Emmanuel Macron des décisions clés.
Par ailleurs, l’annonce de M. Michel devrait accroître la pression sur la présidente de la Commission européenne pour qu’elle se porte officiellement candidate à un second mandat.
Quelles réactions a suscité cette décision ?
Selon un responsable politique européen, il n’y aurait pas « d’obstacle juridique ou autre à ce que le président du Conseil européen se présente aux prochaines élections du Parlement européen ».
L’annonce de M. Michel a suscité de vives critiques, même au niveau de sa propre famille politique, l’eurodéputée néerlandaise Sophie in‘t Veld (Renew Europe) l’accusant d’abandonner le navire.
L’annonce de M. Michel pourrait aussi jouer en faveur de sa rivale politique, Ursula von der Leyen, si celle-ci devait faire campagne. Bien qu’elle n’ait à ce jour pas officiellement annoncé qu’elle briguerait un second mandat à la tête de la Commission, elle pourrait affirmer qu’elle restera à son poste jusqu’au bout et qu’elle n’abandonnera pas le navire, contrairement à Charles Michel. La rivalité de longue date entre Charles Michel et Ursula von der Leyen, qui s’est illustrée à de nombreuses reprises, pourrait donc continuer durant la prochaine campagne électorale et sous la prochaine législature.