Eurominute d'Euan Walker

Les débats sur l'appartenance de l'énergie nucléaire au "Net Zero Industry Act" - Les menaces que l'IA fait peser sur la démocratie

Les débats sur l'appartenance de l'énergie nucléaire au "Net Zero Industry Act" - Les menaces que l'IA fait peser sur la démocratie

Cette semaine, Euan Walker et Laurence Aubron discutent des débats concernant l'appartenance de l'énergie nucléaire au "Net Zero Industry Act" et des menaces que l'IA fait peser sur la démocratie.

Pour en revenir à l'actualité européenne de la semaine, les débats sur les modes de production d'énergie à privilégier ont fait grand bruit en Europe...

En effet : le 28 mars dernier s'est tenu le Conseil européen de l'énergie, réunissant les ministres de chaque État membre, et opposant deux groupes de pays. D'un côté, l'"alliance nucléaire", menée par la France et suivie par 10 autres États membres. Face à eux, les neuf "amis des renouvelables" avec notamment l’Allemagne, l’Espagne et l’Autriche.

Quels sont les enjeux pour ces deux camps ?

Les deux camps tentent de s'assurer que leurs méthodes préférées de production d'énergie soient favorisées par le "Net Zero Industry Act" qui a été proposé par la Commission européenne le 16 mars. La question la plus controversée est celle de l'attribution du titre de "stratégique" aux technologies de production d'énergie basées sur le nucléaire. Si le nucléaire est considéré comme "stratégique" dans le projet de loi du "Net Zero Industry Act", il bénéficiera d'un certain nombre d'avantages clé, à savoir “d'un soutien particulier et [d’une soumission] au critère de référence de production nationale de 40 %". Le camp du nucléaire affirme que l'énergie nucléaire est cruciale pour une décarbonation rapide. Leurs opposants s'indignent à l'idée que l'argent des contribuables, par le biais du budget de l'UE, puisse servir à soutenir des projets nucléaires. À l’heure actuelle, nous ne disposons pas des résultats de cette journée de débats qui s'annonçait houleuse. Ce qui est sûr en revanche, c'est que cette tension concernant le projet de loi du "Net Zero Industry Act" n'est pas prête de s'apaiser.

Côté géopolitique et état de droit, un certain nombre de pays européens ont fait part de leurs préoccupations concernant l'intelligence artificielle...

Oui, le 29 mars, dans une lettre ouverte de 8 pays d'Europe de l'Est, notamment la Pologne et l'Ukraine, le gouvernement moldave a appelé les PDG des entreprises de la Big Tech à se pencher d'urgence sur les risques démocratiques que présentent les réseaux sociaux. Pour rappel, la présidente de la Moldavie a déclaré le 13 février que les services de renseignement moldaves avaient découvert des complots d’ingérence menés par le Kremlin pour déstabiliser le gouvernement. La lettre souligne en particulier la menace de la désinformation en ligne, rendue encore plus préoccupante par la technologie de l'IA, plus particulièrement les deepfakes.

Cette lettre ouverte aura-t-elle des conséquences ?

L'efficacité de cette lettre ouverte reste à démontrer, mais les inquiétudes concernant la technologie, et notamment l'impact de l'IA sur la démocratie, ont incontestablement gagné du terrain ces derniers temps. Le 22 mars, le Future of Life Institute a lui aussi publié sa propre lettre ouverte appelant à un moratoire de six mois sur le développement de technologies d'IA plus puissantes que le logiciel Chat-GPT 4 récemment sorti, par crainte d'une perte de contrôle. La lettre est même allée jusqu'à l’obtention de la co-signature d'industriels influents comme Elon Musk de Tesla et Steve Wozniak d'Apple. Les pays d'Europe de l'Est, intimement conscients de la menace que représente l'évolution rapide des technologies instrumentalisées par leur ancienne tutelle soviétique, sont le fer de lance de la position de l'Europe sur la question de l'IA et de ses risques pour la démocratie - il reste à voir si ses développeurs majoritairement américains seront à la tête de ces appels ou si nous nous retrouvons une fois de plus confrontés sans préparation aux risques démocratiques du développement technologique, comme nous l'avons déjà vécu avec la première vague de plateformes des réseaux sociaux.

Merci à la semaine prochaine !

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Entretien réalisé par Laurence Aubron.


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English version : 

The debates on power should be included in the Net Zero Industry Act - The threats to democracy posed by AI


This week, Euan Walker and Emilie Finck discuss the debates over whether nuclear power should be included in the Net Zero Industry Act and the threats to democracy posed by AI.

Returning to Europe's news of the week, the debates on which energy production methods to favour have caused a stir in Europe…

Indeed : on 28 March, the European Energy Council was held, bringing together the ministers of each Member State, and opposing two groups of countries. On the one hand, the so-called "nuclear alliance", led by France and followed by 10 other Member States. On the other side are the nine "friends of renewables", including Germany, Spain and Austria.

What is at stake for these two camps?

Both camps are trying to ensure that their preferred methods of energy production are favoured by the "Net Zero Industry Act" which was proposed by the European Commission on the 16th March. The most contentious issue is whether nuclear-based power generation technologies should receive the title of "strategic". If nuclear power is deemed "strategic" in the Net Zero Industry Act bill, it will receive a number of key benefits, namely "special support and [will be subject to ] a 40% domestic production benchmark". The nuclear camp argues that nuclear power is crucial for rapid decarbonisation. Conversely, their opponents resent the idea that taxpayers' money, through the EU budget, could be used to support nuclear projects. At present, we do not have the results of what was expected to be a heated day of debate. What is certain, however, is that the tension surrounding the Net Zero Industry Act is not anywhere near subsiding.

Concerning geopolitics and the rule of law, a number of European countries have expressed their concerns about artificial intelligence...

Yes, on the 29th March, in an open letter from 8 Eastern European countries, including Poland and Ukraine, the Moldovan government called on the CEOs of Big Tech companies to urgently address the democratic risks associated with social media platforms. As a reminder, Moldova's president revealed on the 13th of February that Moldovan intelligence services had uncovered interference plots by the Kremlin to destabilise the government. The letter highlights in particular the threat of online disinformation, made even more worrying by AI technology, especially “deepfakes”.

Will this open letter have any consequences?

The effectiveness of this open letter remains to be seen, but concerns about technology, and in particular the impact of AI on democracy, have undoubtedly gained ground in the past few weeks. On the 22nd March, the Future of Life Institute also published its own open letter calling for a six-month moratorium on the development of AI technologies more powerful than the recently released Chat-GPT 4 software, for fear of loss of control. The letter even went so far as to obtain the co-signature of influential industry figures such as Tesla's Elon Musk and Apple's Steve Wozniak. Eastern European countries, acutely aware of the threat posed by the rapid evolution of technologies instrumentalised by their former Soviet superior, are spearheading Europe's position on the issue of AI and its risks to democracy - it remains to be seen whether its predominantly American developers will heed these warnings or whether we will once again find ourselves unprepared for the democratic risks of technological development, something we’ve already experienced with the first wave of social media platforms.

Thanks, see you next week!

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Interview by Emilie Fink.