Artiste européen·ne de la semaine

Chibi ichigo (BRUXELLES) - Artiste européen.ne de la semaine

Chibi ichigo (BRUXELLES) - Artiste européen.ne de la semaine

Cette semaine, nous nous intéressons à Chibi Ichigo

  

Chapitre 1. Du Tatarstan à Bruxelles

Sabina Nurijeva, plus connue sous son pseudonyme Chibi Ichigo, vient du Tatarstan, une république de la fédération de Russie, au sud-ouest du pays. Sa mère est russe, son père est Japonais, mais elle habite depuis ses trois ans en Belgique et grandit à Hasselt. A sa vingtaine elle s'installe à Bruxelles, pour se consacrer entièrement à sa passion pour la musique. Elle choisi de s'appeler sur scène Chibi Ichigo, qui signifie en japonais « petite fraise ». Et c’est en 2018 qu' elle présente son premier titre, Russian Snow.

  

  

Elle publie son premier EP en 2019 – Legenda - un deuxième en 2020 – Bloei - un autre en collaboration avec le beatmakeur Um! la même année – Chibumiverse - et puis son premier album en 2022 – Sabina. Aujourd'hui Chibi Ichigo est considérée comme l'un des talents féminins émergents du hip hop en Belgique. Elle a travaillé avec certains des plus grands noms du rap belge comme Zwangere Guy, Stikstof et Ness. Mais c'est lors de sa participation à l'émission de télé De Slimste Mens ter Wereld en 2020 que sa notoriété explose, alors qu'elle a 22 ans. C'est une émission populaire flamande dans laquelle des candidats s'affrontent à travers un quiz pour le titre de « la personne la plus intelligente du monde ». Elle avait affronté son petit ami Umi Defort, une autre figure musicale belge, et avait fait sensation avec son caractère jovial et ses anecdotes qui avaient fait rire beaucoup de monde. Mais si elle a émergé dans le milieu du hip hop, elle s'est ensuite orientée vers l'univers de la techno.

  

Chapitre 2. De la musique à l'image, une artiste futuriste

Chibi Ichigo accompagne sa musique d'un univers visuel assez singulier et sombre, avec des images et des clips dans un style futuriste et post-apocaliptique. Le morceau Club Russia par exemple est illustré par une image de pochette représentant Chibi Ichigo en trois avatars, comme un personnage de jeu vidéo de science fiction.

  

   

La pochette de l'EP Bloei est la peinture d'une femme qui verse des larmes de sang. Et le morceau Onschuldig est accompagné d'une image, représentant un vivarium dans lequel elle est une créature monstrueuse qui s'attaque à un être humain - représenté par son compagnon.

   

  

Chibi Ichigo n'a pas fait beaucoup de clips, mais il y en a un qui vaut particulièrement le détour, celui qui accompagne le titre Paranoia. C'estune vidéo un peu dark, dans un style apocalyptique, avec des effets de couleurs et de filtres qui rendent la vidéo hypnotisante. 

  

  

Chapitre 3. D'un langage à un autre

Chibi Ichigo quitte la Russie pour la Belgique très jeune, à ses trois ans, mais elle ne perd pas son lien avec ses origines pour autant. Ainsi son premier EP Legenda, paru en 2019, est entièrement chanté et rappé en russe. C'est un premier EP personnel pour l'artiste, qui parle le russe uniquement avec sa mère. Et puis assez lumineux, si nous comparons aux travaux qui vont suivre, dans un électro hip hop beaucoup plus sombre.

  

   

Son deuxième EP Bloei, sorti en 2020, montre une évolution artistique chez Chibi Ichigo. Premièrement parce qu'elle passe du russe au néerlandais – langue qu'elle utilisera principalement dorénavant dans sa musique. Et puis par une esthétique musicale plus brute et plus électro, qui annonce ses futurs projets techno. Créé pendant le confinement, il nous transporte dans l’ambiance des clubs, tous fermés à l'époque, comme une invitation à ne pas oublier de faire la fête.

  

   

Chapitre 4. La musique, une histoire de couple

Chibi Ichigo est en couple avec Umi Deefort, un autre musicien qui se présente sous le pseudonyme Um!. C'est un célèbre beatmaker et producteur pour des rappeurs belges comme Zwangere Guy, le 77, Pregnant Guy etc. Les deux artistes de Bruxelles se sont rencontrés sur instagram et depuis ont plusieurs fois collaboré ensemble, et ont même présente un EP en duo en 2021 : Chibumiverse. Comme l'indique le titre, c'est une rencontre des univers artistiques des deux musiciens : une électro assez lourde, accompagné de samples éclectiques et de parties de rap en russe ou en néerlandais.

  

  

Chibi Rit, le morceau qui ouvre l'EP. S'en suit trois titres de techno sombre, allant parfois puiser dans les breakbeats ou la Drum'n'Bass. Pour le 5e morceau, Loop Voorbij, le jeune couple de musiciens invite une autre figure de la scène rap bruxelloise, NESS. Le morceau s'ouvre sur un sample d'un titre des années 60 de Schlager Ronny - un artiste allemand de schlager et de volksmusik - puis s’enchaîne sur un rap énervé accompagné d'une instru techno dynamique.

  

   

Enfin, pour terminer l'EP, Um! et Chibi Ichigo concluent avec un morceau qui contraste avec le reste, quelque chose de plus aérien et de plus calme, assez planant, et un peu moins sombre aussi, allant même jusqu'à proposer un peu de mélodie chantée :

  

   

L'EP Chibumiverse est le résultat d'une belle complicité musicale entre Um! Et Chibi Ichigo, et n'est pas terminée ! Cette collaboration est revenue en 2022, pour l'album de Chibi Ichigo, Sabina, même s'il est plus en retrait pour ce projet.

  

Chapitre 5. Sabina, un premier album qui défoule

Au début, Chibi Ichigo puisait ses inspirations surtout dans le hip hop. Mais elle a diversifié ses inspirations, notamment dans l'électro et la techno. Nous l'avons vu dans les précédents chapitres, son esthétique, à la fois musicale et visuelle, nous transporte dans son univers futuriste, sombre, et apocalyptique. Cet album ne fait pas exception, notamment avec les titres Prachting, Sabinception et Paranoia. Ce dernier surtout, qui mêle les sentiments du désespoir, de la colère et de l’angoisse quant à l'avenir du monde, de ce qu'il reste aux futures générations : « fautez maintenant, payez plus tard ».

   

   

Après un début d'album assez sombre et très techno, elle s'oriente vers la technorock avec le morceau GRACHT, sur lequel elle invite un solo de guitare électrique de Jan Paternoster, guitariste dans le groupe de rock belge Black Box Revelation.

  

   

Et puis l'album s'ouvre un peu, il sort de son atmosphère sombre avec les morceaux Stop waar je staat! et Waar kom je vandaan, ce dernier sonnant presque pop à certains passages.

   

   

L'album se termine avec le titre MEER, qui nous ramène dans son atmosphère techno sombre sur laquelle elle ajoute une sorte de spoken word néerlandaise. Le morceau se termine en instrumental, presque bruitiste par moments, donnant une conclusion apocalyptique à l'album.

   

    

Une émission proposée par Mari le Diraison.